Les preuves viennent-elles à bout des préjugés ?
Extrait du document
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PROBLEMATIQUE ENVOYEE PAR L'ELEVE: Si le préjugé peut être assimilé à l'opinion, au jugement sans savoir, au simple avis, il
semble qu'on puisse immédiatement dire que le préjugé ne vaut rien au regard de la preuve.
En effet, préjuger, c'est juger avant,
avant de connaître, avant de savoir, avant d'avoir vu…et lorsqu'on dit d'une personne qu'elle est pleine de préjugés, c'est bien pour la
condamner.
Au contraire, la preuve renvoie à un usage de la raison puisqu'elle est, dans un sens premier ce qui oblige l'intelligence
ou la raison à admettre la vérité d'une proposition.
La preuve serait au préjugé ce que l'opinion est à la science et vous pouvez ici
penser aux analyses de Bachelard qui, dans La Formation de l'esprit scientifique dit ainsi que l'opinion pense « mal, elle ne pense
pas et traduit des besoins en connaissances ».
Vous pouvez également penser à la notion de preuve dans le domaine de la justice.
Là où une preuve est amenée on possède des éléments qui établissent ou non la culpabilité d'un individu et on distingue la preuve
de la simple présomption qui elle-même semble déjà avoir plus de valeur que le préjugé.
Ainsi, dans de nombreux domaines vous
pouvez montrer en quoi la preuve a plus de valeur que le préjugé qui d'ailleurs ne semble pas en avoir.
Néanmoins, la question
posée ne vous demande pas simplement de déterminer ce qui vaut le plus, mais en vous interrogeant sur la question de la valeur,
elle vous demande aussi implicitement de déterminer ce que peut la preuve face au préjugé.
En effet, que la preuve ait plus de
valeur, cela ne semble faire aucun doute au regard d e la justice, de la vérité, d e la science…mais n'y a-t-il pas une fermeté du
préjugé telle que la preuve peut se retrouver parfois inefficace face au préjugé ? Vous pouvez ici partir d'exemples simples en vous
demandant s'il est toujours si facile de combattre l'opinion et les préjugés.
En effet, celui qui est dans l'opinion peut parfois être
radicalement sourd à tout argument.
Pensez ici aux prisonniers au fond de la caverne dans le texte de Platon au début du livre 7 de
la République.
Vous pouvez également prendre des exemples dans l'histoire des sciences.
Pensez par exemple à Galilée et aux
difficultés qu'il a pu rencontrer.
Vous pouvez sur ce point lire la pièce de Brecht, La Vie de Galilée.
Vous pouvez aussi prendre des
exemples dans le domaine politique.
Vous pouvez montrer comment des préjugés peuvent se répandre et acquérir une force énorme
qui fait qu'une foule ou même qu'un peuple entier peut y adhérer.
Il faut donc vous demander plus précisément à quelles conditions
une preuve peut avoir une valeur face au préjugé.
Vous pouvez revenir aux sens premiers que nous avons évoqués : la preuve
s'adresse à la raison, à quoi le préjugé s'adresse-t-il ? Comment faire en sorte que la preuve puisse être entendue ?
[Aucune idée ne peut être soutenue si l'on prouve le contraire.
Aucune opinion ne peut être soutenue si l'expérience démontre qu'elle
est fausse.
Un préjugé est une opinion injustifiée.
La seule manière d'en venir à bout, c'est de prouver qu'il ne correspond pas à la
vérité.]
Le préjugé est une croyance
Un préjugé est un «jugement» fait «avant» d'avoir examiné objectivement la réalité.
C'est une croyance que nous tenons pour
objective parce qu'elle flatte l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes.
Comme le dit Goethe: «La vérité demande que nous
nous reconnaissions pour des êtres bornés; l'erreur nous berce de l'idée que, d'une manière ou d'une autre, nous sommes infinis»
(Pensées).
Le libre examen dissipe les superstitions
La meilleure manière de venir à bout de ces croyances, c'est de démontrer qu'elles sont injustifiées.
Ainsi, pour Pierre Bayle, au
XVIIe siècle, l'on peut prouver que les prétendus miracles sont des phénomènes naturels explicables scientifiquement.
Le libre
examen, l'exercice critique d e la raison permettent de dévoiler les superstitions sur lesquelles la religion assoit indûment son
autorité.
La science réfute les préjugés
L'on peut infirmer les préjugés racistes en prouvant qu'ils n'ont aucune base scientifique ou morale.
Biologiquement parlant, en
effet, aucune race n'est supérieure aux autres.
De même, on peut démontrer par l'expérience que la fumée du tabac est nuisible
pour la santé ou que les femmes peuvent avoir les mêmes responsabilités que les hommes au sein de l'entreprise.
[Les préjugés incitent parfois à refuser de reconnaître les preuves.
La force des préjugés est telle que l'on peut refuser de reconnaître
son erreur, même lorsque celle-ci nous est démontrée.
Il est très difficile de faire valoir des preuves contre certains préjugés.]
On préfère les préjugés à la vérité
Le propre des préjugés est d'être tenaces et de résister même à une réfutation expérimentale.
La croyance aux miracles, p a r
exemple, n'a pas disparu malgré l'avènement d e l'esprit scientifique.
Le nationalisme, la peur de l'étranger subsistent aussi, en
dépit de plusieurs siècles de combat contre l'intolérance.
Nos valeurs et nos préjugés culturels sont plus forts que la vérité.
On peut refuser les preuves
Il est très difficile de prouver que certains préjugés sont faux.
Les racistes rejetteront les explications scientifiques qui contredisent
leurs idées, en disant que les scientifiques sont dans l'erreur.
De même, on peut faire des tests pour démontrer que les aliments
génétiquement modifiés sont dangereux (ou au contraire inoffensifs) pour l'homme, mais ceux qui pensent le contraire refuseront
leur validité.
Les préjugés naissent de la passion
L'orgueil, la crainte de perdre leur identité poussent certaines personnes à s'accrocher à leurs préjugés comme à des certitudes,
même si on leur prouve qu'elles ont tort.
La passion qui donne naissance aux préjugés ne veut pas entendre raison et reste aveugle
à l'évidence..
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