Les machines pensent-elles ?
Extrait du document
«
PREMIERE CORRECTION
On parle depuis un certain temps d'intelligence artificielle, considérant alors qu'on est en mesure désormais de
construire des machines dotées de pensée.
Ainsi, ce qu'on a jusqu'alors considéré comme relevant du propre de
l'homme serait accessible à la machine à partir du moment où on est capable
d'en construire qui soient
suffisamment perfectionnées.
On constate déjà que
les ordinateurs que nous pouvons avoir à domicile sont
capables d'effectuer
des tâches beaucoup plus rapidement que l'esprit humain peut le faire.
Déjà
de simples
machines sont capables de calculer très rapidement.
Cependant, plusieurs questions se posent.
Peut-on en effet,
assimiler la pensée au calcul ? Il faut également se demander si la notion d'intelligence artificielle ne relève pas
d'un abus de langage.
La question consiste donc à
se demander si on peut réduire la pensée à de simples
mécanismes neuronaux.
On a vu des expériences de jeu d'échec entre des machines et des êtres humains qui
ont parfois conduit à affirmer que la machine pouvait penser.
Avant de répondre trop rapidement, il est nécessaire
de préciser ce qu'il
faut entendre par pensée.
On sait qu'un ordinateur, par exemple, qui joue
aux échecs,
envisage à chaque fois plus de 20 millions de configurations possibles, alors qu'un être humain ne dépasse pas la
centaine.
Le mode de fonctionnement semble alors totalement différent puisque l'être humain ne retient pour
commencer que les attaques les plus intéressantes.
De même, on constate des difficultés lorsqu'on fait appel à
des machines pour traduire
une langue par exemple.
Ces deux exemples montrent que la pensée n'est pas
seulement calcul, elle est compréhension.
On peut aussi remarquer que si nous sommes parvenus à créer de
puissantes machines de calcul, on est incapable de reproduire ce qu'on nomme le sens commun.
La conscience,
comme capacité de se représenter ses propres raisonnements, ses affections et ses actes semble ainsi propre à
l'homme.
Ces deux points de différence, la compréhension et l'existence chez l'homme d'un sens commun sont justement ce
qui permet à l'homme de se déterminer, de choisir entre différentes représentations, non en vertu d'un calcul et d'un
résultat logique mais en fonction de fins qu'il se donne.
Ainsi, pour aborder le problème qui vous est posé, vous allez devoir construire, au cours de votre devoir une
définition de la pensée.
Si vous identifiez la pensée au calcul, vous pouvez sans doute montrer que les machines
pensent.
Mais la pensée n'est-elle que cela Si le calcul est bien un acte de pensée, il semble ainsi que ce soit
grâce à la pensée humaine que les machines aient pu se voir doter de la capacité de calculer.
Si elles calculent, il
semble en fait que ce soit l'homme qui pense.
Le problème que révèle le sujet peut dès lors se comprendre dans un sens éthique.
Car si nous pouvons aujourd'hui
nous poser la question de savoir si les machines pensent, n'est-ce pas que nous nous faisons, à travers les
exemples des machines, une vision réductrice de la pensée ? Une telle vision, qui emploie les termes révélateurs
« d'intelligence artificielle » ne risque telle pas d'oublier ce qui fait la particularité de l'homme parmi les autres
étants, à savoir non pas tant sa capacité à effectuer un raisonnement logique que de se déterminer lui-même à
partir de ce qu'il pense ? L'anthropomorphisme qui consiste ici à identifier les processus mécaniques à la pensée
humaine n'est pas sans danger puisqu'il risque de promouvoir une conception de l'humain réductrice, voire
déshumanisée, peut-être incapable de penser l'individu particulier en chaque homme.
1)
Les machines les plus sophistiquées sont douées d'une puissance de calcul.
Cependant, là où le calcul de l'ordinateur peut être
réductible à une suite mécanique d'opérations, la pensée fonctionne sur le mode de la compréhension, comme mode de connaissance
intuitif et synthétique.
L'homme semble ainsi avoir le privilège de la pensée, dont le propre est de mettre en oeuvre une puissance de
détermination.
C'est cette capacité ainsi que celle de s'adapter à des circonstances nouvelles, qui semblent en premier lieu
différencier les processus propres aux machines de ceux de la pensée, les premiers étant réductibles à des réactions mécaniques, les
seconds étant dynamiques et « interactifs ».
Et je m'étais ici particulièrement arrêté à faire voir que, s'il y avait de telles machines, qui eussent les organes et le figure d'un singe, ou de quelque
autre animal sans raison, nous n'aurions aucun moyen pour reconnaître qu'elles ne seraient pas en tout de même nature que ces animaux ; au lieu
que, s'il y en avait qui eussent la ressemblance de nos corps et imitassent autant nos actions que moralement il serait possible, nous aurions
toujours deux moyens très certains pour reconnaître qu'elles ne seraient point pour cela de vrais hommes.
Dont le premier est que jamais elles ne
pourraient user de paroles, ni d'autres signes en les composant, comme nous faisons pour déclarer aux autres nos pensées.
Car on peut bien
concevoir qu'une machine soit tellement faite qu'elle profère des paroles, et même qu'elle en profère quelques unes à propos des actions
corporelles qui causeront quelque changement en ses organes : comme, si on la touche ne quelque endroit, qu'elle demande ce qu'on lui veut dire
; si en un autre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; mais non pas qu'elle les arrange diversement, pour répondre au sens de tout
ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommes les plus hébétés peuvent faire.
Et le second est que, bien qu'elles fissent plusieurs choses
aussi bien, ou peut-être mieux qu'aucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par lesquelles on découvrirait qu'elles
n'agiraient pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leurs organes.
Car, au lieu que la raison est un instrument universel, qui
peut servir en toutes sortes de rencontres, ces organes ont besoin de quelque particulière disposition pour chaque action particulière ; d'où vient
qu'il est moralement impossible qu'il y en ait assez de divers en une machine pour la faire agir en toutes les occurrences de la vie, de même façon
que notre raison nous fait agir.
Descartes
Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus, chaque individu doit apprendre son rôle, n'y
étant pas prédestiné par sa structure.
Il faut donc un langage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore.
Il faut un
langage dont les signes - qui ne peuvent pas être en nombre infini - soient extensibles à une infinité de choses.
Cette tendance du signe à se
transporter d'un objet à un autre est caractéristique du langage humain.
On l'observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler.
Tout de
suite, et naturellement, il étend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la plus lointaine analogie pour.
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