l'homme est-il le même en des temps différents ?
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Définition des termes du sujet:
TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements.
Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé.
Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).
Introduction:
Le temps nous fait sans cesse changer.
Je ne suis déjà plus celui que j'étais il y a un instant.
Qu'y a-t-il de commun
entre l'enfant insouciant que j'étais, l'adolescent que je suis et le vieillard que je serai ? Sans doute rien.
Pourtant
c'est toujours de moi, de la même personne dont il s'agit.
Qu'est-ce qui nous permet de dire qu'elle est la même ?
Faut-il chercher l'unité et l'unicité de la personne dans un noyau invariant sur lequel le temps n'aurait nulle prise, ou
au contraire confier cette unité à la continuité d'une histoire singulière ? Quel rôle joue le temps dans cette
constitution et cette dislocation du moi ?
Première partie
Pour changer, il faut déjà être quelqu'un ou quelque chose.
A défaut d'un substrat au changement, il n'y aurait pas
de changement mais succession de deux choses distinctes.
Il n'y a changement que s'il existe un substrat voire une
substance pour assurer et assumer ce changement.
Deuxième partie: Critique de la permanence du sujet.
On serait bien en peine de définir un noyau invariant de notre être puisque nous pourrions perdre toutes les qualités
qui nous caractérisent (celles de l'âme et du corps sans cesser d'être nous-mêmes.
Le simple fait que les circonstances, mon entourage aient prise sur moi pour me façonner suffit à prouver que ce
"noyau originel" n'est pas invariant.
Comment peut-on parler d'un "noyau" essentiel, si l'homme est cet être chez qui
l'existence précède l'essence ?
Sartre montre que la conscience déborde sans cesse le présent pour se tendre vers l'avenir et le passé.
Si je
change, ce n'est pas seulement parce que le temps agit sur moi, c'est parce, par le projet et l'action, je rejette le
présent comme n'étant pas ma vérité indépassable, je pose librement un avenir que je fais advenir dans le présent.
Il n'y a donc pas un moi éternel et substantiel, mais une conscience vivant engagée dans ses pro-jets.
"La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent.
Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le
sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projet
fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir
pour moi et pour les autres le passé que j'ai à être.
Moi seul en effet peux
décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, en
délibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel
événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le
passé avec moi et je décide par l'action de sa signification.
Cette crise
mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident
de puberté ou au contraire premier signe d'une conversion future? Moi, selon
que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.
Le projet de
conversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'une
prémonition que je n'avais pas prise au sérieux.
Qui décidera si le séjour en
prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selon
que je renonce à voler ou que je m'endurcis.
Qui peut décider de la valeur
d'enseignement d'un voyage, de la sincérité d'un serment d'amour, de la
pureté d'une intention passée, etc.
? C'est moi, toujours moi, selon les fins
par lesquelles je les éclaire." Sartre.
Conseils pratiques.
• N'oubliez pas que Sartre dans toute son oeuvre, donne à voir l'univers de la liberté humaine.
Chez lui, j'existe et je
suis libre se présentent comme deux propositions rigoureusement équivalentes.
Il y a, en un sens, identité de
l'existence et de la liberté.
Ce qui signifie que même le passé ne saurait se constituer comme un donné opaque me
gouvernant et régissant ma vie.
La liberté est ce pouvoir de rompre la chaîne infinie des causes et des effets...
A
moi de décider et de choisir...
• Définir clairement les termes ou expressions importantes :
~ Passé : Il désigne, selon une définition générale, une dimension du temps écoulé, en tant qu'il n'est plus là et
exprime une irréversibilité absolue.
Chez Sartre, le passé se définit comme un « pour-soi noyé par l'en-soi », à savoir une manière d'être de l'existant
humain figée dans ce qui est, de manière stable..
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