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L'existence du mal interdit-elle de concevoir un Dieu bon ?

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« INTRODUCTION Le problème se pose en ces termes : Si Dieu est créateur de toutes choses et notamment de l'homme, si d'autre part l'homme peut être porté à mal agir, doit-on en conclure que Dieu a voulu le péché ? La relation de causalité qui unit les mortels au divin laisse émerger la question de la responsabilité du mal.

Dieu ayant créé l'homme libre le savait capable du péché, comment expliquer le fait qu'il ait voulu le créer malgré tout ? Est-ce que de ce fait nous devons remettre en cause sa bonté ? Pour répondre à ce problème il nous faudra procéder en trois étapes.

La première a pour finalité de mettre en évidence les raisons qui nous poussent à remettre en cause la bonté de Dieu.

La deuxième tâchera de rendre possible la conciliation entre prescience divine et libre arbitre humain.

Enfin la dernière mettra en évidence une justification de l'existence du mal. PLAN DETAILLE Première partie : le raisons qui nous poussent à remettre en cause la bonté de Dieu. 1.1 « Dieu n'est-il pas l'auteur du mal ? » C'est ainsi que commence le dialogue de Saint Augustin et Evodius sur Le libre arbitre.

La relation de causalité existant entre l'homme et Dieu nous amène à nous interroger sur la relation entre Dieu et nos actes.

Saint Augustin affirme que l'origine du péché réside dans la volonté humaine.

Cependant Evodius lui fait cette objection : « Mais ce libre arbitre précisément, auquel nous devons notre faculté de pécher, nous en sommes convaincus, je demande si celui qui nous a créés a bien fait de nous le donner.

Il semble, en effet, que nous n'aurions pas été exposés à pécher si nous en avions été privés ; et il est à craindre que, de cette façon, Dieu aussi passe pour l'auteur de nos actions mauvaises.

» 1.2 Le massacre des innocents : l'injustifiable. Peut-on admettre que les crimes soient rachetés par l'espérance d'une harmonie éternelle ? « A la fin du drame quand apparaîtra l'harmonie éternelle, une révélation se produira, précieuse au point d'attendrir tous les cœurs, de calmer toutes les indignations, de racheter tous les crimes et le sang versé ; de sorte qu'on pourra, non seulement pardonner, mais justifier tout ce qui s'est passé sur la terre.

Que tout cela se réalise, soit, mais je ne l'admets pas et ne veux pas l'admettre.

» DOSTOIEVSKI, Les Frères Karamazov. 1.3 Dieu peut-il encore exister après l'holocauste ? Dans Le concept de Dieu après Auschwitz Hans JONAS pose la question du sens de Dieu après les massacres perpétrés contre les Juifs.

L'ordre du monde peut-il encore être avéré alors que l'innocence a été bafouée ? Nous nous retrouvons face à l'incompréhensibilité du mal. Transition : Nous pouvons conclure de cette première partie qu'il semble bien exister une contradiction entre l'existence du mal ici-bas et la bonté divine.

Cependant comme Dieu parfait aurait-il pu vouloir le mal ? Deuxième partie : La prescience divine et le libre arbitre humain. 2.1 Il faut différencier savoir et volonté. Une nouvelle objection d'Evodius force Augustin à démontrer la conciliation possible entre la prescience divine et la liberté humaine.

« Partant, si Dieu a su d'avance que l'homme bon allait pécher,- ce que doit nécessairement me concéder quiconque reconnaît avec moi que Dieu sait d'avance tous les événements futurs-, si donc il en est ainsi, je ne dis pas qu'il n'aurait pas dû le créer, car il l'a créé bon ; et le péché de cet être créé bon ne pouvait en rien nuire à Dieu ; au contraire, après avoir manifesté sa bonté en le créant, il manifeste aussi sa justice en le punissant, et sa miséricorde en le délivrant ; je ne dis donc pas qu'il n'aurait pas dû le créer ; mais je dis : puisqu'il savait d'avance la réalisation devait nécessairement se réaliser.

Comment donc la volonté est-elle libre, là où apparaît une nécessité aussi inéluctable ? » Le libre arbitre. 2.2 « Dieu incline notre âme sans la nécessiter ». Selon Leibniz, Dieu sait que l'homme va pécher et pour autant il ne veut pas qu'il pèche.

Une chose est de savoir une autre chose est de vouloir.

La prescience divine coïncide avec l'ignorance humaine.

Si Dieu sait que Judas va pécher, ce dernier lui ne sait pas qu'il va pécher et en ce sens il reste libre de ses actes.

« Les déterminations de Dieu en ces matières étant des choses qu'on ne saurait prévoir, d'où sait-elle qu'elle est déterminée à pécher, sinon lorsqu'elle pèche déjà effectivement ? » LEIBNIZ, Discours de métaphysique, XXX. Transition : Il nous reste à justifier le fait que Dieu ait choisi ce monde et pas un autre. Troisième partie : Les ombres et la lumière. 3.1 Le tableau leibnizien. L'harmonie picturale est due non seulement aux lumières mais aussi aux ombres.

C'est grâce au contraste que l'harmonie se dégage.

Leibniz dans La profession de foi du philosophe utilise cette image afin d'expliquer la présence du mal en ce monde.

« La dissonance chaotique rentre comme par enchantement dans l'ordre de l'harmonie la plus exquise, que la peinture des objets est rendue distincte par les ombres, que l'harmonie due aux dissonances s'équilibre en transformant les dissonances en consonances.

» 3.2 Le meilleur des mondes et non un monde parfait. « Puisque Dieu a trouvé bon qu'il existât, nonobstant le péché qu'il prévoyait, il faut que ce mal se récompense avec usure dans l'univers, que Dieu en tirera un plus grand bien, et qu'il se trouvera en somme que cette suite de choses dans laquelle l'existence de ce pécheur est comprise, est la plus parfaite parmi toutes les autres façons possibles.

» LEIBNIZ, Discours de métaphysique, XXX. C'est donc parce qu'un monde parfait était impossible à créer que Dieu a dû faire en sorte de créer l'harmonie avec des ombres et de la lumière. CONCLUSION L'existence du mal ne remet pas en cause la bonté de Dieu.

En effet si Dieu est bien la source du mal physique, du châtiment qui fait suite à une faute, le mal moral quant à lui ne trouve sa source que dans la volonté humaine et le mal métaphysique, ou l'imperfection, dans la nature de l'homme.

Si le mal existe c'est que Dieu ne pouvait faire autrement et qu'un monde parfait dénué de toute faute n'était pas possible ici-bas.. »

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