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Les hommes ne sont ils que des machines ?

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« Introduction L'homme peut accomplir des actions « machinales », fruit de l'habitude et de la répétition.

Mais le terme « machine », renvoyant purement et simplement à quelque chose qui fonctionnerait sans liberté, est-il attribuable à l'homme ? On s'aperçoit cependant qu'au fil des conceptions philosophiques, l'homme, en dépit de son pouvoir décisionnel quant à ses actes et à ses idées, a toujours une marque mécanique, qu'elle soit du simple ordre biologique, ou d'un ordre plus englobant, comme le voit dans les théories de l'inconscient, où tout est réglé comme une horloge. I.

Le mécanisme a.

Le mécanisme est une théorie philosophique du vivant, qui consiste à se représenter la nature comme une grande machine, dont le fonctionnement découle strictement de l'agencement des différentes parties.

Le triomphe de cette attitude est lié à la naissance de la mécanique classique, et Descartes en est le plus éminent représentant.

Ainsi, Descartes montrera que la mort d'un homme par exemple est due à la corruption d'une de ses parties (un organe) : « jugeons que le corps d'un homme vivant diffère autant de celui d'un homme mort que fait une montre, ou autre automate (c'est-à-dire autre machine qui se meut de soi-même), lorsqu'elle est montée et qu'elle a en soi le principe corporel des mouvements pour lesquels elle est instituée, avec tout ce qui est requis pour son action, et la même montre, ou autre machine, lorsqu'elle est rompue et que le principe de son mouvement cesse d'agir » (Les passions de l'âme, art.

4 à 6). b.

Dans la Logique du vivant, le biologiste F.

Jacob attribue cette convergence au fait que « l'univers devient soumis à une certaine régularité, à certaines lois ou groupes de lois que nul, même Dieu, ne peut changer et dont la logique s'articule en un ordre de la nature ».

C'est par exemple à cette époque que le biologiste anglais Harvey, inspiré par le modèle mécanique du fonctionnement des pompes, met en évidence le rôle exact du cœur dans la circulation sanguine.

La connaissance du vivant, de l'homme, s'appuie sur le modèle de la machine.

Mais on peut se demander enfin, à la lumière d'une compréhension mécanique de l'homme, qui a construit la machine ? Descartes dira que c'est Dieu ; ainsi, il remet l'irrationnel au sein du rationalisme. c.

Kant critiquera la conception cartésienne de l'homme-machine.

Il rappelle que, pas plus que les montres ne peuvent se reproduire entre elles, une explication strictement mécaniste ne peut suffire à rendre compte de l'existence des êtres organisés complexes.

Ceux-ci témoignent, selon lui, de la « réalité objective » des fins de la nature : « un être organisé n'est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ; mais l'être organisé (comme l'homme) possède en soi une force formatrice qu'il communique aux matériaux, qui ne la possèdent pas (il les organise) : il s'agit ainsi d'une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas être expliquée par la seule faculté de mouvoir (mécanisme) » (Critique de la faculté de juger). II.

la « machinisation » de l'homme a.

L'homme est conditionné par les machines.

On se demande alors quel est le processus dans un régime technique, à savoir si l'homme doit s'adapter à la machine ou la machine s'adapter à la « nature » de l'homme.

Mais il apparaît que ce questionnement est stérile puisque « l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure », et qu'il « s'est adapté à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées » (H.

Arendt, Condition de l'homme moderne).

Selon Arendt, le cas des machines diffère de celui des outils (où tout est au service de l'homme).

En effet, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. b.

Le machinisme aussi montre la part inquiétante du travail en ceci qu'il abêtit l'homme.

La division sociale des métiers est utile est permet l'acquisition d'une habileté intéressante ; mais la division technique des tâches est problématique.

Leur extrême parcellisation ôte toute signification à leur exécution.

Le travailleur, tel Charlot dans Les Temps modernes, ne se représente plus ni le but de son activité, ni même la liaison des différents moments qui la constituent.

Et le caractère répétitif, mécanique des gestes, fait alors du travail une des pratiques humaines les moins intellectuelles, voire les moins humaines.

Plus le travail est rationalisé (taylorisme, fordisme etc.), plus il devient « bête ».

Cette mécanisation inintelligente des tâches témoigne d'un aspect essentiel du travail.

Ainsi Hannah Arendt réduit la définition du travail à la satisfaction animale des besoins par la reproduction du cycle production/consommation. III.

l'homme : une machine désirante. a.

L'homme est une véritable machine psychique chez Freud.

Toute la mécanique inconsciente serait à la base d'une constitution identitaire du sujet.

Ainsi, tout désir, tout choix, toute action, provient d'une origine pulsionnelle inconsciente.

L'homme est une machine qui n'a pas conscience de l'être, et qui a l'illusion d'être pour lui-même le seul régisseur. b.

Deleuze a critiqué le Freudisme au nom de la vocation du désir à l'extériorité.

Deleuze parle de « corps sans organes », vérité du corps selon lui, que la psychanalyse rompt (cf.

L'anti-oedipe).

La psychanalyse et ses schèmes empêcherait l'individu de retourner à ce corps propre, de se libérer de son identité et de son sens, de se rendre disponible pour des expériences désirantes nouvelles : « les machines désirantes nous font un organisme ; mais le corps souffre d'être ainsi organisé, de ne pas avoir une autre organisation, ou pas d'organisation du tout ».

Deleuze critique donc l'idée d'une intériorisation de la multiplicité des désirs (psychanalyse), qui reflète la répression sociale, au profit du schizophrène qui résiste à toute identification, expérimentant infiniment les machines désirantes sur le corps sans organes. Conclusion Le côté strictement mécanique de l'homme est insuffisant à une compréhension globale de l'homme.

D'où les critiques qu'ont pus être adressées à Descartes.

Par ailleurs, la société technique, qui a vu la machine remplacer l'outil, a aussi vu l'homme capable d'être absolument absorbé, dégradé, rabaissé, par rapport à ce qu'il a lui-même produit.

Tout allant dans le sens d'une volonté d'être le reflet d'une idéologie, d'un « père » (en psychanalyse), ou d'un groupe social, on voit avec Deleuze que l'homme s'aliène fondamentalement au contact de ces entités répressives.

L'homme ne sera libre que lorsqu'il arrivera à s'émanciper du caractère étouffant des « faux » désirs humains.. »

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