Les relations nous enrichissent-elles ou nous aliénent-elles ?
Extrait du document
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La différence est habituellement définie comme un caractère ou un ensemble de caractères
qui, dans une comparaison ou un ordre, distinguent un être ou une chose d'un autre être ou
d'une autre chose.
La différence est donc ce qui fait qu’un être soit ou ait le sentiment d’être
étranger à un autre être.
Empiriquement, il semble que le bilan du produit des différences, même s’il est difficile à
évaluer du fait de la variété des types de différences, apparaisse comme largement négatif.
En effet, la différence, avant d’être à l’origine d’un quelconque enrichissement, a été à
l’origine des plus grandes horreurs, et des plus grandes destructions.
Il semblerait que les
génocides ou les conflits étatiques furent tous causés par une quelconque différence, qu’elle
soit culturelle, ethnique, religieuse, technologique, etc.
Comment rendre compte d’un tel
constat ? Cela s’explique par le fait que la différence de l’un donne l’impression à l’autre qu’il
ne partage pas la même humanité avec l’individu auquel il a à faire.
Cela fut caractéristique du crime Nazi pendant la seconde guerre mondiale.
En effet, avant
de commettre l’extermination systématique de six millions de juifs, les Allemands avaient été
totalement embrigadés dans une idéologie fondée sur la hiérarchisation des races.
En plus
d’être aidés par un mécanisme de "déresponsabilisation" fondé sur l’obéissance à la
hiérarchie, les Allemands avaient été désensibilisés au mal qu’ils commettaient.
En effet, la
thèse de Hitler, théorisée dans Mein Kampf en 1924 était fortement imprégnée des théories
évolutionnistes comme celle de François Gobineau, formulée en 1855 dans "Essai sur
l’inégalité des races humaines".
Les Allemands, qui en étaient très largement nourris, avaient
donc un regard transformé sur leurs victimes.
Ils ne les voyaient pas comme des êtres
humains mais comme une sorte de résidus de l’espèce humaine, tout juste bonne à
corrompre la race supérieure qu’était la race Aryenne.
C’était donc bien cette différence
fondamentale entre le bourreau et sa victime, qui a certainement pu permettre l’ampleur de
l’élimination systématique des Juifs.
C’est dans ce sens-là que Lévi Strauss déclarait dans
Race et Histoire : "Le barbare c’est d’abord celui qui croit à la barbarie".
Cela signifie que
l’auteur de barbarie par ses actes n’est autre que celui qui voit en sa victime un barbare, un
individu sous-développé, tout juste humain, en tous cas, ne partageant pas une humanité
aussi noble que lui.
Et qu’est ce qui au final permettait ce sentiment d’étrangeté ? Ce sont
l’ensemble des différences qui séparait le bourreau de sa victime, chacune de ces
différences contribuant à créer ce sentiment d’étrangeté, ce sentiment pour le bourreau
d’avoir affaire à un barbare.
Ces différences peuvent donc être d’ordre morphologique,
linguistique, ethnique, culturel, religieux…ou de tout autre type de distinction.
Si l’on en revient au génocide rwandais en 1994, les Hutus n’avaient de distinction d’avec les
Tutsis qu’une légère différence morphologique, ces deux peuples ayant été formés
originellement à partir d’un seul et même peuple par les Allemands au début du XXe siècle.
À la suite de cette séparation, les Tutsis dans lesquels les Allemands voyaient une race
supérieure pour avoir des traits plus fins que ceux des Hutus, ont continué à se différencier
historiquement des Hutus car c’est à eux qu’a été remis le droit exclusif d’occuper tous les
postes de décision.
Le génocide des Tutsis par les Hutus s’appuyait donc lui aussi sur une différence
morphologique très mince cette fois-ci, mais davantage sur la grande amertume qu’avait
produite la différence du traitement de ces deux peuples.
En résumé, on voit que la différence est prompte à susciter les plus grands conflits et les
plus grands massacres, du fait qu’il y ait une différenciation d’identification entre le premier et.
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