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Les réalités de l'art ne reproduisent pas le visible, avec plus ou moins de tempérament, mais rendent visible (Klee)

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« Analyse des termes du sujet : Art : en latin, le terme ars traduit le mot grec technê.

L'art est avant tout une aptitude à faire quelque chose. Il désigne aussi bien la technique, le savoir-faire que la création artistique.

Ainsi, il désigne autant l'œuvre de l'artisan qui maîtrise un art, que l'œuvre de l'artiste dont le talent lui permet de créer.

Dans son sens esthétique, l'art est l'expression créatrice et désintéressée du beau.

La création artistique s'affranchit de l'utile et n'a pas de finalité déterminée à l'avance. Réalité : ce qui existe effectivement et objectivement, ce qui est constatable par opposition à l'illusion, à l'imaginaire, au rêve.

Pour Platon, la réalité, par opposition à l'apparence, désigne l'être véritable des choses, leur vérité.

Elle doit donc nous donner les choses telles qu'elles sont, pas seulement telles qu'elles nous apparaissent.

Kant remet en doute cette opposition entre réalité et apparence.

Selon lui, la réalité est phénoménale, elle est ce qui nous apparaît, elle est une manifestation sensible de la chose. Ici Paul Klee parle de plusieurs réalités concernant l'art.

Il s'agit donc d'une multiplicité d'approches et de sens donnés au monde.

L'art est producteur de réalités diverses et plurielles. Elargir : enrichir, rendre le cercle de compréhension de la vie et du monde plus complexe, plus vaste, plus riche. Vie : du latin vita, « existence ».

Sous ce terme aussi bien l'existence d'un individu ou d'un organisme (elle anime la matière), les diverses activités humaines, que le monde humain dans son ensemble son regroupés.

Ici, il s'agit de la vie au sens d'existence des individus et de rapport au monde. Limites : ce qui entrave, ce qui restreint.

Evoquer les limites de la vie c'est évoquer un rapport à la vie déterminé et rendue étroit par sa prédéfinition, la vie abordée selon un seul aspect, un seul angle, un seul point de vue. Telle qu'elle apparaît d'ordinaire: telle qu'elle se présente à nous, telle que nous la recevons dans le quotidien, c'est-à-dire à travers le mode de la préoccupation, de l'activité, de l'usage et de l'utile. Problématique : L'artiste n'est pas une sorte de plagiaire du réel, se contentant de copier, de représenter le monde.

De ce point de vue, nous pouvons jouer sur le verbe " représenter " qui signifie littéralement " présenter deux fois ".

Il ne s'agit pas en effet de se limiter à une imitation servile du monde.

Si l'art n'était qu'imitation de la nature, il serait - comme le dit Hegel - alors une activité oiseuse et superflue (cf.

ci-dessous).

Quelle est alors la valeur et la finalité du travail de l'artiste ? C'est une sorte de révélation, d'épiphanie de ce que nos yeux ne voient pas, ne veulent pas voir ou ne voient plus.

L'art nous offrirait un rapport plus réel et plus immédiat aux choses (Cf.

l'analyse de Bergson).

C'est ce que veut dire " rendre visible " ou " créer le visible ".

Ainsi, l'art fait que nous ne sommes plus dans un rapport utilitaire au monde et aux choses.

Un rapport utilitaire aux choses qui nous entourent nous conduit à ne saisir le monde que sous un certain aspect.

L'art nous révèle le monde autrement, nous le dévoile autrement.

C'est dans une telle perspective que Heidegger, philosophe allemand du XXème siècle, assimilera l'art à la vérité.

Il ne faut pas alors entendre la notion de vérité dans son sens logico-mathématique, le terme de vérité renvoie à son sens premier de dévoilement, alèthéia en grec.

Ce n'est donc pas ainsi à partir de la question du beau que le problème de l'art peut être saisi : une œuvre d'art n'est pas nécessairement belle ; ce n'est pas non plus sa fidélité à ce qu'elle représente ou sa perfection dans la représentation qui fait d'elle une authentique oeuvre d'art.

L'œuvre d'art serait ce qui dévoile, ce qui convertit et transforme notre regard sur le monde en nous le donnant à voir autrement que dans notre rapport quotidien où accaparés par l'action et le souci pratique, nous ne voyons plus les choses en ellesmêmes. Par cette affirmation, Paul Klee déclare que l'art a le pouvoir d'enrichir les perspectives de la vie en dévoilant des réalités auxquelles nous sommes d'ordinaire aveugles.

Le pouvoir de l'art est donc de faire apparaître une multiplicité d'approche du monde réel afin de nous en faire découvrir la richesse et la complexité.

En effet, l'originalité et la diversité des « réalités » mises en avant par l'art n'a d'égal que le nombre infini d'artiste, puisque chacun présente une vision particulière du monde, une approche de la vie qui lui est propre et qui vient enrichir la notre.

La question est de savoir si cette thèse se révèle juste, si elle peut être confirmée et si l'art a réellement la faculté de dévoiler une pluralité d'approche de la réalité en élargissant et même en transformant notre rapport coutumier à la vie.

L'art a t-il le pouvoir d'enrichir notre perception du réel ? Proposition de plan : 1- Dans la conception classique, héritée de la culture de la Grèce antique, l'art est une simple reproduction, imitation de la vie réelle qui de ce fait ne nous permet pas d'élargir les limites de la vie, mais qui en rend simplement compte. · · · Les réalités que nous présentent l'art sont celles auxquelles nous sommes confronté dans la « vraie vie », dans la « réalité » concrète de notre existence et elle ne nous apporte rien de nouveau.

Au lieu d'élargir les limites de la vie, l'art nous confine à l'intérieur de ces mêmes limites. Platon : critique de l'art d'imitation (mimésis) dans La République.

L'art illusionne, il ne révèle rien mais imite le réel de façon trompeuse. Si l'art n'est qu'une imitation alors il ne peut nous permettre de varier notre approche du monde.. »

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