Les idées de la Raison : le monde (KANT)
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Les idées de la Raison : le monde (KANT)
Sur le monde, la critique de Kant prend une toute autre forme.
Les propositions de la métaphysique sur le
monde sont en effet totalement contradictoires et en même temps, semble-t-il, logiques.
C'est la coexistence
de ces deux thèses, que l'on va exposer ci-après, qui fait dire à Kant que la recherche sur le concept « monde
» est un échec : comment pourrait-il être possible que deux thèses contradictoires soient vraies en même
temps ?
La métaphysique a du monde la représentation suivante : il est la série totale des choses qui s'y écoulent, il
est la totalité des choses.
Dès lors quatre questions peuvent être posées sur cette totalité, qui sont résumées
dans le tableau suivant : cette série des choses qui constituent la totalité est-elle finie ou infinie, dans le
temps et dans l'espace ? Si le monde est une addition de parties, est-il divisible à l'infini ou faut-il s'arrêter à
des éléments qui sont indivisibles ? Si le monde est un enchaînement de causes et d'effets, peut-on remonter
à une cause première ou l'enchaînement est-il illimité ? La relation entre les événements qui se produisent dans
le monde est-elle totalement contingente ou existe-t-il un être nécessaire dont dépendent ces événements
contingents ?
Sans entrer dans le détail des démonstrations qui suivent l'énoncé, on peut se contenter de dire qu'elles
aboutissent à montrer que les thèses, qui sont strictement antinomiques, peuvent être également soutenues
avec succès, ce qui en soi pose un grave problème et indique déjà qu'elles doivent être mal posées.
Kant ne s'arrête pas là : il résout le problème en recourant à l'« Analytique ».
Il souligne qu'il y a dans la
réflexion métaphysique sur l'objet « monde » une impossibilité qui tient aux conditions mêmes de la
configuration de l'esprit humain.
La raison, qui cherche à déterminer l'objet « monde », charge l'entendement
d'une tâche impossible qui est de penser a priori l'idée de la totalité.
Or cette idée ne peut pas être première.
La sensibilité soumet constamment à l'entendement la diversité des phénomènes et ce dernier, à partir de ce
donné de l'expérience, établit des liaisons selon les catégories dont il dispose.
C'est l'expérience qui est donc,
on l'a vu précédemment, première, elle précède l'unification accomplie par l'entendement.
Dans l'idée
métaphysique de monde, il y a une inversion de cet ordre de la connaissance car l'idée de totalité des choses,
qui est celle du monde, y est une donnée première avant toute perception sensible.
L'entendement doit
prouver la totalité du monde, et non la construire à partir de l'expérience.
C'est pourquoi ce même
entendement, incapable de parvenir à une idée de totalité qui échappe à l'expérience, fournit, par défaut, des
démonstrations logiques aussi fausses les unes que les autres.
L'idée métaphysique de monde comme totalité
n'est donc pas légitime devant le tribunal de la Raison..
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