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L'idée d'Inconscient remet-elle en question la liberté de pensée ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « Liberté » : le plus généralement, elle consiste dans le fait de pouvoir se mouvoir sans contraintes, de juger et agir en pleine conscience.

C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure.

Ici, elle se rapporte à la pensée, et il s'agit donc du pouvoir d'exprimer sa pensée sous forme parlée ou écrite.

On parle généralement de liberté de penser et donc d'expression lorsque l'on se rapporte à des médias de masse ou à la presse. - « Penser » : la pensée désigne l'activité psychique dans son ensemble ; c'est l'activité intellectuelle ou rationnelle de l'esprit humain, c'est ce qui se passe en lui au niveau spirituel. - « L'inconscient » : terme qui a pris un sens très particulier avec Freud, mais qui désigne généralement ce qui est caché à la conscience, ce qui est nonconscient, que nous ne pouvons pas connaître immédiatement.

Ou plus précisément, l'inconscient est ce qui qualifie ce que je possède d'ancré en moi et dont je n'ai pas conscience, comme les exigences morales inculquées par l'éducation, ou les pulsions. Construction de la problématique : Le sujet introduit la notion d'inconscient et cherche à voir si celle-ci remet en question, c'est-à-dire implique que l'on examine à nouveau les conditions de la pensée.

Cette dernière pourrait en effet être influencée sans le savoir par l'inconscient, ce qui remettrait en cause l'idée selon laquelle elle se forme à partir de la raison et que son élaboration est entièrement maîtrisée. è Se pose donc la question de savoir si l'inconscient peut manipuler plus ou moins insidieusement ou interdire un certain exercice de la pensée. Reste à savoir quelles sont les limites de son influence et comment il s'y prend. Plan : I/ La conscience subjective n'est pas toute puissante : ● Si nous prenons le terme incons cient dans son sens le plus général de "ce qui échappe à la consc ienc e", alors nous pouvons dire qu'en effet, notre conscience ne maîtrise pas tout ce qui nous entoure, y compris nous-mêmes et notre pensée.

Soutenir la suprématie de la conscience serait donc non seulement illusoire, mais aussi vain. ● C'est ce qu'explique Spinoza dans L'Ethique, I, où il soutient et démontre que des phénomènes matériels ou phys iques peuvent agir sans que nous nous en apercevions, sur la conscience subjective.

C'est cela qui pousse les hommes à se croire totalement libres alors qu'ils ne le sont pas.

En effet, parce qu'ils ont conscience de ce qu'ils veulent ou désirent, les hommes se pensent libres, alors qu'ils ignorent ce qui les détermine, ce qui les pousse à vouloir ce qu'ils veulent, à faire ce qu'ils font, ou à penser ce qu'ils pensent. ● Poss ible de prendre l'exemple anachronique de la public ité ou du journalis me : Je me c rois libre de penser telle chose sur tel sujet ou tel mouvement de mode, et je suis persuadé être à l'origine de mon propre jugement.

Mais en réalité je ne sais pas pourquoi je pense telle chose, pourquoi j'ai telle idée : notre opinion nous a été dicté par une image publicitaire ou journalistique ou autre que nous avons vu auparavant, image dont je n'ai plus conscience, ou dont je n'ai jamais eu conscience.

à Je me crois libre de penser ceci ou cela parce que je crois en être convaincu, mais en réalité, il suffit de chercher à justifier ses choix et ses pensées pour s'apercevoir que nous ne disposons pas d'arguments vraiment valables.

C 'est parce que je ne suis pas conscient de l'origine de cette pensée, et que je n'ai pas choisit de la penser. ● Tout ce qui se passe dans notre esprit ne peut pas se réduire à la c ons cienc e.

C omme nous ne maîtrisons pas tout, il va de soi que certains d e nos actes ou pensées sont déterminés par des choses que nous ne maîtrisons pas, ce sont les choses inconscientes.

Ma liberté de pensée peut donc être remise en cause par ces choses que ma conscience ne perçoit pas directement. II/ L'inconscient peut nous pousser à penser certaines choses : Souvent, nous pensons à certaines choses, ou à certaines images, et nous croyons désirer tel objet précis, à moins que nous ne disions une chose pour une autre, alors qu'en réalité, ce qui se présente à notre esprit n'est que le masque de ce que nous pensons vraiment.

A insi, certaines pensées que nous croyons sincères sont en réalité des leurres de l'inconscient qui les transforme pour nous les rendre plus acceptables. ● C'est ce qu'explique Freud dans Contribution à la psychologie de la vie amoureus e, ou Cinq psychanalys e, où il montre que certaines pensées sont « dictées » par l'inconscient, mais qu'elles sont en même temps masquées pour ne pas apparaître telle qu'elles sont à la conscience qui les jugerait impudentes.

Il en va ainsi par exemple pour le « complexe d'Œdipe » ; le petit garçon est persuadé de penser qu'il veut épouser sa mère, et cherche à se l'approprier. ● Ainsi, l'enfant aurait une foule de p e n s é e et de sent iments, que c e soit à propos de ses parents ou de toute autre chose, mais ces pensées seraient en réalité des manière pour l'inconscient d'exprimer un désir refoulé.

Autrement dit, il ne maîtrise pas pleinement ses pensées, mais semble au contraire être soumis à une force invisible qui les lui dicte.

L'hypothèse de l'inconscient fait des rêves ou des pensées apparemment « correctes » l'expression déguisée de pulsions refoulées, qui trouvent un mode substitutif de satisfaction sous forme de symptômes (qui peuvent être justement les pensées elles-mêmes).

Pour Freud, de nombreuses idées ont une signification symbolique qui n'est pas connue de la conscience, si bien que certaines pensées échappent à la maîtrise de cette dernière. En tant que tel, l'inconscient peut donc remettre en question notre liberté de pensée.

Il nous pousse à voir ou considérer les choses de telle manière sans que nous sachions pourquoi, et sans que nous puissions en décider autrement. III/ L'inconscient n'est qu'une mauvaise excuse pour la mauvaise foi : Mais en admettant l'hypothèse de l'inconscient, on admet donc du même coup que si j'ai telle idée ou telle pensée, c'est parce que je ne suis pas libre de faire autrement, que mes pensées son déterminées, et que je ne suis pas responsable de toutes.

A insi, si on réfute l'existence de l'inconscient, ce dernier ne semble être qu'un prétexte. ● C'est ce qu'explique Sartre dans L'être et le néant.

Pour lui, l'incons cient n'exis te pas, ce n'est qu'une exc us e pour justifier c ert ains de nos actes et certains de nos préjugés que nous pouvons trouver confortables et pratiques.

Il n'est pas logique d'affirmer que la conscience laisse passer le licite, et pas l'illicite.

Pour qu'elle puisse appliquer sa censure, il faut que l'esprit se représente ce contre quoi il va l'exercer.

Il doit donc tout examiner, même l'illicite.

Pour refouler, il faut donc avant tout examiner, et donc avoir conscience de ce que l'on examine.

Ceci sans compter que si le malade a censuré quelque chose, c'est qu'il connaît cette chose.

On ne cache pas ce qui est indifférent ou que l'on ne connaît pas.

Le malade a conscience de ce qu'il refoule, et a conscience du refoulement lui-même, tout en niant ce refoulement et ce qu'il refoule. ● L'inconsc ient ne peut donc pas nous déterminer puis qu'il n'exis te pas, et si nous croyons penser quelque chos e, c'est en réalité par mauvais e foi.

à La censure participe de la mauvaise foi.

Ainsi, je peux être persuadé de ne rien valoir, d'être un cancre, parce que mon père est voleur et ma mère alcoolique, simplement parce que cela me fournit une excuse pour ne pas chercher à être meilleur.

C eci sans compter que si l'inconscient étant insaisissable, je peux mettre sous sa responsabilité chaque pensée qui s'avèrera être mauvaise, inappropriée, et rejeter ainsi la responsabilité de mes propres opinions.. »

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