L'homme est-il sociable par nature ou par discipline ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
SOCIABILITÉ: Aptitude à vivre en société.
• Kant souligne « l'insociable sociabilité » des hommes, qui cherchent à développer leurs dispositions naturelles en
s'associant avec leurs semblables (sociabilité), tout en voulant tirer le meilleur parti de la situation (insociabilité).
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
Discipline
Est selon Kant la partie principale de l'éducation, qui comprend également les soins et l'instruction.
La discipline est
l'apprentissage des règles de la vie humaine ; elle a pour but de dépouiller l'enfant de sa sauvagerie initiale.
Le stoïcisme et l'épicurisme nous invitent à une discipline des désirs pour atteindre le bonheur.
1.
L'animal politique
Comme le montre Aristote, au sein de la Cité, l'homme réalise pleinement son
essence.
En partageant avec d'autres un langage et des valeurs communes,
l'homme parvient à une forme de perfection qu'il ne peut atteindre en restant
isolé.
C'est en ce sens qu'Aristote considère que l'homme est, par nature, un
animal politique.
C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve
en substance la formule d'Aristote.
On traduit souvent mal en disant :
l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique
», qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une
forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec.
En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en
justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque,
reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de
son maître Platon.
Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement
humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la «
polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».
Il affirme de
même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse
extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau
voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient
naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».
Enfin Aristote tente de différencier les rapports
d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite.
La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est
animal politique au suprême degré ».
En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui
permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.
Composée du père, de la mère,
des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère « économique » comme
disent les Grecs.
« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont
pas purement quotidiens est le village.
»
Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas
propres à l'humanité.
Le cas de la « polis » est différent.
« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour
permettre de bien vivre.
» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa
fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre
mais le bien vivre.
Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui dépasse la sphère
économique pour atteindre la sphère morale.
« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien
et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui
engendre famille et cité.
»
Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa
pleine humanité.
Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments
moraux.
Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance
à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre,
seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec
les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.
Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité
naturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.
Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant :
il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.
Pas plus que la main n'existe réellement
sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.
C'est d'elle qu'il reçoit son humanité, son développement, son
statut moral..
»
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