Aide en Philo

L'idée de l'inconscient reduit-elle à néant toutes les idées de liberté ?

Extrait du document

Problème : L’analyse thématique des deux notions principales que convoque l’énoncé permet, en fonction de la manière dont nous avons déterminé la signification à donner au termes d’ « idée », d’en réduire le probème à une question de quantification et d’identification : quelle idée de l’inconscient (c’est-à-dire quel concept de l’inconscient) réduit quelle idée de liberté (c’est-à-dire quelle théorie de la liberté) à néant ? Puisque l’énoncé emploie le quantification universel « tout », répondre négativement à la question suppose uniquement de trouver le cas d’une seule théorie de la liberté qui ne soit pas invalidée par le concept d’inconscient – ceci tient simplement au fonctionnement logique des quantification : en effet, s’il existe, ne serait-ce qu’une seule occurrence de théorie de la liberté non anéantisée par le concept d’inconscient, il va de soi que toutes les  théories de la liberté ne sont effectivement pas réduites à néant – il y en a au moins une qui est possible. (Afin de simplifier notre développement, nous ne poserons pas la question de savoir quel type de conceptualisation de l’inconscient y est impliquée, mais nous accepterons cette dernière comme suffisamment définie comme suit : l’inconscient est un complexe structurel régit par des principes et déterminé par des règles, ou lois, sur un mode causaliste).

« Incipit : A vec la découverte de l'inconscient, ou plutôt son invention comme notion, objet d'un savoir particulier à ambition scientifique, Freud dit infliger à l'homme sa troisième blessure narcissique.

A insi en va-t-il, selon lui, de l'histoire des idées et des progrès de la science.

D'abord l'homme s'est vu subtiliser le privilège géocentrique d'être au centre de la création et d'en être le sens (Galilée), ensuite il s'est vu attester une filiation avec le règne animal (Darwin), enfin la possibilité même de postuler le libre-arbitre de son esprit a été anéanti par la conceptualisation psychanalytique de ses déterminismes inconscients.

M ais qu'est-ce qui réduit quoi à néant, et dans quelles mesures ? Thèmes : L'intitulé de l'énoncé s'articule en deux thèmes majeurs : l'inconscient et la liberté.

L'analyse de ces deux notions doit permettre de clarifier et de simplifier la formulation du problème de l'énoncé.

(i) L'inconscient : afin de structurer notre réflexion, nous restreignons la compréhension du terme vague d'idée, dans le cas où il qualifie l'inconscient, à son acception en tant que concept.

Nous parlerons dès lors de l'inconscient comme concept (et non pas d' « idée de l'inconscient »).

Dire de l'inconscient qu'il est concept signifie d'emblée deux choses, certes intimement corrélées : premièrement, l'inconscient est une notion qu'un savoir a pour objet de sa réflexion (comme tel, il participe du développement de ladite science) : il est donc relatif, historiquement déterminé et théoriquement contextualisé ; deuxièmement, l'inconscient, en tant que concept (objet de savoir) participe d'une structure théorique qui l'englobe et le détermine (précisément en tant que concept).

C ela peut paraître trivial, mais n'est en aucun cas idéologiquement neutre.

C ar, si l'inconscient est partie d'une structure qui l'englobe et le détermine, alors lui-même, comme objet théorique, peut se trouver structuré par la structure théorique.

Et il en va justement ainsi dans le cadre du fondement freudien de la psychanalyse, où justement en tant que méthode analytique, cette dernière science procède à la décomposition de l'inconscient en fonction des différentes structures qui le constituent.

En bref, pas d'inconscient sans théorie de l'inconscient.

C 'est en ce sens que doit certainement être entendu le terme vague d' « idée » employé dans l'énoncé.

(ii) La liberté : à nouveau intervient dans l'énoncé le même terme vague d' « idée ».

Dans le cadre notionnel de la liberté, ce dernier doit certainement être référé à ses différentes théorisations possibles.

Les théories de la liberté sont en effet nombreuses, et souvent incommensurables (même si parfois elles se répondent, peu de choses généralement les rapprochent, et si le terme même de liberté ne leur était commun, ou pourrait aller jusqu'à douter que leur objet de réflexion soit effectivement identique).

M ais à titre liminaire, la définition la plus large de la liberté peut consister à simplement l'opposer au déterminisme (inconscient, au déterminisme qui s'ignore être déterminé).

En outre, l'existence de la liberté concerne deux domaines caractéristiques de la réalité humaine : l'esprit et l'action – domaines dont la caractéristique humaine tient dans leur mise en relation par un opérateur appelé volonté.

La liberté se marque dans l'acte pratique manifestant l'esprit par le moyen de la volonté.

Ou encore, la liberté est l'expression de l'esprit dans la pratique (acte) par le moyen de la volonté. Problème : L'analyse thématique des deux notions principales que convoque l'énoncé permet, en fonction de la manière dont nous avons déterminé la signification à donner au termes d' « idée », d'en réduire le probème à une question de quantification et d'identification : quelle idée de l'inconscient (c'està-dire quel concept de l'inconscient) réduit quelle idée de liberté (c'est-à-dire quelle théorie de la liberté) à néant ? P uisque l'énoncé emploie le quantification universel « tout », répondre négativement à la question suppose uniquement de trouver le cas d'une seule théorie de la liberté qui ne soit pas invalidée par le concept d'inconscient – ceci tient simplement au fonctionnement logique des quantification : en effet, s'il existe, ne serait-ce qu'une seule occurrence de théorie de la liberté non anéantisée par le concept d'inconscient, il va de soi que toutes les théories de la liberté ne sont effectivement pas réduites à néant – il y en a au moins une qui est possible.

(A fin de simplifier notre développement, nous ne poserons pas la question de savoir quel type de conceptualisation de l'inconscient y est impliquée, mais nous accepterons cette dernière comme suffisamment définie comme suit : l'inconscient est un complexe structurel régit par des principes et déterminé par des règles, ou lois, sur un mode causaliste). * I.

Inconscient et liberté idéale En termes de liberté, la conception kantienne de l'acte morale constitue son achèvement le plus absolu.

L'ontologie kantienne est caractérisée par deux règnes aux lois strictement et définitivement distinctes : il y a d'un côté l'ordre naturel déterministe régit par le principe de causalité, et de l'autre le règne moral des fins dans lequel doit pouvoir se réaliser la liberté.

La liberté est une propriété du sujet, et qui plus est du sujet moral.

Le problème consiste ici dans le fait que l'acte moral d'un sujet moral ne peut par principe jamais être vérifié empiriquement dans le monde factuel : la liberté kantienne est préciséement une Idée de la raison, un principe directeur de l'agir moral mais non constitutif de la réalité pratique.

Jamais le sujet moral ne peut être garanti (sur le mode de l'introspection, par exemple) de la liberté d e s o n a c t e ; toujours il peut avoir agi (inconsciemment) sous l'emprise de déterminations extérieures à sa propre conscience.

C eci montre qu'une conception absolument indéterministe, voire anti-déterministe, de la liberté, si absolue soit-elle, ne saurait être inquiétée par l'existence conceptuelle de la notion d'inconscient.

P ourvu que la liberté subsiste à titre d'idéal régulateur de la raison morale pratique.

Le déterminisme de l'inconscient ne saurait être un obstacle à une conception absolutiste de la liberté.

T outes les théories de la liberté ne sont donc pas anéanties par « l'idée d'inconscient ». II.

Inconscient et consience de la liberté A ux antipodes de la conception kantienne de la liberté humaine se situent des doctrines concevant la liberté non plus uniquement sous sa dimension morale et pratique (acte de la volonté), mais d'abord sur le plan épistémique, c'est-à-dire en terme de connaissance.

A insi, pour les épicuriens (Lucrèce, De la nature), la liberté consiste dans la connaissance véritable des causes agissant les choses du monde réel matériel.

L'esprit étant atomes, il est comme tel également soumis aux lois de la matière.

Et c'est par la connaissance de ces dernières que s'acquiert la liberté, débarassées donc des superstitions relatives à l'existence d'une liberté de pure indétermination (il en va en quelque sorte de même chez les stoïciens qui, quant à eux, concoivent la liberté comme acte d'adhésion à la nécessité causale de l'ordre du cosmos).

D'une telle conception, Spinoza dans s o n Ethique, certes dans un autre cadre conceptuel, s e fait l'hériter.

Pour ce dernier en effet, la liberté réside également dans le savoir d e s l o i s déterminant causalement l'ordre du réel.

Si l'inconscient est lui-même principe de détermination de l'agir humain, il ne fait que s'ajouter à la somme des déterminations au principe des actes pratiques humains.

La liberté n'est donc pas non plus menacée par l'existence de ce dernier ; elle doit dès lors simplement prendre en compte l'emprise de ses déterminations, autrement dit avoir conscience de l'inconscient. * Conclusion - En aucun cas l'idée d'inconscient réduit à néant toutes les théories de la liberté, c'est-à-dire invalide la possibilité de leur formulation.

Plus encore, aucune d'entre elles (nous en avons traité les cas extrêmes) ne semblerait être menacée.

C eci tient simplement au fait que l'inconscient, comme ordre déterministe de l'esprit, soit convainc ceux pour la liberté consiste en la conscience de la détermination (à ce propos, l'usage de la psychanalyse est même susceptible d'être par eux intégré à titre de savoir théorique validant leurs hypothèses), soit est rejeté comme n'appartenant pas au règne de l'indétermination propre à la véritable liberté. C oncevoir la possibilité d'un anéantissement des idées de la liberté par la notion d'inconscient tient à une lecture hâtive de Descartes faisant du librearbitre de la volonté un principe dépassant en puissance la connaissance humaine, mais opérant sur le même plan de réalité.

Et en effet dans l'œuvre de Descartes, parce que le sujet s'y définit précisément comme l'indéfissable, ce qui ne peut ni être objet de concept ni se réduire au savoir d'une science, l'intervention du concept d'inconscient et de son corollaire, le savoir psychanalytique, impliquerait la négation de la possibilité de la liberté – à une telle objection, le cartésiannisme peut simplement opposer soit l'inexistence de l'inconscient (en faisant appel à son indémontrabilité) soit son inconnaissabilité.

En résumé, l'inconscient menace d'anéantissement toute théorie de la liberté posant cette dernière comme la possibilité pour le sujet de faire ce qu'il veut – par opposition au kantisme (faire ce que l'on doit est la liberté) et aux conceptions déterministes de la liberté (vouloir ce que l'on fait).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles