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Les passions: liberté ou servitude ?

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« Les Passions : Liberté ou servitude ? Le terme « passions » est plurivoque ; il peut signifier dans un sens plutôt commun ce qu'un individu affectionne tout particulièrement et dans un sens plus philosophique, les passions sont ce qui s'opposent à la raison ; c'est-àdire un simple ressenti, des désirs, des penchants pour telle ou telle chose... Reste à se demander si l'une ou l'autre passion est une atteinte à la liberté de l'individu ou si au contraire elles sont les conséquences de sa liberté ou le rendent libre. I) Est-on libre quand on est passionné par quelque chose ? A) Il semblerait, dans un premier temps, que nous soyons libres de choisir nos passions.

J'ai en effet choisi de m'intéresser au sport ou à la littérature française etc. B) Le terme « passions » peut être rapproché du terme passivité : est passif celui qui subit.

L'individu qui a des passions leur est donc soumis.

Le passionné n'est donc pas actif et libre mais passif et asservi. C) Certaines passions peuvent devenir trop envahissantes et rendre l'individu prisonnier.

En effet, la passion pour le jeu, par exemple, peut devenir excessive voire pathologique.

Une addiction à certaines passions doit être envisagée.

Dans le cas où une passion prend une place trop importante dans la vie d'un individu au point qu'il ne peut penser ou faire autre chose, alors une passion particulière peut être source de servitude. Stendhal a très bien décrit ce processus psychologique sous le nom de cristallisation.

Une branche banale, jetée dans les salines de Salzbourg, est retirée toute couverte de cristaux, étincelante comme un bijou. C'est une image exacte de ce qui se passe dans l'état de passion.

Une femme médiocre paraîtra divine à celui qui en est passionnément amoureux, parce que tous ses rêves, tous ses souvenirs viennent « cristalliser » sur l'objet de sa passion.

C'est sans doute pour cela que les amours des autres nous sont généralement incompréhensibles.

L'objet de la passion apparaît le plus souvent dérisoire pour celui qui en juge de l'extérieur, objectivement.

C'est le passionné qui l'enrichit de tout ce qu'il projette sur lui.

On a dit que l'amour était comme les auberges espagnoles.

Dépouiller les êtres de tout ce que nos passions leur prêtent, c'est les réduire à eux-mêmes, cad souvent à peu de chose.

Le héros de Proust note avec lucidité qu' « Albertine n'était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre générateur d'une immense construction qui passait par le plan de mon cœur.

» Proust a montré en des analyses admirables, que l'objet d'une passion était son prétexte plutôt que sa source.

Ce sont les femmes à peine connues et restées mystérieuses qui suscitent les passions les plus intenses, précisément parce que rien ne fait alors obstacle au processus de cristallisation Tout ce qui est susceptible d'accroître le mystère de l'objet aimé (par exemple lorsque celui-ci se dérobe à notre approche) intensifie la passion, précisément parque le phénomène de la cristallisation, de la projection psychologique est favorisé par l'éloignement, l'évanescence de l'être aimé. II) Les passions dans leur opposition à la raison. A) Les passions, en s'opposant à la raison, se situent du côté sensible de l'homme.

C'est-à-dire que ce sont elles qui font de lui un être naturel, soumis aux lois de la nature et possédant des besoins naturels.

Si elles seules gouvernent l'homme, alors celui-ci n'est qu'un être sensible et demeure un animal.

[Montesquieu, De l'Esprit des Lois, Livre I, chapitre I]. B) Les passions empêchent l'homme de réfléchir ; sa raison se soumet à ses passions qui sont trop fortes et le plongent donc dans une incapacité à utiliser sa raison.

Le passionné fait en général le contraire de ce que lui imposerait sa raison ; il agit sans aucune réflexion.

Pour Platon, les passions obligent la raison à se pervertir pour leur obéir.

[Platon, La République] C) Il apparaît donc que l'homme ne peut se définir par ses passions, puisque celles-ci ne font de lui qu'un animal parmi les autres.

L'homme est donc soumis à ses passions alors que c'est par la raison qu'il est libre. Selon Kant, en effet, suivre ses passions ramène l'homme à l'hétéronomie, c'est-à-dire qu'il ne se donne plus à lui-même ses propres lois, par le biais de la raison.

L'homme soumis à ses passions n'est pas autonome et ne peut donc agir librement.

Les passions, en s'opposant à la raison, s'opposent aussi à la possibilité de la morale.

[Kant, Métaphysique des Moeurs]. »

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