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L'esprit est-il supérieur à la matière ?

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« [La matière est le lieu d'un déterminisme rigoureux, tandis que l'esprit est celui de la liberté.

En tant que corps, l'homme appartient à la matière et est soumis à ses lois, mais en tant qu'esprit, il leur échappe et maîtrise le monde.] «L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant» L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant.

(Pensées) On retrouve dans cette phrase le thème pascalien de la misère de l'homme, faible comme un roseau parce que mortel, et de la grandeur de l'homme parce qu'il dispose de la raison. "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant.

Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d eau, suffit pour le tuer.

Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.

Toute notre dignité consiste donc en la pensée.

C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir.

Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.

Ce n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignité, mais c'est du règlement de ma pensée.

Je n'aurai pas davantage en possédant des terres : par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point; par la pensée, je le comprends." PASCAL Dans ce texte, Pascal veut montrer à la fois la faiblesse et la puissance de l'homme.

Il nous compare en effet avec l'univers, c'est-à-dire avec la nature, entendue comme l'ensemble des phénomènes matériels indépendants de la volonté humaine.

Et de cette comparaison émergent une singularité et une force propres à l'homme, la pensée et la conscience, qui compensent l'impuissance humaine à dominer la nature.

Mais il peut acquérir une certaine « dignité », car son esprit, à la différence de l'univers, est capable tout à la fois d'être conscient de sa propre existence, de connaître la nature et de posséder un sens moral.

Le thème central de l'extrait, c'est donc la spécificité de la nature humaine. Prenez garde au style de Pascal : le « quand » de la ligne 3 est un synonyme, au XVIIe siècle, de « si » : il s'agit d'une supposition.

En outre, Pascal joue, dans la dernière phrase du texte, sur le double sens de « comprendre » qui signifie à la fois « envelopper », « englober », quand il s'agit de l'espace, et « connaître », quand il s'agit de l'esprit humain. L'esprit est d'une autre nature que la matière I.

Tout le monde sait que l'âme et le corps paraissent distincts et même opposés et que pourtant ils entretiennent des relations incessantes l'un avec l'autre.

Une lésion du cerveau entraîne un déficit de la mémoire, du langage ou de la pensée.

Plus simplement, un choc sur mon corps produit une douleur dans ma conscience.

Au rebours, l'âme agit sur le corps.

Ma volonté est capable de mouvoir mon corps à tout instant.

Plus curieusement mes préoccupations, mes chagrins psychiques peuvent provoquer de véritables maladies organiques (ulcère à l'estomac par exemple) que la médecine psycho-somatique a bien étudiées au XX siècle. II.

L'interaction de deux « substances » aussi différentes, comme disait Descartes, a toujours paru mystérieuse aux philosophes. Comment mon esprit, étranger à l'espace, indivisible, peut-il être étroitement lié à mon corps, ce fragment d'étendue géométrique indéfiniment divisible ? Comment ce qui est conscience, intériorité pure, peut-il être en rapport avec l'extériorité, la dispersion ? D'où le dualisme cartésien qui, malgré les relations étroites de l'âme et du corps, proclame l'opposition des deux substances, livrant ainsi à la philosophie un problème irritant, car aucune philosophie ne peut s'accommoder d'un dualisme.

Toute philosophie est avant tout recherche d'unité. III.

Le dualisme n'est pas seulement irritant au point de vue métaphysique, il est dangereux au point de vue moral.

Puisque l'esprit, bien qu'incarné dans une enveloppe charnelle, s'oppose à la matière, il ne se retrouve vraiment lui-même qu'en essayant de s'en délivrer complètement.

Malebranche exprimait bien cette position dans la formule suivante : « L'esprit de l'homme est tellement situé entre Dieu et les corps qu'il ne peut quitter les corps sans s'approcher de Dieu, de même qu'il ne peut courir après eux sans s'éloigner de Lui.

» Bien vite on arriverait, dans cette direction, à proposer une morale ascétique pour laquelle âme est synonyme de bien, corps synonyme de mal.

On retrouverait l'inspiration platonicienne (elle-même empruntée aux sectes pythagoriciennes mystiques).

L'union de l'âme et du corps ne serait pas naturelle, ce serait un accident, une chute, la punition d'une faute.

Le corps ne serait pour l'âme qu'un tombeau (soma = sêma), qu'une prison que l'âme aspire à quitter.

Une telle conception est profondément antihumaniste.

Elle brise l'unité de l'homme, prétend que l'homme ne s'élèvera qu'en renonçant à ce qui est en fait une partie intégrante de lui-même.

Elle est responsable des pires erreurs morales : le mépris de l'hygiène, la mortification de la chair, parfois la haine de la vie (la mort seule délivre l'âme de ce corps qui la trahit et l'obscurcit).. »

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