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Les hommes n'agissent-ils que par intérêts ?

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« [Il est purement illusoire de penser que les hommes puissent agir autrement que par intérêt.

Même lorsqu'il n'y paraît pas, nos actions obéissent à la logique de nos désirs et satisfont notre égoïsme.] La passion égoïste est à l'origine de la morale Le juste et l'injuste en soi n'existent pas; ils ne relèvent que d'une convention.

Seuls l'instinct de survie et le désir de reconnaissance nous font agir.

Selon Hobbes, lorsque nous cherchons des «compagnons», ce n'est pas par «quelque instinct de nature, mais bien pour l'honneur et l'utilité qu'ils nous apportent» (Du Citoyen). Rien ne nous prédispose au bien pour le bien. La bienveillance est une hypocrisie Ce que nous prenons pour une bonne action dissimule en réalité un intérêt égoïste.

Il n'existe pas en l'homme de penchant naturel au bien ou au désintéressement.

Bien au contraire, selon La Rochefoucauld, «l'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé» [Maximes).

En conséquence de quoi, le sens moral est intéressé. L'utilité est le seul critère de la moralité Le désintéressement n'est qu'une vaine chimère.

La société a à composer avec ce que les hommes sont, et non avec ce que les hommes devraient être.

La morale et l'action se réduisent à une technique qui nous garantit les meilleures conditions du bonheur.

Pour John Stuart Mill, «le propre bonheur de l'individu» concourt indirectement à «celui des autres» (L'Utilitarisme). Rappelons d'abord brièvement les formes qu'à prises la Morale utilitaire au cours de l'histoire. A.

— Déjà, dans l'antiquité, ÉPICURE, tout en posant le plaisir comme souverain bien, avait, en réalité, dépassé l'hédonisme pur pour aboutir à un eudémonisme utilitaire, à vrai dire, assez étroit, qui ne reconnaît guère qu'une vertu, l'amitié, laquelle a son principe dans l'intérêt. B.

— Dans les temps modernes, ce sont surtout les philosophes anglais qui ont développé la théorie utilitaire. C'est ainsi que BENTHAM (1748-1832), tout en posant lui aussi que le plaisir est bon en principe, veut que l'on considère surtout les conséquences objectives de nos actes.

De ce point de vue, il y a lieu de tenir compte de la valeur comparée des plaisirs d'après leur intensité, leur durée, leur certitude, leur proximité, leur fécondité et leur pureté (c'est-à-dire l'absence de tout mélange de douleur) et d'établir d'après cela une « arithmétique morale » aboutissant à une évaluation quantitative.

Dans cette évaluation, on devra considérer aussi les conséquences sociales de nos actes; car, si, selon BENTHAM, notre intérêt particulier se confond avec l'intérêt de la société, celui-ci l'emporte cependant sur les intérêts privés parce qu'il les enveloppe tous. C'est de ce point de vue, notamment, que BENTHAM juge le droit et spécialement le droit pénal.

L'expiation proprement dite est une souffrance inutile; mais le châtiment se justifie dans la mesure où il sert à empêcher le crime ou à le rendre plus rare. Cette doctrine a été élargie par J.

Stuart MILL (1800-1873) en un utilitarisme qui tient compte, non plus seulement de la quantité, mais de la qualité des plaisirs.

MILL fonde cette dernière idée sur un argument d'ordre psychologique.

En fait, selon lui, les hommes qui connaissent les plaisirs nobles du coeur, de l'intelligence, de la conscience, leur accordent une préférence marquée par rapport aux plaisirs inférieurs communs à l'homme et aux animaux.

Le bonheur ou l'intérêt — MILL identifie ces deux notions — consiste dans la plus grande somme possible de plaisirs considérés ainsi au point de vue de leur qualité comme de leur quantité.

Stuart MILL ajoute que, l'intérêt général n'étant que la somme des intérêts particuliers, le critérium utilitaire consiste, non dans le bonheur propre de l'agent individuel, mais dans celui de tous les intéressés, dans « la plus grande somme de bonheur général ».

Le droit et la justice, notamment, se ramènent au bien social, à l'intérêt du plus grand nombre.

C'est ainsi également que se justifient même le sacrifice et la vertu désintéressée, car rien n'est plus utile à la société que le dévouement et le désintéressement. Ces théories utilitaires ont été reprises, plus près de nous, en Angleterre, par Henry SIDGWICK (Methods of Ethics, 1875), qui soutient lui aussi un utilitarisme du bien général, le bien étant défini « ce que l'homme désire raisonnablement », et en France par Gustave BELOT (Études de Morale positive, 1907, 2e éd., 1921) qui s'efforce d'établir qu'en fait, ou dans l'opinion des hommes, les règles morales ont toujours une utilité sociale et que la moralité s'est développée sous l'influence des exigences de l'intérêt collectif.. »

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