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Les hommes doivent-ils choisir entre l'exploitation de la nature et sa protection ?

Extrait du document

« L'environnement induit des problématiques sérieuses et quasi aporétiques.

Face à deux choix de vies et de civilisations, entre l'exploitation de la nature pour subvenir à ses besoins et à une protection de la nature qui empêcherait justement toute exploitation de la nature, il est difficile de trouver un juste milieu capable de contenter tout le monde.

L'idée de développement durable, où l'écologie et le développement économique réussissent à se concilier tend à rapprocher exploitation et protection de la nature.

Il y a une sorte de dialectique dont il faudra trouver un troisième moment.

Il s'agira d'un choix que nous-mêmes n'avons pas encore tranché et qui reste à construire. 1) les usages dévastateurs de la nature. Les usages de la nature ont considérablement évolué depuis la deuxième partie du 20 e siècle.

Pour y comprendre quelque chose, il convient de démêler la cause et l'effet.

D'une approche de la nature basée sur la contemplation des grands espaces, l'exaltation de la subjectivité face aux éléments, la recherche de la solitude en mot le plaisir esthétique basé sur le sentiment du sublime, comment eston arrivé à une consommation de la nature beaucoup trop intense pour préserver la nature des dégradations ? Est-ce réellement à des besoins que répond cette bétonisation des littoraux et autres campagnes dites touristiques ou est-ce finalement la chose qui crée un besoin ? Aussi faut-il se demander si ce n'est pas en vérité l'arrière-plan culturel qui a radicalement changé quant à l'approche de la nature et de ses usages.

Pour reprendre un terme d'épistémologie, on a bien affaire à un nouveau paradigme quant à la vision de la nature.

On assiste en somme à une désublimation de notre rapport à la nature.

Loin d'entrer dans une vision culturel de la perception du paysage, l'homme actuel ne perçoit plus la nature à travers le prisme de représentations culturelles héritées de la Renaissance ou des Lumières.

A l'heure de la fin de l'art, le sentiment esthétique a triomphé dans un monde vide d'œuvre d'art.

L'homme actuel recherche l'effet esthétique sans véritablement d'attache ou de support sur lequel appliquer son regard.

Il ne s'agit plus de chercher l'expérience du sublime naturel à partir d'un lieu pittoresque précis, de retourner en quelque sorte en pèlerinage sur des lieux qui ont façonné l'imaginaire culturel mais d'aborder l'ensemble des perceptions de la nature sur un mode esthétique.

Le tourisme de masse, la consommation des biens culturels a entraîné l'appréciation de la nature dans une optique d'une esthétique de la distraction.

La nature a perdu son aura, son lointain, elle ne renvoie plus à un ailleurs, mais au bien-être que l'on peut en retirer ou au délassement du stress que son opposé la ville génère.

L'expérience esthétique est devenue une expérience vivace où l'on se sent bien, elle devient le point de départ d'une pensée hédoniste, d'une redécouverte individualiste de soi au-delà des carcans sociaux.

Le tourisme révèle par là quelque chose de très profond sur la vérité de notre temps.

La nature n'est finalement ornée d'artefacts humains parfois lourds uniquement pour satisfaire ce désir d'expérience esthétique.

Le tourisme de masse que connaissent pratiquement tous les littoraux ne traduit plus qu'un besoin individuel généralisé de cure de sensations esthétiques. 2) Comment concilier protection et exploitation ? Les thèses d'Alain Corbin dans Le territoire du vide sur la naissance du désir de rivage entre 1750 et 1840 ont bien mis à jour le caractère profondément culturel du bain de mer et de l'appréciation des variations climatiques Le vide culturel qui semble présider à la perception de la nature est en vérité le résultat d'une histoire.

C 'est par l'intériorisation des contrôles et des émotions, par la volonté des classes inférieures de la société de se conformer aux normes d'excellence et aux coutumes des classes supérieures que peu à peu s'est installé dans les consciences que l'ensemble de la population s'est forgé une perception particulière de la nature .

Ce n'est pas un conditionnement culturel presque inconscient qui construit le regard de l'homme sur la nature mais en vérité une éducation sociale consciente complètement assimilée qui fonde le procès de la civilisation.

Visiblement l'individualisme, l'intériorité semble impossible à effacer de l'histoire de l'Occident.

De même le tourisme de masse, la civilisation des loisirs sont des données qu'on ne peut plus négliger.

Le problème est que la concrétisation d'un certain nombre de ces représentations se heurte à l'équilibre de la nature et à sa préservation.

Il y a donc une urgence à réfléchir aux nouveaux usages de la nature dont il faut prendre une vue d'ensemble rapidement.

La nature n'est-elle pas devenue un lieu de consommation sans respect de la population locale et de sa culture, un lieu où l'on transporte des modèles urbains sans tenir compte du contexte environnemental et social ? Ce désir de liberté, d'ouverture sur le monde, de redécouverte de la nature se trouve menacé par ces mêmes pratiques touristiques.

Un désir massif d'authenticité est une oxymore, puisque dès qu'une population arrive massivement sur un lieu, il est nécessaire de construire des structures pour l'accueillir, l'acheminer à son but, la nourrir.

L'idée est donc avant tout de résoudre des problèmes qui induisent des dépenses structurelles parfois importante de modifier les regards sur la nature, non pas d'une manière utopique; revenir à une attitude face à la nature qui soit finalement anachronique en dehors des réalités actuelles ; mais retrouver un regard plus substantiel et lucide.

Au-delà d'une satisfaction subjective et égoïste face à la nature, il faut redonner une importance à l'objet de la visée qui est la nature.

En somme, il faut réinvestir la dualité sujet/objet, conscience/nature, et montrer qu'elle peut offrir une résistance aux désirs, que la recherche la plus innocente de plaisir sensible engendre des méfaits dans la nature, et qu'elle n'est pas un objet indéfiniment malléable . 3) La synthèse encore à accomplir. C'est une dialectique du regard sur la nature qu'il faudra exposer dont le troisième moment reste à construire.

Au premier regard de cette dialectique, culturellement formé par les représentations artistiques et les pratiques aristocratiques des voyages et des villégiatures balnéaires, succède un regard sur la nature post-historique après la « fin de l'art » qui est apparu il y a bientôt cinquante ans.

Enfin, un troisième regard, synthèse et dépassement des deux précédents apparaît nécessaire, conscient de la culture qui a constitué la nature depuis la Renaissance, et de la nécessité de préserver ce qui est finalement le berceau de l'humanité et de la culture.

Il ne s'agit pas de dépasser l'histoire et la culture, ni de revenir en arrière mais de modifier la perception d'un milieu naturel toujours plus menacé de disparition.

Avant de mettre en pratique des gestes quotidiens de protection de l'environnement, il serait intéressant de scruter les consciences.

Finalement tant que les mentalités n'auront pas évolué, l'écologie de masse n'aura pas d'impact. A l'inverse des thèses de Marx, l'interprétation du monde est certainement la chose prioritaire à réaliser pour préserver le monde et non le transformer.

La transformation de la nature en fonction des désirs du sujet sans tenir compte de la nature n'est plus à l'ordre du jour. Conclusion. Aujourd'hui, nous sommes les seuls responsables de ce choix, rien ne nous oblige à exploiter la nature sans se demander ce qu'il en sera demain de l'avenir de la Terre.

On est conscient que l'heure n'est pas non plus d'empêcher toute exploitation, le développement doit se concilier avec l'espérance d'une vie meilleure sur Terre, voire d'une vie simplement possible.

Le principe espérance de H.

Jonas dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.

». »

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