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Les mots nous éloignent-ils des choses ?

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« POUR DÉMARRER Un sujet qui vous interroge sur les mots, ces sons ou groupes de sons correspondant à un sens, entre lesquels se distribue le langage.

Dissimulent-ils le réel ? Le dérobent-ils à la vue ? Empêchent-ils de le voir et le cachent-ils à la connaissance ? Une question paradoxale puisque les mots représentent, en principe, les choses. CONSEILS PRATIQUES Réfléchissez sur les mots et le langage, les seuls moyens d'accès aux choses et au réel.

Notez bien que si les mots dissimulent, par leur imperfection descriptive, en même temps ils dévoilent (selon leur projet initial).

Ils manifestent en cachant: d'où un plan synthétique et progressif. BIBLIOGRAPHIE BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, PUF. HEGEL, La Phénoménologie de l'esprit, Préface, Aubier. Brice PARRAIN, Essai sur la nature et les fonctions du langage, NRF-Gallimard. Prenez soin de préciser immédiatement que, par delà l'opposition des mots et des choses, c'est le rapport entre le monde et le langage qui est en jeu dans ce sujet. Certes, les mots, parce qu'ils sont nécessairement généraux, nous empêchent de saisir la singularité des choses sur lesquelles nous apposons des noms.

C'est la position critique de Bergson à l'égard du langage.

Les mots sont des instruments qui nous permettent de manipuler les choses sans nous soucier de leur essence propre.

Le monde naturel des choses disparaît derrière l'univers, intégralement humain, du langage. Toutefois, pour parvenir à l'idée qu'il existe des choses distinctes de nous, nous avons besoin des mots.

En effet, si nous en restons à la pure sensation, comment poser un sujet identique à lui-même au fil du temps et différent d'un objet lui aussi stable ? Il nous faut prendre conscience de cette opposition fondamentale, par l'invention de noms qui distingueront ce qui est moi et ce qui ne l'est pas.

L'émergence de la conscience et celle, corrélative, d'un monde en face de cette conscience passent par la conceptualisation et donc le langage. Nous avons vu qu'il n'y a pas de pensée sans langage.

Mais qui n'a pas fait l'expérience de « chercher ses mots » ? Cette expérience témoigne de l'existence d'une pensée antérieure à la parole, d'une antériorité à la fois de temps et de causalité.

Il y a là quelque chose que nous pensons comme un « encore à dire », une sorte de pensée antérieure à tout discours, même intérieur.

Tantôt nous ne trouvons pas les mots pour le dire soit parce que, jusqu'à présent, cela n'a pas encore été dit et qu'il faudrait avoir recours à des mots nouveaux, soit parce que notre pensée refuse de faire surface et d'émerger des profondeurs de l'esprit.

Tantôt nous trouvons les mots, mais, une fois ceux-ci trouvés, nous avons le sentiment que le langage a pacifié notre pensée, qu'il l'a faite passer à l'être et au repos, voire qu'il l'a pétrifiée. Dans le langage, notre pensée a son « domicile », elle se possède elle-même ; la pensée est un désir que le langage satisfait, mais cette satisfaction ne peut être que provisoire.

Dans la mesure où le mouvement tend vers le repos, la volonté vers l'habitude, la satisfaction du mot est provisoire puisque le mot est fixe tandis que la pensée est dynamique. Le mot réalise donc la pensée, lui donne une extériorité mais en même temps il la réalise sous une forme particulière qui va exclure d'autres formes.

Le mot n'est qu'une des possibilités de la pensée, il n'est qu'un vêtement.

Le mot est plat, précis, net déterminé et n'a aucune auréole.

La pensée est toujours plus nuancée, plus riche.

La pensée est toujours plus profonde que le langage.

Il y a donc un ineffable qui n'est pas seulement le monde du coeur ou des sentiments mais qui est aussi la pensée –cette pensée qui ne peut être traduite par les mots. (a) Les mots nous éloignent des choses ou Le langage comme inconvénient. ¨ Bergson et le mot-étiquette. Le langage n'est-il qu'une médiation, un obstacle, entre langage et pensée, langage & réalité, ou peut-il se comporter en intermédiaire fidèle ? N ‘arrivons-nous à penser qu'en dépit des mots, que malgré le langage ?. »

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