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LES OEUVRES D'ART NOUS ENSEIGNENT-ELLES QUELQUE CHOSE ?

Extrait du document

« Il est fréquent que des reproductions d'oeuvres soient utilisées — dans un ouvrage d'histoire, de littérature, etc.

— à titre de documents: le lecteur est invité à vérifier dans un tableau ou sur une sculpture le costume de l'époque, la façon dont on s'assoit au Moyen Age, ou les indices de hiérarchie sociale lors du couronnement de Napoléon.

Mais on peut se demander si, ainsi utilisées, les oeuvres d'art sont bien respectées pour ce qu'elles sont: les oeuvres d'art nous enseignent-elles quelque chose? Le peuvent-elles? Le doivent-elles? Considérée comme un document, l'oeuvre perd sa dimension esthétique puisque c'est son contenu apparent qui passe au premier plan, et que l'on n'est plus attentif à son organisation formelle.

L'oeuvre trouve alors une finalité externe : elle est là pour donner une information et sa finalité intrinsèque (Kant), la façon dont ses différentes parties s'organisent en une totalité autonome, est, au moins momentanément, oubliée.

Dans de telles circonstances, elle se distingue mal, ou plus du tout, d'une banale illustration documentaire.

Il est clair, de ce point de vue, que si je lis Balzac pour savoir comment on s'habille à Paris au début du XIXe siècle, j'oublie ce qui donne au texte sa dimension littéraire et j'aurai plus vite fait de consulter une étude historique sur la question. Deux cas peuvent être particulièrement traités : — il est vrai que, pendant des siècles, l'art a aussi rempli des fonctions d'enseignement.

Ainsi la peinture romane était-elle le substitut des textes sacrés proposé à une population analphabète.

Déduire de cette portée initiale qu'elle ne ferait pas partie de l'histoire de la peinture serait sans doute excessif, mais on peut néanmoins remarquer que ce qui nous y intéresse aujourd'hui n'est plus son aspect didactique.

Pire : nous ne nous attachons qu'aux exemples dans lesquels ce dernier s'accompagnait d'un travail proprement pictural, suffisant pour passer aujourd'hui au premier plan.

Il est une catégorie d'« art qui veut incontestablement enseigner: c'est l'art dit «engagé» — réalisme socialiste, art nazi, etc.

On constate que le sujet et ses intentions y sont tellement présents qu'ils interdisent toute recherche esthétique (l'art des pays totalitaires est toujours académique).

Continuer à les qualifier d'art témoigne de laxisme — ou d'ironie (puisqu'il s'agit souvent d'exemples remarquables de kitsch). Kant affirme que le beau est ce qui plaît « universellement sans concept».

En principe, c'est pourtant le concept qui est universel, et c'est bien de son côté que peut s'élaborer la connaissance authentique.

Mais l'oeuvre d'art propose, en guise d'universalité, un plaisir — c'est-à-dire une relation aux formes sensibles qui n'a rien de commun avec la connaissance, le savoir ou l'enseignement. · « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Ø « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction. Ø « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».

Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne peut le prouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas législateur.

En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a mises pour connaître quelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier, telle fleur, telle œuvre musicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il l'envisage sous l'aspect du règne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel dans une musique, il faudra qu'il l'envisage sous l'angle des règles de composition.

Il aura des concepts mais point de beauté: « quand on juge des objets simplement par concepts toute représentation de la beauté se perd ».

C'est ce qui peut arriver quand un traque d'art explique un poème...

Comme la beauté est toujours saisie sur un objet concret, matériel, singulier, il n'y a pas de règles universelles du beau.

Le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance.. »

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