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Les artistes nous apprennent-ils ce que nous sommes ?

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Les artistes nous apprennent-ils ce que nous sommes ?

Apprendre est l’acquisition de connaissances, d’un savoir, que l’on peut distinguer en deux catégories. Il y a d’une part le savoir théorique, celui qui consiste en un discours sur les êtres et les choses. Mais il existe également un savoir pratique, qui consiste en la connaissance des pratiques appropriées aux diverses situations de la vie, qui débouche sur l’action.

Lorsque nous parlons de « ce que nous sommes » nous évoquons la nature de l’homme, la définition de l’être même des individus humains. Par nature, nous entendons ce qui définit une chose, exprime son essence,  ce qu’elle est en elle-même et ce qu’elle est par rapport aux autres, à savoir  son ipséité et son altérité.

En posant la question « les artistes nous apprennent-ils ce que nous sommes ? » il peut nous sembler que la réponse est incontestablement négative. En effet, les artistes ne nous apprennent nullement ce que nous sommes, pour la bonne raison qu’ils ne nous apprennent rien, la nature de leur activité étant intrinsèquement trompeuse, monteuse, et par là-même, incapable de produire la moindre connaissance. Cependant, l’activité artistique ne produit-elle pas une idée de ce qu’est la nature humaine, notamment en passant par l’édiction de modèles généraux dont nous savons que l’art classique était féru ? De plus, les artistes ne nous donneraient-ils pas une connaissance non pas générale, mais intime, de notre condition d’hommes, inscrits dans le temps et intégrés dans un contexte social qui a sur nous une influence considérable ?

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’art ne nous apprend pas ce que nous sommes en raison de son incapacité à nous apprendre quoique ce soit, ou si au contraire, il ne nous délivrerait pas une connaissance générale et davantage intime sur notre identité. 

« Un artiste est un individu qui pratique cette activité singulière qu'est l'art.

Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme « art » désignait l'ensemble des techniques de production d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Aujourd'hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d'une époque, en s'opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement.

Ni labeur, ni distraction, l'œuvre d'art incarne et suggère un sentiment de la vie. Apprendre est l'acquisition de connaissances, d'un savoir, que l'on peut distinguer en deux catégories.

Il y a d'une part le savoir théorique, celui qui consiste en un discours sur les êtres et les choses.

Mais il existe également un savoir pratique, qui consiste en la connaissance des pratiques appropriées aux diverses situations de la vie, qui débouche sur l'action. Lorsque nous parlons de « ce que nous sommes » nous évoquons la nature de l'homme, la définition de l'être même des individus humains.

Par nature, nous entendons ce qui définit une chose, exprime son essence, ce qu'elle est en elle-même et ce qu'elle est par rapport aux autres, à savoir son ipséité et son altérité. En posant la question « les artistes nous apprennent-ils ce que nous sommes ? » il peut nous sembler que la réponse est incontestablement négative.

En effet, les artistes ne nous apprennent nullement ce que nous sommes, pour la bonne raison qu'ils ne nous apprennent rien, la nature de leur activité étant intrinsèquement trompeuse, monteuse, et par là-même, incapable de produire la moindre connaissance.

Cependant, l'activité artistique ne produit-elle pas une idée de ce qu'est la nature humaine, notamment en passant par l'édiction de modèles généraux dont nous savons que l'art classique était féru ? De plus, les artistes ne nous donneraient-ils pas une connaissance non pas générale, mais intime, de notre condition d'hommes, inscrits dans le temps et intégrés dans un contexte social qui a sur nous une influence considérable ? La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l'art ne nous apprend pas ce que nous sommes en raison de son incapacité à nous apprendre quoique ce soit, ou si au contraire, il ne nous délivrerait pas une connaissance générale et davantage intime sur notre identité. I. L'artiste ne saurait nous apprendre ce que nous sommes, puisque l'activité qu'il pratique n'a rien à nous apprendre a. Les différents degrés de réalité de l'art Nous commencerons par soutenir la thèse que les artistes ne sauraient nous apprendre ce que nous sommes, pour la bonne raison qu'ils sont incapables de nous apprendre quoique ce soit.

A ce titre, l'incapacité des artistes à nous apprendre ce que nous sommes n'est jamais qu'un cas particulier de leur incapacité générale à délivrer la moindre connaissance.

Pour démontrer cette thèse, il nous faut rappeler que les produits de l'activité artistique manifestent un éloignement considérable par rapport à la vérité incarnée par leur modèle.

Telle est la thèse défendue par Platon, pour qui il existe des degrés de vérité distincts.

Par l'exemple, l'art est condamnable d'après Platon dans la mesure où il donne à voir des simulacres et les donne pour des vérités.

L'œuvre d'art est l'image de l'objet qui comprend luimême moins de vérité que l'Idée de cet objet.

Pour Platon dans la République, non seulement l'artiste ne détient pas le savoir de ce qu'il représente (il peut peindre la production d'un menuisier, sans rien connaître à l'art du menuisier) ; mais les produits de son activité ne délivrent aucune connaissance.

En effet, l'œuvre d'art est éloignée « de trois niveaux de ce qui est réellement » (La République, Livre X, 598b).

Car Platon distingue entre trois niveaux de réalité : ce qui est réellement (la forme intelligible) ; le phénomène existant (celui que nous apercevons de manière sensible) ; et le simulacre (la copie artificielle du phénomène existant).

Comme nous le lisons dans la République : « L'art de l'imitation est assurément loin du vrai, et apparemment, s'il s'exerce sur toutes choses, c'est parce qu'il ne touche qu'à une petite partie de chacune, et qui n'est qu'un fantôme.

Ainsi le peintre, affirmonsnous, nous peindra un cordonnier, un menuisier, les autres artisans, alors qu'il ne connaît rien à leur art. Cependant, pour peu qu'il soit bon peintre, s'il peignait un menuisier et le leur montrait de loin, il pourrait tromper au moins les enfants et les fous, en leur faisant croire que c'est véritablement un menuisier ».

La République, Livre X, 598b.. »

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