L'État doit-il tolérer toutes les opinions ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
ÉTAT:
1) Avec une minuscule, manière d'être, disposition (un état d'esprit).
2) Avec une majuscule, un ensemble d'individus soumis à une même autorité politique, ou plus précisément cette
autorité politique elle-même.
L'État c'est le gouvernement et l'ensemble des structures par lesquelles il manifeste
son autorité.
3) État de droit: tout État qui s'applique à respecter la personne et à garantir les libertés individuelles.
4) Raison d'État: motif d'intérêt public invoqué par l'État pour justifier une action contraire à la loi ou à la morale.
Opinion
Jugement sans fondement rigoureux, fondé sur des croyances ou des impressions subjectives et qui se donne
abusivement les apparences d'un savoir.
Même quand elle tombe juste, « l'opinion pense mal» (Bachelard), car elle ne peut se fonder rationnellement.
La philosophie, comme quête de la vérité, est ainsi en lutte contre les opinions.
Visiblement le sujet nous demande de trancher d'un point de vue caricatural entre un Etat despotique, et même
tyrannique qui n‘admet aucunes opinions qui remettent en cause sa légitimité, et un Etat plus libéral, permettant à
toutes les opinions, même les plus calomnieuses de s'exprimer ? le problème est alors le suivant : soit on tolère
toutes opinions, et c'est la licence totale, de sorte que c'est l'anarchisme qui se profile et la disparition de l'Etat,
soit on ne tolère aucune opinion, et c'est la dictature, le déni des libertés fondamentales, entre ces deux attitudes
caricaturales, nous nous demanderons si l'Etat ne doit-il pas tolérer que certaines opinions ?
Dans un permier temps, nous verrons qu'il existe de fortes raisons de croire que l'Etat doit tolérer toutes les
opinions, dans un deuxième temps nous nous demanderons si l'Etat ne doit tolérer aucune opinion, et enfin nous
verrons que l'Etat, position de la sagesse, ne doit tolèrer que certaines opinions, nous verrons que la question plus
fondamentale est de se demander d'où vient le pouvoir, et même l'autorité de l'Etat qui lui permet de se prononcer
sur les opinions, bref si l'Etat a le monopole de l'opinion d'une part, mais aussi de la tolérance et du devoir, ce qui
reste à démontrer.
I Les raisons de la croire : l'Etat doit tolérer toutes les opinions
Idée principale : Tolérer toutes les opinions, c'est accepter de l'Etat que les hommes possèdent une certaine liberté
de parler, car L'Etat est le garant de la liberté de pensée, de communiquer, de dire ce qu'ils pensent publiquement,
le but peut être la réforme du pays.
A un devoir : Il est un devoir de l'Etat de tolérer la liberté d'expression de ses sujets sous toutes ces
formes, même s'il est mécontent.
Kant dans Réponse à la question :qu'est-ce que les Lumières ? montre que
« pour ces lumières, il n'est rien requis d'autre que la liberté et à vrai dire, la liberté la plus inoffensive de tout ce
qui peut porter ce nom, à savoir , celle qui consiste à faire un usage public de sa raison dans tous les domaines »,
c'est dire l'importance pour Kant que revêt cette liberté d'expression qui doit s'exercer au plus haut niveau de
l'Etat.
La liberté de penser est à ce prix fondamental que même l'Etat selon Kant ne doit et même ne peut la
supprimer, même si elle s'oppose à la contrainte civile.
Kant dans qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?
montre justement qu' « A la liberté de penser s'oppose en premier lieu , la contrainte civile.
On dit , il est vrai que le
liberté de parler ou d'écrire peut nous être ôtée par une puissance supérieure , mais non la liberté de penser.
Mais
penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien , si nous ne pensions pas pour ainsi dire en commun avec
d'autres , qui nous font part de leurs pensées , et auxquelles nous communiquons les nôtres ? Aussi bien, l'on peut
dire que cette puissance extérieure qui enlève aux hommes la liberté de communiquer publiquement leurs pensées ,
leur ôte également la liberté de penser.
L'unique trésor qui nous reste encore en dépit de toutes les charges civiles
et qui peut seul apporter un remède à tous les maux qui s'attachent à cette condition »
Fichte Dans Revendication de la liberté de penser, Le droit de penser face à l'autorité étatique En fait
Fichte, dans Revendication de la liberté de penser, comme le remarque de manière judicieuse Jean-François
Goubet, va établir ce que l'on pourrait appeler une déduction des droits de l'homme: l'enjeu de cette déduction est
de montrer que certes le contrat social justifie chez l'homme l'acquisition de certains droits, mais le droit de l'homme
tendra à prouver ce qui est permis en matière de penser, ainsi la revendication du droit fondamental de se forger
ses propres convictions dans les matières religieuses, ce que l'on pourrait nommer par la liberté de croire.
Droit de
communiquer ses pensées, de ne plus restreindre ses recherches à la satisfaction personnelle et égoïste mais de les
transmettre.
Le droit est donc posé comme une possibilité d'action qui doit être garantie, mais garantie contre qui
ou contre quoi ? En fait Fichte suggère fortement que l'exercice d'un droit ne vaut que par sa réalisation effective
de sorte que, en première analyse, le droit de penser est nul et non avenu si on enlève ce qui le rend possible : la
liberté de croire et de s'impliquer dans la recherche de la vérité et dans sa propagation.
B Les conditions de son bon fonctionnement : Un Etat qui tolère toutes les opinions même les plus critiques
est un Etat qui évolue, qui progresse, qui réforme, et se réforme .
L'écoute est à base de tout rapport de.
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