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l'ignorant est-il libre ?

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« Problématique envoyée par l'élève: En quoi l'ignorant peut-il apparaître comme un individu libre ? Par ailleurs, de quoi est-il libre ou libéré ? Cette liberté n'est-elle pas illusoire ? L'ignorant est peut-être libre des préjugés, des opinions, des croyances.

De ce point de vue, il faut distinguer l'ignorance de la bêtise.

Il faut surtout établir les vertus d'une certaine forme d'ignorance qui serait celle par exemple de Socrate avec sa fameuse formule " je sais que je ne sais rien ".

L'ignorance socratique est un moyen de parvenir, par le dialogue, à établir la vérité.

Là où d'autres pensent tout savoir et sont pleins de connaissances, Socrate apparaît comme celui qui dénonce les faux savoirs.

Mais en dehors de cette forme spécifique d'ignorance, il y en a une autre qui pose effectivement problème à l'égard de la liberté.

En effet, l'ignorance est aussi le terreau sur lequel prend racine l'obscurantisme, le fanatisme, la tyrannie également.

A ce titre, pensez au mouvement intellectuel des Lumières qui veut lutter contre l'ignorance par l'éducation. Socrate prétendait que la seule chose qu'il savait était qu'il ne savait rien.

Il revendiquait donc une ignorance par opposition à tous ceux qui étaient persuadés savoir.

Il représente un modèle de liberté par rapport aux contraintes de la connaissance.

Cette liberté n'est-elle que relative, ou est-elle d'autant plus grande que l'homme est ignorant ? En quel sens la connaissance peut-elle être libération ou aliénation ? Peut-elle être les deux ? Celui qui ignore, donc qui est dépourvu de connaissance (il faut distinguer l'ignorance et la bêtise : la bêtise est le fait de croire que l'on sait et donc de ne pas chercher à savoir, alors que l'ignorance est la seule absence de connaissance), peut-il être libre ? Mais cette ignorance est-elle volontaire ? ou involontaire ? La réponse différera sûrement selon ces deux attitudes.

L'ignorant est-il esclave de son ignorance, de ses passions, de ses désirs, de ses déterminismes, de ses aliénations (une analyse de la pensée de Spinoza pourrait être à ce sujet intéressante.

Voir la Lettre à Schuller ou le Traité politique, chap.2, §11) ? Que signifie concrètement le fait d'ignorer nos droits ? la loi ? Au contraire, le fait d'ignorer, de ne pas savoir, peut-il être une forme de liberté ? En quel sens donc l'ignorance peut-elle être une liberté ? Il conviendrait de questionner les concepts d'autonomie et d'hétéronomie dans le cadre de l'ignorance ou de la connaissance : l'ignorant peut-il être autonome, c'est-à-dire peut-il déterminer lui-même les règles auxquelles il se soumet, peut-il se soumettre à la législation de la raison selon la définition kantienne de l'autonomie ? Référence utile : Les Méditations métaphysiques de Descartes (en particulier IV). L'ignorant n'est pas libre.

Que pensez-vous de cette formule ? On peut apercevoir tout de suite la problématique : La vérité est-elle libératrice ? L'ignorance est-elle la source de l'aliénation et de la dépendance ? (Dépendance à l'égard de la nature/des choses et dépendance à l'égard des autres hommes.) Doit-on mettre l'ignorance sur le même plan que l'erreur ? Le savoir nous rend-il libre s'il nous retient d'agir ? (S'il rend les choix plus complexes ou plus difficiles).

En donnant le pouvoir, le savoir donne-t-il la liberté ? etc.

Autrement dit, on peut se passer d'une analyse «littérale» de la formule si l'on en mesure d'emblée la portée philosophique, et construire le devoir exactement comme s'il s'agissait d'un sujet-question.

Si vous connaissez bien l'allégorie de la Caverne (Platon, République, VII) ou si vous avez bien lu Spinoza (ou Hegel), vous gagnerez du temps et passerez tout de suite au «Qu'en pensez-vous ?» (question sous-jacente à tout sujetquestion). Mais les choses se présentent différemment lorsque la question ou la directive d'accompagnement est: «En quel sens peut-on dire que: "..."?» ou « Comment comprenez-vous la formule ; "..."?» ou encore – et surtout – «Justifier cette affirmation : "..."».

De tels sujets ne vous empêchent nullement de problématiser la citation ou l'énoncé en jeu.

Même quand on vous demande de justifier une proposition philosophique, il ne s'agit pas de faire l'éloge de son auteur: certes, il s'agit de la comprendre, mais aussi, éventuellement, d'en marquer les limites, de voir si, justifiée d'un certain point de vue ou dans un certain contexte, elle ne devient justement pas problématique d'un autre point de vue, dans un autre contexte. Cependant la dissertation devra comprendre une partie-analyse (ou une partie-explication): la formule proposée est alors l'équivalent d'un court texte à commenter.

De même qu'on ne peut mener une réflexion critique judicieuse sur un sujet-texte que si l'on a bien compris le sens du texte, de même une réflexion personnelle (originale) sur une citation, formule, adage, etc., ne sera pertinente que si le «vouloir-dire» du «dit» en question a été préalablement élucidé.

Première partie d'analyse ou d'explication qui s'impose tout particulièrement dans le cas où la citation proposée est d'un auteur dont vous ne connaissez pas l'oeuvre ou les axes de pensée majeurs.

Si, malgré ce que nous avons dit plus haut, vous avez opté pour le traitement d'une citation d'auteur que vous ne connaissez pas (ou mal), vous devez d'abord proposer une interprétation, un sens qui soit plausible.

Autrement dit, vous devez d'abord montrer que cette interprétation est autorisée par les termes mêmes de l'énoncé. Analyse et problème : • L'ignorance est le fait de ne pas connaître quelque chose : soit de ne pas en connaître l'existence, soit d'en connaître l'existence sans en avoir la compréhension.

A l'ignorance, on peut opposer la connaissance ou le savoir. Cependant, l'ignorance n'est jamais éradiquée : il nous est impossible de tout connaître. • La liberté est l'état de celui qui n'est pas soumis à des contraintes, externes ou internes.

Selon le type de contraintes envisagées, on peut entendre la liberté en plusieurs sens : - la liberté comme absence de toute causalité, s'opposant au déterminisme - la liberté physique - la liberté morale : une absence de contraintes internes (notamment les passions). »

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