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L'état est-il au service de la société ou est-ce la société qui est au service de l'État ?

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« L'idée de l'État procède du souci de détacher les rapports d'autorité à obéissance des relations personnelles de chef à sujet.

Il suit de là que l'État est le support d'un pouvoir qui transcende la volonté individuelle des personnalités qui commandent.

L'Etat se placerait au-dessus de la société, qui est l'ensemble de la communauté humaine.

L'Etat serait l'émanation de la société humaine et non l'inverse, il aurait été crée pour que la société en tire avantage.

Il semble paradoxal de penser que l'Etat puisse être une entité autonome qui nécessiterait d'être entretenue par la société.

Aussi, se demander si la société peut être au service de l'Etat, c'est interroger sur une possible anomalie, sur un Etat finalement surpuissant qui aurait perdu son but : servir la société, qui elle n'est plus soutenu par personne.

Il s'agira de se demander si ces cas de figures sont possibles et dans quelles mesures ils sont dangereux. 1) La naissance de l'Etat. 1) La naissance de l'État signe l'avènement d'un organe du pouvoir politique distinct de la société et jouant le rôle d'arbitre dans les conflits qui traversent la société, permettant ainsi de limiter ceux-ci, de les résoudre ou de les dépasser.

L'État est par conséquent cet instrument qui permet à l'ordre social de se perpétuer en usant, lorsque cela est nécessaire, de la force.

On peut ainsi en donner la définition suivante : c'est l'autorité politique souveraine, considérée comme une personne juridique et à laquelle est soumis un groupe humain.

Il est de plus nécessaire de ne pas oublier que ce que l'on désigne communément par le nom d'État est une forme de pouvoir politique apparue à la fin du 15 ème siècle et qui perdure jusqu'à nos jours.

L'Etat se met donc au service de la société, c'est une instance supérieure qui règle ses problèmes. 2) L'État ne crée pas l'autorité, mais il en affecte les formes ; l'obéissance qu'il exige n'est pas de la même nature que celle que requiert le chef qui commande ; il dure quand les gouvernants passent ; il favorise un rapprochement des individus que leurs options partisanes divisent ; il met quelque grandeur dans la vie politique qui, sans lui, ne refléterait que la médiocrité des hommes.

C'est dire qu'il est nécessaire pour soumettre des gouvernants au droit : dès lors qu'ils ne mettent pas en œuvre une puissance qui leur est personnelle mais celle qui appartient à l'État, leurs volontés ne pourront lui être imputées que dans la mesure où elles seront émises sur les matières et selon les procédures qu'autorise leur statut d'agent d'exercice du pouvoir.

Par là même, en assujettissant les gouvernés aux règles qui ne valent que parce qu'elles sont émises sous couvert de l'État, sa seule existence restitue à l'obéissance une dignité que la soumission à un homme risquerait de compromettre.

Aussi, l'obéissance à l'Etat et à ses lois est la condition sine qua non de la survie de la société, il est ce qui empêche « la guerre de tous contre tous » , en somme il est le garant du maintien de l'ordre que ce soit social, ou économique ( cela dépend de la conception que l'on se fait de l'Etat) . 2) La société et l'Etat n'ont pas les mêmes buts. 1) Une séparation Etat/société ? Le projet de Hegel est de rendre compte de la forme de l'État comme d'une totalité et non pas simplement comme d'un instrument requis par la société pour assurer sa survie.

Pour Hegel, la « société civile » se distingue radicalement de l'Etat.

La première désigne la sphère des besoins, des échanges, du travail ; chacun y poursuit des intérêts particuliers.

Le second au contraire est principe d'universalité et se fonde sur des intérêts collectifs. L'Etat ne peut avoir pour fin dernière de régler la vie de la « société civile », autrement dit de faire respecter les droits privés et les libertés individuelles. Si l'Etat arbitre et règle les conflits et oppositions, c'est en vue d'une unité supérieure.

D'une certaine manière, l'Etat a une priorité sur l'individu dans la mesure où il incarne l' « esprit objectif » qui seul permet à l'homme de s'élever à la vérité et à la vie éthique.

En effet, les individus tendent à un dépassement de la subjectivité et visent l'objectivité, l'universalité, source de la seule satisfaction véritable.

Aussi, trop séparer la société du pouvoir de l'Etat, c'est risquer de faire de l'Etat une entité autonome, toute puissante, froide et impersonnelle qui règle tous les problèmes sociaux.

Mais, c'est aussi risquer une vision « holistique » de l'Etat, qui prend des décisions pour la totalité de la société et non pour les individus.

Cette vision totalisante de l'Etat n'est pas sans risque pour la liberté même de la société. 2) La société au service de l'Etat : le risque du totalitarisme. Séparer le pouvoir politique de la société, c'est en même temps l'empêcher de pouvoir prétendre l'incarner dans sa totalité.

En ce sens, ce serait au contraire le propre d'un pouvoir totalitaire de produire une identification de l'État et de la société, mettant nécessairement fin à toute présence de contre-pouvoirs.

Plus encore, le totalitarisme exige de l'individu son dévouement intégral à l'État comme en témoignent, malheureusement, deux philosophes.

Le premier, Gentile, écrit dans l'Italie fasciste : « La liberté revient uniquement pour l'individu à fondre son désir dans celui du chef de l'État : l'individu se réalise, s'épanouit lui-même dans la mesure seulement où il abdique entre les mains de l'État et s'intègre à lui ».

Le second, Schmitt, écrit dans l'Allemagne nazie : « Toute activité est politique. »

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