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Les sociétés humaines ont-elles toujours besoin de boucs émissaires ?

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« INTRODUCTION Le bouc émissaire est celui qui supporte malgré lui la faute collective.

Dans la mesure où il suppose un rapport de force entre la majorité et la minorité, l'individu, il s'observe au sein des sociétés humaines.

Le problème sous-jacent à cette caractérisation du bouc émissaire comme un besoin social réside dans le caractère injustifiable de cette mécanique.

Le bouc émissaire est en effet innocent et pourtant forcé d'endosser la culpabilité de tous.

Pour y répondre nous allons procéder en trois étapes.

La première tente de mettre en évidence le fait que la mécanique du bouc émissaire puisse être à l'origine d'un lien social.

La deuxième souligne le paradoxe éthique qu'il y a à caractériser la présence de boucs émissaires comme un besoin social.

Enfin il nous faudra aborder la relation du singulier au général. PLAN DETAILLE Première partie : La mécanique du bouc émissaire peut-elle être à l'origine d'un lien social ? 1.1 Le bouc émissaire : un moindre mal. « Ce que dit Caïphe est la raison même, c'est la raison politique, la raison du bouc émissaire.

Limiter la violence au maximum mais y recourir s'il le faut à la dernière extrémité, pour éviter une violence plus grande.

» René GIRARD, Le bouc émissaire. Canaliser la faute et donc la punition sur un individu permet d'éviter le pire qui serait une violence collective mais dispersée et donc par là même plus destructrice. 1.2 Renouer avec lien social grâce au bouc émissaire. « Non seulement la foule l'emporte mais elle est une espèce de creuset où viennent se fondre même les autorités les moins ébranlables en apparence.

Ce processus de fusion assure la refonte des autorités par l'intermédiaire du bouc émissaire, c'est-à-dire du sacré.

» Ibid. Un des remèdes à la perte du lien social, ou du moins à sa dislocation, est le mécanisme du bouc émissaire, en tant que pour exister il suppose la réunion des persécuteurs. Transition : Le bouc émissaire peut être considéré comme un besoin à partir du moment où il est générateur de lien social.

Cependant le paradoxe éthique qui se cache derrière cette mécanique peut remettre en cause le bien fondé de ce remède. Deuxième partie : L'injustifiable ne remet-il pas en cause la communauté de valeurs ? 2.1 L'exemple de Jésus. Jésus a endossé la faute collective, il s'est sacrifié alors même qu'il était le seul innocent.

En ce sens à travers la mécanique du bouc émissaire se cache l'injustifiable.

Le seul sans péché est accusé et sa culpabilité est affirmée.

Le lien logique entre la faute et la punition est rompu, il y a punition certes mais sans faute préalable.

L'injustifiable réside dans ce hiatus. 2.2 La société se caractérise notamment par la reconnaissance de valeurs communes.

Comment celles-ci peuvent-elles coexister au côté de l'injustifiable ? « Caïphe est le sacrificateur par excellence, celui qui fait mourir des victimes pour sauver les vivants.

En nous le rappelant, Jean souligne que toute décision véritable dans la culture a un caractère sacrificiel et par conséquent remonte à un effet de bouc émissaire non dévoilé, à une représentation persécutrice de type sacré.

» Ibid. Le paradoxe ne se situe pas seulement au niveau du lien rompu logique et éthique entre la faute et la punition, il est d'autant plus flagrant qu'il n'est pas le fait d'un seul mais d'une majorité. Transition : cette insertion de l'injustifiable dans le domaine éthique, qui coïncide avec l'affirmation du besoin de boucs émissaires dans les sociétés humaines, doit être réinterrogée au niveau politique. Troisième partie : La raison politique est-elle au service de la minorité ou de la majorité ? 3.1 « Le fait de payer pour les autres ». « Vous ne voyez pas qu'il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière.

» Evangile selon saint Jean 11-50. La purification de la faute collective passe par le sacrifice d'un individu.

La majorité a donc le dernier mot. 3.2 Le singulier fléchit devant le général. « Et surtout, c'est trop demander à un critique ordinaire de s'intéresser à un combat dialectique où l'exception fait irruption dans le général, à l'intrigue vaste et très compliquée où l'exception lutte jusqu'au bout pour défendre son droit.

» KIERKEGAARD, La reprise. Dans cette citation, qui rappelle le fait que Kierkegaard est un penseur du singulier, est mise en évidence la relation conflictuelle entre le singulier et le général.

Or comme l'exception doit s'effacer devant la force de la loi, l'individuel est sacrifié au profit du général. CONCLUSION Le besoin social de boucs émissaires répond à un autre besoin, celui de purification.

La faute étant trop lourde à porter l'existence et la reconnaissance de coupables est nécessaire.

Or en se mettant d'accord pour condamner un seul individu au profit de la majorité, la société fait triompher le général au détriment du singulier.. »

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