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Les autres peuvent-ils faire mon bonheur ?

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« Notre sujet nous interroge sur la nature du bonheur dans son rapport avec autrui ; autrement dit, le bonheur est-il fait par les autres ou bien se réduit-il à une entreprise individuelle ? D'emblée, c'est notre conception du bonheur qu'il faut mettre à l'épreuve : comment pouvons-nous définir le bonheur et qu'est-ce que cela implique par rapport aux autres ? En d'autres termes, le bonheur est-il un état que l'on atteint dans l'isolement ou une activité qui se développe au contact des autres ? C'est, de ce point de vue, la nature politique du bonheur qu'il faut envisager : celui-ci éclôt-il dans l'enceinte de la Cité (polis, en grec) ou bien dépend-il d'autre chose ? Dès lors, si les autres peuvent faire mon bonheur, est-ce en m'aidant à atteindre un état de béatitude, en m'offrant quelque chose (sens courant de l'expression : « faire le bonheur de quelqu'un) ou bien en disposant les conditions d'une vie politique comme souhait d'une vie heureuse ? I – Épicure et l'usage réglé des désirs La conception antique du bonheur, telle qu'on la trouve chez Épicure, repose sur l'idée de vertu.

Celle-ci se dit arétè en grec et renvoie à la qualité propre d'une chose.

On parle ainsi de la vertu d'une plante médicinale.

De ce point de vue, le bonheur consiste, pour l'homme, à développer sa vertu, c'est-àdire sa nature propre.

Or, quelle est cette nature ? L'homme, pour Épicure, est un être rationnel, qui se doit d'agir conformément à la raison.

L'accomplissement de cette nature propre passe notamment par l'usage réglé des désirs, qui permet à l'homme d'atteindre l'ataraxie, c'est-àdire l'absence de troubles dans son âme ou, en d'autres termes, le bonheur. En effet, selon Épicure, le bonheur s'atteint dès que l'âme quitte l'état d'anxiété naturelle dans lequel elle se trouve.

Il s'agit alors d'éloigner les troubles qui lui sont liés en distinguant, par exemple, les désirs naturels et nécessaires, les désirs naturels non nécessaires et les désirs ni naturels ni nécessaires.

En se pliant aux premiers (comme boire de l'eau) et en refusant les derniers (comme chercher la richesse ou la gloire), l'homme accomplit alors ce qui est vraiment en son pouvoir.

Il poursuit des buts raisonnables, et ce faisant il exprime sa vertu, ce qui lui permet d'accéder au bonheur compris comme quiétude, absence de troubles, ataraxie. Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément essentiel de la vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procure un critère parfait de tous les choix que nous avons à faire.

Il réside dans la sensation qui, nous mettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous fait choisir ou exclure.

Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge de ce qui lui convient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous jugeons de ce qui est pour nous un plaisir ou une douleur. Ainsi, nous ne recherchons pas les plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certaines douleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurisme n'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix et fuit la douleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation, critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe : "Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et avec le mal comme s'il était le bien", (Épicure). De ce point de vue, la conception que l'on se fait du bonheur comme entretien d'une qualité propre ou développement d'une vertu, c'est-à-dire comme recherche, pour l'homme, d'une vie réglée et sans troubles, commande la position qu'autrui adopte vis-à-vis de nous.

En effet, autrui ne peut pas faire mon bonheur, puisque celui-ci dépend de l'idée que mon âme se fait des choses (dois-je rechercher la gloire ou non ?).

Au pire, autrui peut même être celui qui me distrait, me détourne de mon but qu'est la paix de l'âme. II – Aristote et les genres de vie. »

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