l'homme a-t-il besoin d'être dominé ?
Extrait du document
«
[Si les hommes acceptent d'être dirigés par des chefs, c'est parce qu'ils ont un désir naturel d'obéissance
et de soumission.
Ce désir est motivé par le conformisme, la peur d'être libre, la faiblesse, la crainte de la
mort.]
La servitude est naturelle et l'esclavage légitime
"C'est par nature que la plupart des êtres commandent ou obéissent", dit Aristote dans La Politique.
Pour lui,
la société est divisée en deux groupes: les hommes libres, qui commandent, et les esclaves, qui obéissent.
Au
IVe siècle av.
J.-C, en effet, l'esclavage est une institution fondamentale de la cité athénienne.
Pour Aristote,
il est parfaitement naturel et légitime.
"Celui qui par nature ne s'appartient pas mais qui est
l'homme d'un autre, celui-là est esclave par nature ; et est
l'homme d'un autre celui qui, tout en étant un homme, est un
bien acquis, et un bien acquis c'est un instrument en vue de
l'action et séparé de celui qui s'en sert.
Il faut examiner s'il existe ou non quelqu'un qui soit ainsi par
nature, s'il est meilleur et juste pour quelqu'un d'être
esclave, ou si cela ne l'est pas, tout esclavage étant contre
nature.
Or (le problème) n'est pas difficile, la raison le
montre aussi bien que les faits l'enseignent.
Car commander
et être commandé font partie non seulement des choses
indispensables, mais aussi des choses avantageuses.
Et
c'est dès leur naissance qu'une distinction a été opérée chez
certains, les uns devant être commandés, les autres
commandant.
(...) La nature veut marquer dans les corps la différence
entre hommes libres et esclaves : ceux des seconds sont
robustes, aptes aux travaux indispensables, ceux des
premiers sont droits et inaptes à de telles besognes, mais
adaptés à la vie politique (laquelle se trouve partagée entre
les tâches de la guerre et les tâches de la paix).
Pourtant le
contraire, aussi, se rencontre fréquemment : tels ont des corps d'hommes libres, tels en ont
l'âme.
Il est, en effet, manifeste que si les hommes libres se distinguaient par le corps seul
autant que les images des dieux, tout le monde conviendrait que les autres mériteraient de les
servir comme esclaves.
Et si cela est vrai du corps, une telle distinction est encore plus juste
appliquée à l'âme.
Mais il n'est pas aussi facile d'apercevoir la beauté de l'âme que celle du
corps." ARISTOTE.
La société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste.
Pour lui comme pour la plupart de ses
contemporains, l'esclavage va de soi.
Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et
les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes.
L'esclave est défini par Aristote d'une part comme celui qui appartient à un autre (un « bien acquis »),
d'autre part comme celui qui est « un instrument en vue de l'action », la différence entre l'esclave et
l'outil étant alors que le premier est un instrument animé.
La question posée est de savoir si l'esclavage est « par nature » ou « contre nature ».
Aristote répond
que l'esclavage est naturel, en ce sens qu'il est raisonnable (« la raison le montre...
») et juste — la
justice se définissant pour Aristote non comme le respect de droits individuels, mais comme une juste
répartition des fonctions à l'intérieur d'une société.
Il est en effet socialement avantageux qu'il y ait des gens qui commandent et d'autres qui soient
commandés.
Mais il faut remarquer qu'Aristote réduit alors la relation maître/ esclave à la relation.
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