Les sources de l'erreur ?
Extrait du document
«
Explication des termes:
ERREUR :
Affirmation fausse.
A la différence du mensonge, l'erreur implique la bonne foi; l'erreur, dit Platon, est une ignorance
double, c'est-à-dire une ignorance qui ne se sait pas ignorante, une ignorance doublée d'une illusion.
Du latin errare, « errer ».
Affirmation fausse, c'est-à-dire en contradiction, soit avec les règles de la logique, soit
avec les données de l'expérience.
L'erreur est à distinguer de la faute, qui possède une connotation morale et ne concerne pas tant le jugement que
l'action.
1.
L'erreur est-elle volontaire ?
Pour Platon, l'erreur est nécessairement une forme d'ignorance.
De même que
« nul n'est méchant volontairement » (Gorgias), car voir le bien, c'est aussitôt
le suivre, de même, personne ne se trompe volontairement, car la vérité
conduit au bonheur, et personne ne souhaite son propre malheur.
Cependant,
en étudiant les mécanismes de l'erreur, Descartes montre au contraire que
c'est la volonté qui est à l'origine de l'erreur.
Plus exactement, c'est la
disproportion entre le pouvoir infini de ma volonté et le pouvoir fini de mon
entendement qui est source de l'erreur.
Ainsi, comme l'écrit Descartes dans
les Méditations métaphysiques (méditation quatrième) : « D'où est-ce donc
que naissent mes erreurs ? C'est à savoir, de cela seul que, la volonté étant
beaucoup plus ample et plus étendue que l'entendement, je ne la contiens
pas dans les mêmes limites, mais que je l'étends aussi aux choses que je
n'entends pas ; auxquelles étant de soi indifférente, elle s'égare fort
aisément, et choisit le mal pour le bien, ou le faux pour le vrai.
Ce qui fait que
je me trompe et que je pèche ».
C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe
socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».
Cette thèse surprenante
de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est
pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que
de l'être ».
L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul
ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition,
qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit.
L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la
« République ».
Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice
pour satisfaire leurs désirs.
Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.
Cependant, comme
subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des
lois en vue de leur commune conservation.
Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.
Si
nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous
agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.
Bref,
nous serions injustes pour satisfaire nos désirs.
Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice,
l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice.
Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».
C'est par
une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.
Parce que nous confondons le bien
apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.
Nous
croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce
que nous voulons.
Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir.
L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre
Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias ».
Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit
laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .
» Socrate pense, lui, que l'accès
au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui
résident en soi-même ».
Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une
« passoire ».
L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se
mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les
plus dures peines ».
L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la
démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable.
C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.
Le magnifique
mythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.
Elle est comparée à un
attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.
L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et se
montre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.
Il y a donnc trois instance dans.
»
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