Les animaux travaillent-ils ?
Extrait du document
«
éléments de réflexion
• On a quelquefois défini l'homme par le fait qu'il « travaillait » qu'il « produisait ses propres moyens d'existence » :
— cf.
Bergson et son « homo faber » ;
— cf.
Marx.
Il est donc quelque peu paradoxal de poser la question « Les animaux travaillent-ils ? »
• Qu'est-ce qui peut amener à poser cette question ?
— méditer notamment sur « l'activité » des insectes sociaux ;
— ne convient-il pas de remarquer que, si l'on entend par travail toute activité de transformation de données naturelles, on doit
convenir que certains animaux « travaillent » ?
• Peut-être serait-il intéressant de dégager ce qu'il peut y avoir de spécifique dans l'activité productive des hommes par rapport à celle
des animaux, afin de « s'entendre » sur la définition du terme « travail » et sur la réponse à donner.
Citation :
« La technique générique (celle des animaux) est...
non seulement invariable, mais également impersonnelle.
La caractéristique
exclusive de la technique humaine, est
qu'elle est indépendante de la vie de l'espèce humaine.
» Autrement dit, elle ne relève pas de l'instinct, mais de la conscience du choix,
de la création et de l'invention.
• Problème des outils et des machines.
L'intervention d'un moyen, dans la transformation de la nature, ouvre une série infinie de médiations, dans laquelle la production ne
peut être que consciente.
L'usage des organes peut être déterminé par l'instinct ; mais l'utilisation des différents outils doit être
intellectuellement conçue et méditée.
D'où, comme le dit Marx, « sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme » le travail doit donc être (et est) une activité
consciente :
« Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire
l'habileté de plus d'un architecte.
Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a
construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
» Le capital, I 7, tome I, p.
181.
Méditer également ce dernier texte de Marx :
« Certes, l'animal aussi produit.
Il construit son nid, son habitation, tels l'abeille, le castor, la fourmi, etc.
Mais il produit seulement ce
dont il a immédiatement besoin pour lui et sa progéniture ; il produit d'une façon partielle quand l'homme produit d'une façon
universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit alors même qu'il est libéré du
besoin physique, et il ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.
L'animal ne produit que lui-même, tandis que l'homme reproduit
toute la nature.
Le produit de l'animal fait, comme tel, partie de son corps physique, tandis que l'homme se dresse librement face à son
produit.
L'animal crée à mesure et selon les besoins de son espèce, tandis que l'homme sait produire à la mesure de toutes les
espèces, il sait appliquer à tout objet sa mesure inhérente; aussi sait-il créer selon les lois de la beauté.
»
plan indicatif
1.
Le travail comme transformation des données naturelles
2.
Caractéristiques spécifiques de l'activité humaine — Organe et instrument.
— Technique générique, impersonnelle et technique personnelle, indépendante de la vie de l'espèce.
— Conscience, choix, invention, création.
— Projet, représentation, conceptualisation.
3.
S'entendre sur la définition du terme « travailler »
— L'important est-il de s'entendre, de définir ?
— Ou l'important est-il d'avoir fait apparaître un certain nombre de distinctions qui nous renseignent plus sur nous que sur les animaux.
— Intérêt de cette interrogation ?
La fable de Jean de La Fontaine n'est qu'une fable...
On sait que pendant que la cigale chantait tout l'été, la fourmi, elle, travaillait...
Pour l'entomologiste la fourmi ne travaille pas.
Elle exécute des tâches génétiquement programmées.
C'est par anthropomorphisme
que l'on a fait de la fourmi, mais aussi de l'abeille, du termite, du castor, des modèles symbolisant une certaine conception du travail.
Il est intéressant de souligner que l'on ne dit jamais d'autres animaux, qui eux aussi sont guidés par l'instinct et accomplissent parfois
des prouesses, qu'ils « travaillent ».
Les coléoptères sont capables de déplacer des fardeaux dont le poids peut être trente fois
supérieur au leur.
On ne dira pas qu'ils « travaillent »: On dira plutôt qu'ils se conforment à l'instinct car, contrairement aux abeilles, les
coléoptères ne « fabriquent » pas une ruche, ne vivent pas en société.
Ils n'offrent donc pas de comparaison possible avec la société
humaine et son organisation du travail.
Qu'est-ce que le travail ?
Le travail suppose l'amélioration des conditions de vie, l'utilisation d'outils, de techniques toujours plus efficaces, la transformation des
matières premières, de la nature.
Le travail est une des expressions de l'intelligence et de la liberté humaine.
Autant de points spécifiques que l'on ne retrouve pas dans le règne animal..
»
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