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L'exigence de la vérité est-elle compatible avec le souci d'être tolérant?

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« Définition des termes du sujet: TOLÉRANCE (n.

f.) 1.

— Fait, pour un individu, d'accepter des atteintes légères à ses droits, ou, pour une autorité, de légers écarts par rapport à la loi.

2.— Écart maximum par rapport à l'application d'un règlement, permis par la loi ou établi par l'usage.

3.

— Attitude consistant à admettre chez les autres des opinions qu'on ne partage pas.

4.

— Règle de conduite ou principe de philosophie pol.

consistant à admettre la liberté d'opinion et d'expression, notamment en ce qui concerne les pratiques religieuses.

5.

— Principe de tolérance : principe dû à CARNAP, exprimant un conventionalisme radical et consistant à admettre qu'en logique chacun est libre de choisir son langage. VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Cadrer le sujet: La symétrie du sujet autour de l'idée de compatibilité est évidente: il faudra comparer terme à terme "exigence" et "souci", "vérité" et "tolérant".

Mais on commencera par définir chaque expression ainsi que la notion de compatibilité: * "exigence de la vérité": cette expression s'inscrit dans le registre de l'objectivité, voire de l'activité scientifique. Elle indique l'idéal du chercheur, mais aussi, dans un sens plus large, celui du juge (un procès doit servir "la manifestation de la vérité") ou du philosophe. * "souci d'être tolérant": ici le registre est plus pratique que théorique, l'idéal est de nature morale.

On peut dire qu'il s'agit d'un précepte déontologique qui n'indique pas un but pour une activité mais une qualité qui rend l'activité légitime et justifiable.

La tolérance semble requise pour permettre la coexistence pacifique d'opinions ou de positions différentes ou divergentes, voire antagonistes, notamment en politique, en morale, entre les religions. * "compatibilité": le problème peut se poser soit pour des termes antagonistes qui ne peuvent coexister en même temps, soit pour des termes hétérogènes, sans rapport entre eux, qui concernent des domaines radicalement distincts.

Ici on pourra se demander si l'exigence de la vérité rend intolérant, ou si le souci de tolérance intervient seulement dans les domaines où l'on ne peut exiger "la vérité". Préciser l'opposition exigence/souci: Les 2 termes sont proches mais ils ne sont pas équivalents.

"Exigence" renvoie à une tension de la volonté qui vise l'obtention d'un but précis; le "souci" consiste plutôt dans l'attention que l'on porte à éviter un événement négatif. On exige ce que l'on a décidé d'obtenir, on se soucie de ce que l'on souhaite éviter ou de ce qui est menacé.

Cette nuance apparaît clairement dans le cadre du sujet: la vérité caractérise des énoncés précis, la tolérance n'est pas le but d'une action mais plutôt une disposition générale qui consiste à se garder des actions intolérantes. Fanatisme, relativisme. On qualifie parfois un peu rapidement de "fanatiques" ceux qui poursuivent sans concession une exigence absolue.

Il faudra veiller ici à ne pas simplement condamner les excès mais à réfléchir sur leur origine, à se demander ce qui peut motiver des exigences qui peuvent aboutir à l'intolérance. Introduction La résurgence chronique de violences liées à une intolérance prêchée comme une vertu que l'on oppose à la mollesse du relativisme conduit à se demander s'il est possible de maintenir une exigence de vérité sans abandonner le souci d'être tolérant.

Si en effet la vérité est une, comment reconnaître en même temps la pluralité des opinions? Pour étudier ce problème complexe, nous analyserons tout d'abord l'opposition entre unicité et pluralisme; puis nous nous demanderons si l'exigence de vérité et le souci d'être tolérant s'opposent sur le même terrain ou concernent des domaines distincts; enfin nous tenterons de préciser la différence entre la « possession » de la vérité et « l'esprit » de vérité, qui permet peut-être de s'orienter vers une conciliation des deux exigences.. »

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