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L'idée de liberté

Publié le 23/12/2022

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« « L’idée de liberté » Amorce BAUDELAIRE refuse le spleen comme : « un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve.

» Il établit une distinction entre le spleen et l’idéal où l’expérience de la liberté devient possible : cet espace délivré du « ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle. » Il s’adresse à l’idéal : « mon esprit, tu te meus avec agilité, et comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, tu sillonnes gaiement l’imensité profonde avec une indiscible et mâle volupté.

» Progression problématique L’expérience idéale qu’il décrit est cependant l’expérience d’une grande souffrance, d’une soif jamais étanchée — le poète ne jouit pas d’une vie sociale (voir Les tableaux parisiens, où le poète ne se compromet pas avec les « les aveugles ») et ne s’accomplit pas non plus dans une extase (voir Révolte, où il écrit « Ô Satan, prends pitié de ma longue misère »). Le poète en effet souffre-t-il ne se pouvoir s’émanciper d’une vie misérable ? Ou bien souffre-til ne pouvoir jouir auprès des autres ? Avec eux, dans sa vie, de son rêve de liberté ? La liberté tire-t-elle son sens de la pauvreté du monde original dont on cherche à s’échapper ? « L’idée de liberté » 1 La liberté est bien l’objet d’un désir qui recouvre le sens d’un objet immatériel.

Mais en même temps cette thèse fait problème car la liberté n’est pas à proprement parler une idée — la liberté comme idée est différent des mathématiques comme concept pur.

Nous sentons bien que la liberté est en même temps un sentiment — il faut en même temps que je me sente libre. Ce que recherche le poète c’est surtout se sentir libre, c’est-à-dire faire de la liberté sa vie : d’où le problème. Problématique Comment concilier le constat qu’il n’y a de liberté que pour autant qu’il y a désir de transformer la vie pour lui donner une forme idéale sans oublier que cet idéal ne saurait en même temps nous autoriser à épuiser le sens de la liberté — liberté en effet qui commande d’être ressentie, d’être vécue comme telle ? Annonce de plan I.

Si la liberté tire son sens de désir, comment pourrait-elle être chose qu’une idée ? II.

Cette forme idéale que recouvre la liberté est-elle un obstacle ou bien une condition de celle-ci ? III.

Comment une idée peut-elle prendre la forme d’une vie libre ? Pour être, il semble en effet, que la liberté doit être vécue. I.

Si la liberté tire son sens du désir, comment pourrait-elle être chose qu’une idée ? La liberté n’est pas naturellement donnée, et nous ne saurions être libres qu’à la condition de l’avoir voulu : la liberté est donc l’objet du vouloir et du désir, qui consiste à acquiecer à la représentation d’un bien qui selon nous devrait être, mais qui n’est pas. Attention à cette liberté d’action lorsque la liberté n’est pas assurée en tant qu’idée. Il faut s’assurer que ce que je veux, je le veux vraiment. La liberté est donc toujours d’abord une idée que nous voulons vraiment. voir DESCARTES et sa lettre au père Mélan du 9 février 1645 « L’idée de liberté » 2 La liberté est d’abord la liberté du vouloir — la liberté d’indifférence : se déterminer nécessairement (celui qui ne choisit pas dépend du statut quo) à partir d’une situation où autant de motifs et de mobiles nous déterminent. Je ne suis libre que si je le suis absolument — cela passe par le libre-arbitre : c’est la capacité de se déterminer en dépit de tout mobile ou de tout motif. Descartes démontre donc que la liberté est la puissance active d’une idée : c’est ce qu’il appelle la volition, que KANT reconnaîtra plus tard comme l’autonomie de la raison pratique. La liberté, qui ne se trouve jamais d’abord dans le monde mais dans la volonté subjective ne saurait être chose qu’une idée : celle du bien que nous ne vivons pas, mais que nous voulons vivre.

La liberté a la forme idéale du désir que nous voulons substituer à la forme décevante du monde. On peut se demander si se satisfaire de la liberté comme idée est suffisant. Beaudelaire se savait libre de se balader à son gré dans les rues de Paris ; cependant, il ne supporte pas de se compromettre au sein « des aveugles », qui subissent leur existence comme un fardeau.

Il y a ici l’intuition que dans la liberté, il y a bien plus qu’une idée — il faut avoir le sentiment d’être libre même si d’ailleurs ce sentiment existe alors même que l’idée nous échappe. Il suffirait ainsi de se sentir libre même si l’on ne peut penser la liberté, si l’on ne peut la connaître.

C’est la thèse que l’on retrouve dans la philosophie morale de Descartes et Kant. « La liberté est l’une de nos plus communes notions.

» — Principes de philosophie, DESCARTES La notion commune c’est le concept mathématique d’Euclyde pour désigner l’actium, ce qui est indémontrable.

Nous sentons tous individuellement que nous sommes libres, que nous pouvons tous vouloir bien que nous nous savons incapables de le démontrer. Pour KANT, « c’est un postulat de la raison pratique ».

Toute sa philosophie repose sur ce que nous sommes fondamentalement libres.

La liberté est justement un sensus rationis (voir texte « Le respect »).

On peut se sentir libre, sans avoir à définir précisément ce qu’est la liberté. Transition « L’idée de liberté » 3 Ce caractère insuffisant de l’idée de liberté fait-elle de l’idée un obstacle à la liberté ou bien est-elle une condition de possibilité de la liberté ? II.

Cette forme idéale que recouvre la liberté est-elle un obstacle ou bien une condition de celle-ci ? Il y a un dilemne (terme à utiliser sans modération) : D’une part affirmer que la liberté est une idée revient à la réduire à un « savoir » qui correspond au savoir de mes droits.

Je me dis que j’ai bien le droit d’être libre.

Or, c’est bien distinct du sentiment d’être libre qui peut accompagner mes gestes, mes actions, irriguer ma vie.

La liberté ne serait qu’une affaire de tête. D’autre part, contester que la liberté c’est ne plus l’envisager que sous l’aspect de la liberté d’agir — soit l’exercice de ce que nous pouvons faire et non plus vouloir.

La liberté ne se pense pas, elle se fait. « Un homme libre est celui qui pour ces choses que selon sa force et son intelligence il est capable de faire n’est pas empêché de faire ce qu’il a la volonté de faire.

» HOBBES, Le Léviathan, I - 13 Le dilemne nous invite à dénoncer l’insuffisance de l’idée de liberté sans pour autant en faire le deuil.

La forme idéale de la liberté est en même temps une garantie normative indispensable à une vie libre. Ce dilmene, HONNETH l’assume dans Le droit de la liberté, B : « La possibilité de la liberté ».

Il veut démontrer que le droit juridique et le droit moral reposent sur une expression strictement idéale de la liberté. La liberté juridique, comme la liberté morale, est également une forme réflexive de la liberté : je me pose la question de ce que j’ai le droit de faire ou non — de ce qui est possible et non de.... »

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