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l'expression "inégalités naturelles" n'est-elle pas vide de sens ?

Extrait du document

« Les hommes ne naissent pas tous avec les mêmes qualités ou particularités.

Ils sont donc différents de nature, c'est-à-dire essentiellement mais sont considérés comme égaux en droits.

En effet, devant la loi, devant le droit, tout homme est égal à un autre, bien qu'il ne soit pas interchangeable, chacun ayant sa propre identité.

Le droit considère les hommes non pas en fonction de ce qui les éloigne, mais en fonction de ce qui les relie, qui fait l'identité de l'homme en général.

Comment alors admettre, dans le langage courant, une expression telle que « inégalités naturelles » ? Cette expression sous-entend en effet que les hommes ne sont pas égaux.

Peut-on affirmer que la différence entraîne forcément l'inégalité ? Les inégalités dites naturelles ne sont-elles pas en fait la conséquence d'une construction sociale ? I) La différence entraîne-t-elle inexorablement l'inégalité ? A) Comme nous pouvons le constater, les hommes naissent avec différentes particularités physiques, psychiques ou culturelles.

Tous ne sont donc pas les mêmes, chacun a son identité propre.

Ces différences sont bien réelles, mais peut-on en en faire des inégalités ? B) Le terme « inégalité » semble devoir induire une hiérarchie entre les différentes qualités des hommes.

Peuton dire qu'il est mieux d'être grand que petit, d'être noir que blanc, d'être maigre que gros ? Certes la différence entre les hommes est indubitable, mais la hiérarchie en son sein ne semble pas être naturelle. Doit-on alors rejeter l'expression « inégalités naturelles » pour ne parler que de différences essentielles ? II) Egalité de droits, égalité ontologique A) Devant le droit, les hommes sont considérés comme égaux.

La loi ou les droits de l'homme font donc abstraction de ce qui différencie les hommes pour ne garder que ce qui permet de les identifier en tant que tels.

L'égalité entre les hommes est ontologique, c'est-à-dire qu'elle se base sur l'essence de l'homme.

Il semble donc qu'il n'y ait pas d'inégalité naturelle dans le sens de « inégalité essentielle » entre les hommes. B) Dans leur essence, les hommes sont les mêmes, malgré les différences physiques qui persistent entre eux. Mais peut-on alors penser qu'il y a une différence voire une inégalité ancrée dans la nature au sens large (au sens aristotélicien ?) Les être naturels ont tous des particularités différentes.

Mais il semblerait que le jugement de valeur qui permet de les hiérarchiser ne fait pas partie de cette nature, mais se fait plutôt a posteriori.

C'est donc à partir de ce qui est le moins naturel (la construction sociale) en lui que l'homme juge de ce que la nature lui a donné. III) Peut-on trouver une finalité à l'expression « inégalités naturelles » ? A) L'expression « inégalités naturelles » est une construction humaine, qui ne semble reposer sur aucun élément effectif.

En effet, c'est l'homme lui-même qui donne aux différentes qualités une valeur et qui les hiérarchise ensuite.

C'est par le biais de la société que l'on va considérer que telle particularité physique ou culturelle est meilleure qu'une autre pour évoluer en son sein, ou du moins facilite la vie de son possesseur. Doit-on alors déduire du fait que toute inégalité naturelle n'est qu'une conséquence d'une construction humaine le fait que cette expression soit vide de tout sens ? Elle n'a peut-être pas de réalité dans la nature au sens large, ni au sens ontologique, mais semble pouvoir trouver un sens autre.

[John Rawls, Théorie de la justice] B) Dans la Théorie de la Justice, John Rawls parle d'un équilibrage des inégalités naturelles par le biais de la justice.

Si, en effet, nous refusons l'expression « inégalités naturelles », nous mettons sur un pied d'égalité total tous les hommes au sein de la société.

Or faire cela consiste à dire que si certains ont des difficultés à s'y conformer, à s'y intégrer ou à y prospérer, alors ils en sont absolument responsables puisqu'ils partent avec la même chance que tous les autres.

Ce qui induirait alors un anéantissement de toute aide sociale. Pour accepter l'idée que les plus défavorisés par la hiérarchie des qualités humaines instaurée au sein de la société ont droit à des avantages l'expression « inégalités naturelles » semble nécessaire.

En effet, si l'inégalité est naturelle, alors l'individu n'en est pas responsable ; il mérite donc qu'on rééquilibre le désavantage naissant de cette inégalité.

[John Rawls, Théorie de la Justice] Pour John Rawls, la société doit être formée par une communauté d'individus rationnels.

Surtout, il faut que ces individus ignorent quelle place ils vont occuper dans la société future.

C'est ainsi, selon Rawls, qu'une société juste peut être fondée - mais rien ne laisse préjuger, en théorie, du système juridique qui sera choisi.

Dans la Théorie de la justice, Rawls tente d'énoncer un principe de justice sur lequel il y aurait un consentement de tous.

Supposons que chacun juge « sous un voile d'ignorance », c'est-à-dire sans connaître la position, plus ou moins privilégiée, qu'il occupera dans la société.

Deux principes seraient retenus : le principe de liberté, selon lequel chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous, qui soit compatible avec le même système pour les autres ; le principe de différence : les inégalités sociales et économiques doivent être telles qu'elles soient au plus grand bénéfice des désavantagés, et attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous. Une solution originale a été apportée à cette question par J.

Rawls.

Son livre Théorie de la justice (paru aux États-unis en 1971) fait date dans l'histoire de la philosophie politique du XX siècle.

Plus personne n'écrit. »

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