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Les mythes ne sont-ils qu'une invention de l'imagination ?

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« Introduction Il fut un temps où célébrer le pas sage du mythe à la raison prenait une dimension proprement fabuleus e.

Selon cette manière de voir les Grecs auraient subitement remplacé leurs croyances bizarres par une explication pré-scientifique du monde dont ils auraient tiré profit pour vivre raisonnablement sur les bases d'une recons truction rationnelle de leur société.

Bien sûr c ette imagerie quelque peu naïve ne tient pas compte du fait que les mythes ont non seulement continué à prospéré à l'ombre de la pensée rationnelle, mais que l'avènement d'une société scientifique n'a pas eu la vertu de l e s faire disparaître, aus si pourrait-on se demander s i Les mythes ne sont-ils qu'une invention de l'imagination ? 1.

Faiblesse explicative du mythe a.

Si le mythe est une manière de s'expliquer symboliquement le monde, il est certain qu'il ne répond pas aux exigences de la raison qui distingue ce qu'il n'a de cesse de confondre.

P enser en effet, c'est identifier à travers des catégories précises, et à ce titre le principe de non-contradic tion ne saurait tolérer les lic ences logiques qui malmènent la stabilité de la signification et de la référenc e. b.

En outre la fragilité explic ative du mythe se signale en ce qu'il pervertit cons tamment le principe de causalité.

A u mieux, il prend le déterminis me qui parle de nécessité c onditionnelle pour un fatalisme qui le transforme en néc essité aveugle et au pire il invoque des interventions miraculeuses qui violent le principe de régularité des lois naturelles. c.

C 'est dire si l'anthropomorphisme dont il fait preuve le conduit à prêter des intentions à la nature là où l'explication rationnelle ne verrait qu'un système de lois étrangères à des fins.

En d'autres termes, le mythe ne rend pas compte du monde mais bien plutôt de l'impuissance de ceux qui y sont soumis . II.

Le triomphe de la raison a.

Et c'est pourquoi l'emprise des mythes sur les hommes n'a cess é de se relâcher à mesure que les sciences leur fournissaient les explications à mêmes de les libérer de la peur de l'inconnu et du souci de confier à des entités personnifiées le soin de satisfaire leurs aspirations. b.

M ais surtout la raison a eu rais on du mythe en ce qu'elle a habitué l'esprit à rendre raison publiquement de ses croyances ou de ses certitudes c 'est-àdire à ne rien affirmer ou à ne rien lais ser affirmer qui ne soit exposé aux tests d'une réfutation pos sible.

A ffirmer, ce n'est pas suggérer ou laisser croire mais démontrer. c .

A cet égard le triomphe de la raison paraît définitivement a s s u r é d è s l o r s que les religions elles-mêmes concèdent que les réc its fabuleux qu'elles véhiculent ont moins valeur de vérité que valeur métaphorique ou allégorique dont il convient de dégager les contenus rationnels pour les rendre non seulement compatibles avec les s cienc es mais aussi avec les valeurs dont nous nous réclamons . III.

Limites du pouvoir de la raison a.

Pour autant, il serait hasardeux de sures timer le pouvoir de la raison.

Une chose est d'ébranler la crédibilité des mythes, autre c hose est de les faire disparaître, car le mythe relève de la croyance c'est-à-dire d'une attitude propos itionnelle et si comme H ume le soulignait la rais on peut montrer la fauss eté d'une proposition elle a peu de pouvoir sur l'attitude qui commande de l'adopter. HUME : LA RAISON EST ÉTRANGÈRE À LA MORALE M alebranche, c omme Descartes, voit dans la raison une faculté de bien juger en général, c'est-à-dire de distinguer tant le bien du mal que le vrai du faux.

M ais n'est-ce pas là une c onception erronée de la raison ? En effet (c omme le remarque ici Hume à propos des pass ions ) la raison étant la faculté de raisonner, c'est-à-dire de c ombiner logiquement des concepts ou des propositions, elle ne peut se prononc er que sur le vrai et le faux, et non pas sur le bien et le mal. « Si une passion ne se fonde pas sur une fausse supposition et si elle ne choisit pas des moyens impropres à atteindre la fin, l'entendement ne peut ni la justifier ni la condamner.

Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt.

Il n'est pas contraire à la raison que je choisisse de me ruiner complètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une personne complètement inconnue de moi.

Il est aussi peu contraire à la raison de préférer à mon plus grand bien propre un bien reconnu moindre.

Un bien banal peut, en raison de certaines circonstances, produire un désir supérieur à celui qui naît du plaisir le plus grand et le plus estimable ; et il n'y a là rien de plus extraordinaire que de voir, en mécanique, un poids d'une livre en soulever un autre de cent livres grâce à l'avantage de sa situation.

Bref, une passion doit s'accompagner de quelque faux jugement pour être déraisonnable ; même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable, c'est le jugement.

» ordre des idées 1) T hèse centrale : la raison ne peut juger une passion par elle-même, en tant que fait, mais seulement les jugements qui accompagnent (éventuellement) c ette passion, comme - la s upposition de l'existenc e d'objets qui n'exis tent pas en réalité (par ex.

une peur fondée sur quelque chose qui n'existe pas). - le c hoix de moyens pour atteindre un but projeté, pour satisfaire la pass ion (par ex.

l'emploi de talismans pour gagner au jeu). 2) Deux exemples illustrent cette thès e.

La raison n'a rien à dire - sur le fait que je décide de me ruiner pour quelqu'un que je ne connais pas ; - sur le fait que je préfère un bien moindre à un bien supérieur.

C ar c es deux faits ne sont pas des jugements, des raisonnements. b.

O n sait à ce propos qu'il ne suffit pas d'avoir raison pour convaincre.

Et c 'est pour l'avoir oublié que les soc iétés les plus rationnelles ont pu succomber aux mythes de « l'homme providentiel » ou de la supériorité de la rac e lors même que leur haut degré de culture paraissait les immuniser contre leur émergenc e. c.

Qu'est-ce à dire sinon que la tendance à produire des mythes correspond moins à une étape révolue de l'histoire qu'à une fonction fabulatrice ancrée dans l'homme et les sociétés et qu'il leur revient d'aménager des conditions de vie assez raisonnables pour qu'ils s'abstiennent d'abandonner leur devenir aux séduc tions de l'irrationnel. Conclusion La raison a bien eu raison du mythe si on considère qu'il ne peut concurrencer la rationalité sur le plan épistémologique, mais s'il persiste à produire s es effets malgré la présence du vrai, c'est qu'il relève moins de l'erreur que de l'illusion.. »

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