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l'homme peut-il se définir comme un "animal fabricateur d'outils" ?

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« Introduction : Il n'est pas aisé de définir l'homme.

L'homme est le plus évolué des êtres vivants, il appartient à la famille des hominidés et à l'espèce « homo sapiens ».

Cela constitue une certaine description de l'homme, mais pas sa définition au sens de son essence.

Qu'est ce qui définit l'homme, quelle est l'essence de l'homme ? On dit souvent que c'est sa capacité à raisonner, ainsi, l'homme serait par essence « animal rationnel », mais sa rationalité n'est elle pas au service d'une détermination plus profonde ? Il semble que si l'homme raisonne, c'est pour construire et aménager son monde.

L'homme se définirait donc par l'outil, c'est-à-dire par les objets qu'il fabrique pour mettre les forces de la nature à son service. Mais peut être allons nous trop vite : ce n'est pas par ce que l'outil se définit par l'homme que l'homme se définit par l'outil.

L'essence de l'homme est mystérieuse, le définir comme fabricant ne rend pas compte de certaines de ses déterminations comme par exemple le désir. Problématique : L'espèce humaine se caractérise par le fait qu'elle fabrique des outils, mais cela suffit-il pour définir l'homme par l'outil ? I : Homo faber. 1) L'homme est homme en tant qu'il fabrique des outils.

C'est pourquoi Henri Bergson qualifie l'espèce humaine d' « homo faber », ce qui la distingue des autres hominidés, c'est sa capacité à produire des outils. L'homme, singe nu, se protège et évolue dans son milieu grâce à des outils. L'outil est un intermédiaire entre l'homme et la nature, il est un prolongement du corps anatomique.

A la différence des animaux, les hommes ne sont plus tributaires de leur propre capacité organique.

Leur possibilité d'action sur la nature se trouve ainsi considérablement agrandie.

Sans doute, l'usage d'outils est-il propre à des animaux.

Ainsi, par exemple, les singes peuvent contre leurs ennemis, se servir de pierres ou prendre tout ce qu'ils peuvent trouver qui a une force percutante.

Mais ces outils ne sot pas fabriqués, ils ne sont pas mis en réserve ou préparés.

Ils sont fournis par la Nature et utilisés dans l'urgence du moment. Certains hominidés sont aussi capables de fabriquer des outils, d'emmancher deux bambous, par exemple. Mais ces outils ne sont pas perfectionnés.

On peut affirmer que l'outil qui existe à l'état rudimentaire chez les animaux devient un caractère distinctif de l'espèce humaine. 2) On définit souvent l'homme comme animal rationnel, mais l'origine de l'intelligence procède selon Bergson de cette capacité à produire des outils.

L'intelligence saisit les déterminations de la matière pour inventer des outils et les utiliser. Bergson, parle dans « L'évolution créatrice », de l' « invention mécanique » comme « démarche essentielle », quitte à aller jusqu'à dire que l'histoire retiendra davantage la « machine à vapeur » que les « guerres et les révolutions ».

Ce propos conduit Bergson à définir l'intelligence humaine comme « faculté de fabriquer des objets artificiels », et ce, au détriment direct d'une autre compréhension de l'intelligence, celle qui la comprendrait comme faculté d'articuler des moyens avec des fins.

Une certaine formule de l' « Evolution créatrice » doit retenir notre attention : Bergson veut en effet substituer à l' « homo sapiens », l'homme qui pense, l' « homo faber », l'homme qui fabrique.

Cette formulation est lourde de conséquences : elle témoigne de la portée de cette question de la technique sur l'identité humaine elle-même.

Si l'homme devient « homo faber », il n'est plus qu'un fabricateur d'outils, un être tourné vers l'efficacité avant tout autre souci ; alors que tant qu'il est encore un homo sapiens, il reste un être capable de juger de la qualité morale d'une finalité. 3) Le monde humain est un monde technique, il se distingue de la nature en tant qu'il est aménagé par et pour l'homme.

L'élément essentiel du monde humain est donc l'outil. II : Le fabricant et l'outil. 1) En définissant l'homme par l'outil, on confond la substance et l'accident.

L'outil procède de l'homme, mais l'homme procède-t-il de l'outil ? Cela est moins évident.

Il ne faudrait pas confondre l'effet et la cause. Aristote dit que ce n'est pas par ce qu'il a des mains (et par là, des outils) que l'homme est le plus intelligent des animaux, mais que c'est par ce qu'il est le plus intelligent des animaux qu'il a des outils. 2) Celui qui se définit comme outil, c'est l'esclave.

L'esclave est l'outil du maître, son medium entre lui et la nature.

Définir l'homme par l'outil, ce serait le définir soit comme esclave soit comme maître selon qu'il est ou non l'outil d'un autre.

Mais la nature humaine ne se réduit pas à des déterminations si simples. 3) Les biologistes ont découvert des capacités techniques chez certains animaux.

La corneille de Nouvelle Calédonie par exemple, est capable de fabriquer des crochets en tordant du fil de fer pour attraper des objets qui lui sont inaccessibles.. »

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