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Les hommes sont-ils faits pour vivre seuls ?

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« L'expression « être fait » signifie que l'homme aurait des finalités dont l'une serait d'être ou de ne pas être seul.

Peut-on faire entrer dans la définition de l'homme une nature d'être social ou solitaire? Comment comprendre l'expression « être seul » ? Bien qu'aujourd'hui son utilisation serve plutôt à signifier qu'un individu est célibataire, nous allons la prendre au sens large, c'est-à-dire au sens de « absolument seul ».

L'homme peut-il avoir pour finalité d'être par essence absolument et par simple utilité, social ? I) La modernité, ligne d'arrivée de la progression irrésistible de l'individualisme ? A) Nous assistons, dans la modernité, à un individualisme de plus en plus important.

Chacun veut savoir se débrouiller seul, sans aide d'autrui.

Les hommes sont donc devenus indépendants mais, paradoxe de la société moderne, recherchent de plus en plus des amis ou amants sur des sites de rencontres, dans des soirées de célibataires etc. Envie d'être indépendants, mais peur d'être seuls.

L'homme semble ne pas être réellement fait pour être seul. B) Si la modernité est le point d'arrivée d'un individualisme en progression peut-on en déduire qu'il est dans la nature de l'homme d'être seul ? Il semblerait que l'individualisme moderne puisse être une perversion de la nature de l'homme alors que l'esprit communautaire de la Cité antique ferait lui partie de l'essence de l'homme.

Perversion ou évolution, quoi qu'il en soit, chez les modernes comme chez les anciens, il est rare que le philosophe sache faire du pain et celui-ci a, par conséquent, besoin de l'autre.

L'utilité est-elle la seule chose qui relie les hommes ? II) La vie en société peut-elle se résumer en le résultat d'un calcul utilitaire ? A) Si la vie en société est purement utilitaire, c'est que par nature l'homme est plutôt fait pour être seul.

C'est ce que nous dit Hobbes, dans Le Léviathan.

Pour lui, à l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme, c'est-à-dire que naturellement les hommes se font la guerre.

La réunion en société n'a pour but que la protection et de survie. [Hobbes, Le Léviathan] Si l'on devait résumer en une seule phrase l'œuvre politique de Hobbes, la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre 13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.

» · · Les éléments fondamentaux sont mis en place : parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contre les agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société se ramène à une guerre perpétuelle ; la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoir commun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui. Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dans l'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie en société, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue. Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». B) Pour Aristote, la Cité est le résultat d'une nécessité de répondre aux besoins naturels de l'homme.

Comme on l'a dit plus haut, tout le monde ne sait pas faire du pain ou construire une maison ; les autres peuvent donc répondre à nos propres besoins.

Or pour Aristote, les besoins reliant les hommes étant naturels, la communauté familiale puis politique le sont aussi.

[Aristote, Les politiques] C) Il semble qu'il faut faire la différence entre la vie en société et la vie en couple.

L'amour, le vrai est-il utilitaire ? Or chacun cherche l'amour, sa moitié, comme nous l'explique Platon dans Le Banquet.

L'amour mutuel est selon lui, inné aux hommes et il réassemble leur nature primitive.

La fondation de la communauté familiale qui découle de cet amour est donc naturelle.

L'homme n'est pas fait pour être seul, puisqu'il recherche une moitié qu'il a perdue. III) Peut-on vraiment dire que l'homme est fait pour quelque chose ? A) Le sujet, tel qu'il est présenté, pose un tout autre problème ; en effet, en disant « les hommes sont-ils faits pour… », il nous amène à nous interroger sur la finalité de l'homme et par là-même sur la possibilité d'un créateur. Faut-il croire que l'homme a été créé, qu'il a une essence ainsi qu'un but final bien défini ou devons-nous plutôt croire que l'homme se donne à lui-même ses propres finalités en tant qu'être libre ? B) Aujourd'hui, nous avons tendance à voir l'homme comme un être libre de ses choix.

L'homme choisi donc les fins qu'il va se donner ; pour nous, par conséquent, être seul, sortir de la société, est le résultat d'un choix.

L'homme ne semble pas fait pour être libre, mais peut décider ou non de l'être.

[Sartre, L'Existentialisme est un Humanisme]. »

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