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L'existence doit-elle avoir un sens pour mériter d'être vecue ?

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« Quand on parle de l'existence cela signifie quelque chose comme un but que l'on puisse donner à notre vie, ou au moins une raison à celle-ci.

L'homme est sur terre, et notre sujet demande si cette présence resterait soutenable sans quelque chose qui puisse lui indiquer une raison pour laquelle il s'y trouve.

L'existence d'un être est très courte, due en partie au hasard, quasi insignifiante, c'est cette conscience de la vacuité de sa propre existence qui peut être insupportable à l'homme.

D'où la nécessité de trouver un but à son existence, but qui puisse contredire l'insignifiance de l'existence humaine.

Sitôt qu'on lui assigne un but ou une raison, notre existence pour insignifiante qu'elle soit se trouve justifiée et devient acceptable, en regard à ce but.

Cependant prétendre que la vie exige un but pour mériter d'être vécue n'est-ce pas vivre la vie pour autre chose qu'elle-même ? Ce but de la vie est souvent extérieur à notre vie elle-même, en conséquence dire que la vie sans sens ne mérite d'être vécue a pour conséquence de dévaloriser notre vie en regard de ce sens sans lequel elle ne vaudrait rien.

Nous sommes donc pris entre la nécessité d'un but pour la vie afin de la rendre acceptable, et la dévalorisation de la vie qui irait de paire avec le fait de lui assigner un but. I. PASCAL : sans un sens notre vie est misérable (pensées n°233 et 205 édition Brunschvicg) Nous avons tous pris conscience une fois au moins de l'insignifiance de notre vie face à la taille du cosmos ou bien face à l'immensité du temps dans laquelle nous sommes engloutis.

L'homme quand il considère la brièveté de sa vie ne peut manquer de considérer qu'il est plongé dans l'abîme.

Pascal exprime cette idée en disant que l'homme est plongé au milieu de deux infinis, une infinie petitesse et une infinie grandeur.

L'homme n'est pas ce qu'il y a de plus grand, il n'est pas non plus ce qu'il y a de plus petit, il est donc bien plongé entre ces deux infinis.

Prenant conscience de sa condition le libertin (c'est-à-dire celui qui ne croit pas en Dieu, qui refuse de donner un sens à sa vie) ne peut manquer de tomber en effroi : « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.

»(c'est bien ici le libertin qui parle).

Pour Pascal, cet effroi dans la contemplation de son existence est typique de l'homme qui ne croit pas, en effet l'homme qui ne croit pas ne peut rien trouver qui l'arrache à la misère de son existence.

Seul l'homme qui croit que sa vie ne se résume pas à cette insignifiante présence sur terre peut la supporter sans tomber dans une profonde douleur.

Pascal, dans ses Pensées, veut offrir une apologie de la religion catholique, le projet général de Pascal est bien de montrer que c'est la seule pensée que notre vie ne se résume pas à notre existence terrestre qui peut rendre cette vie terrestre supportable.

C'est la foi qui permet à l'homme de supporter l'insignifiance de son existence sans cette foi nous sommes condamnés à reconnaître que notre existence est misérable et ne vaut la peine d'être vécue. TRANSITION La position de Pascal peut-être nuancée.

Au lieu d'affirmer que sans un sens la vie ne vaut la peine d'être vécue ne faut-il pas plutôt dire qu'un sens à notre existence nous aide pour agir de manière juste.

En effet supposons que notre vie se résume à notre existence terrestre alors ou peut-on trouver la motivation pour bien agir ? Celui qui agit en accord avec la morale en est souvent pour ses frais, n'est-ce pas au fond l'espoir que la vie n'ait pas dénué de tout sens qui fait que nous agissions correctement ? II. Kant et l'idée d'un sens comme aide à l'accomplissement de notre devoir Pour Kant le devoir est un impératif catégorique, cela signifie que le fait d'agir moralement n'a pas besoin de justification.

Agir moralement n'est pas un moyen, c'est une fin en soi, on n'agit pas moralement en vue de quelque récompense mais seulement parce qu'il faut bien agir.

Il ne s'agit donc pas de dire qu'on agit bien parce que on sait que la vie a un sens, agir bien en étant intéressé revient de toute façon à mal agir.

Cependant Kant reconnaît que bien qu'il ne faille pas agir bien de manière intéressée, l'espoir que la vie ait un sens peut aider à bien agir.

L'existence de Dieu, et l'immortalité de l'âme, sont ce que Kant appelle des « postulats de la raison pratique » dans la Critique de la Raison Pratique.

Ces postulats n'ont pas de valeurs théoriques se sont de simples suppositions à propos desquels la science n'a pas à se prononcer.

Mais Kant reconnaît que ces postulats sont nécessaires pratiquement, c'est-à-dire que l'on ne peut agir bien sans postuler une vie au-delà de notre existence terrestre.

Encore une fois agir bien est une fin en soi, mais Kant remarque que pour l'homme ses postulats sont nécessaires pour bien agir.

Ce que cela signifie c'est que bien que l'on ne puisse pas prouver que la vie ait un sens, la simple idée que celle-ci en ait un nous permet de bien agir, sans cette espoir il serait insoutenable de bien agir.

Au fond ce que remarque Kant c'est que cette supposition que la vie a un sens permet de bien agir, même si celui qui agit bien est moins bien traité que ceux qui commettent des injustices. TRANSITON Jusqu'à présent nous avons admis comme présupposé qu'il y avait une certaine nécessité à ce que notre existence ait un sens.

Mais exiger un sens de l'existence n'est-ce pas chercher à justifier l'existence par quelque chose qui lui soit extérieur ? Ne peut-on pas trouver dans la vie et même dans un absence de sens une raison de la vivre ? III. NIETZSCHE : se réjouir de l'absence de sens de l'existence Nietzsche combat toute démarche qui consiste à donner un sens à l'existence.

L'absence de sens de l'existence est ce que Nietzsche nomme le tragique.

Or pour Nietzsche il ne va pas de soi que l'on doive se prémunir contre le tragique, on peut également s'en réjouir, Nietzsche voit dans le rapport au tragique des différentes époques un indice de leur force.

Trouver un but à l'existence cela revient à ramener l'existence à notre mesure, celle-ci n'a pas de but mais nous ne supportons pas cela et nous lui attribuons un but.

Ce que Nietzsche appelle « la grande santé » c'est une constitution morale pour laquelle l'absence de but de notre vie n'est plus une souffrance.

Le rapport au besoin de sens sert donc bien d'étalon pour savoir à quel genre d'individu on a affaire.

Donner un sens à l'existence c'est humaniser l'existence or Nietzsche refuse que l'homme puisse être la mesure du monde.

L'homme est une partie et il ne doit pas exiger que le monde soit à sa mesure.

C'est donc pour certains individus que l'existence exige un sens, mais ces individus sont critiqués par Nietzsche puisqu'ils ne sont pas capables de se réjouir de l'existence telle qu'elle est sans se travestir.

Chercher un sens à la vie c'est chercher autre chose que la vie elle-même, or cette vie est tout ce qu'il y a et il s'agit de s'en réjouir.

De plus cette absence de sens prédéfini de l'existence, loin d'être une fatalité qui prive la vie d'intérêt, est précisément ce qui lui en donne puisque dès lors chaque être possède sa vie et a à charge de bâtir celle-ci. Conclusion L'absence de sens de la vie ne condamne donc pas l'homme à se morfondre et à se plaindre de son sort.

L'absence de sens de la vie est également l'occasion pour l'homme d'avoir pleinement à charge son existence plutôt que d'aborder celle-ci d'ores et déjà formatée par un quelconque but.

L'absence de sens à la vie est donc ce qui donne le plus d'importance aux actes de l'homme, puisque dans ses conditions chaque acte de la vie de l'homme en bâti également le sens sans que celui-ci précède et s'impose.. »

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