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Les animaux sont ils meilleurs que les hommes ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - " Les animaux " : ce sont des êtres vivants, et ils se caractérisent de ce fait par leur organisation, le rapport qu'ils entretiennent avec leur milieu, et une capacité d'autoréparation, d'autoformation, de reproduction, et d'autoconservation.

Les animaux plus particulièrement se définissent par leur capacité à se mouvoir eux-mêmes, et par leur sensibilité. - " Les hommes " : Ici, le terme est très vague, mais son emploi semble signifier que l'on distingue l'homme des autres animaux.

A utrement dit, il ne s'agit pas de comprendre le terme homme comme une simple dénomination biologique, comme désignant une espèce animal.

Il faut considérer l'homme avec ses spécificités, le terme regroupe tous les individus conscients. - " Meilleur " : ce terme peut avoir plusieurs nuances de sens, mais dans tous les cas, il désigne une supériorité par rapport à la chose à laquelle on le compare.

Meilleur peut signifier supérieur en bonté (qu'elle soit morale ou simplement gustative), ou en force, ou encore en qualité Construction de la problématique : D'emblée, le sujet sépare le vivant en deux catégories, d'un coté les hommes, de l'autre les animaux, et semble vouloir tenter une comparaison entre les deux, comparaison semblant vouloir aboutir à une hiérarchie.

Mais surtout, c'est la formulation qui choque, ce sont les animaux qui sont posés comme supérieurs aux hommes. Se pose donc la question de savoir pour quelles raisons il serait possible de poser l'animal comme supérieur à l'homme, si cette position est tenable, et dans quel cas elle ne l'est pas. Plan : I/ Les animaux, « inconsciemment » meilleurs que les hommes : Si on entend par « meilleur » une forme de supériorité morale, et s'il est possible de l'appliquer aux animaux, c'est peut-être parce qu'on le considère en comparaison avec l'homme et sa capacité à faire le mal. ● En effe t , il semblerait que l'animal soit incapable de faire le mal volontairement, et que de ce fait, on puisse le considérer comme « meilleur » que l'homme.

Mais est-il réellement plausible de caractériser comme moralement meilleur une entité qui n'a pas la possibilité de faire le mal ? Seul un être qui a le choix d'agir bien ou mal peut-être jugé moralement, ce n'est pas le cas de l'animal, et c'est la raison pour laquelle il est illégitime de dire de lui qu'il est « meilleur » que l'homme. ● C'est ce que souligne Kant dans La métaphysique des mœurs : l'homme seul a un coté intelligible, une raison qui lui permet de choisir ses actes.

Il peut ainsi décider d'agir selon la raison - et donc selon la morale, ou au contraire de la nier pour suivre son coté sensible.

Les animaux ne possèdent pas ce coté intelligible, il leur est donc impossible de choisir d'agir selon la raison, et il ne peuvent donc pas être moraux.

Les animaux ne sont donc pas meilleurs que les hommes si on entend par meilleur « plus moral que… », puisqu'ils agissent par nécessité, et non pas selon un principe moral.

Ce jugement de « meilleur » n'est en réalité qu'une lecture et une transposition humaine de leur comportement. à Il est aussi possible d'utiliser Descartes à la place de Kant pour cette partie : Seule l'âme, en tant que don de Dieu, peut faire de nous des êtres moraux et des êtres bons.

Les animaux ne possèdent pas d'âme, ce ne sont que des machines, et leurs actions sont donc de ce fait le simple résultat de stimuli extérieurs. II/ Les animaux sont tout de même les meilleurs : Mais si nous envisageons le terme « meilleur » non plus sous son aspect moral, mais comme désignant ce qui est plus fort, supérieur en qualité, alors il est possible de considérer les animaux comme réellement meilleur que nous. ● C'est en effet ce qu'expliquer Bergson dans L'évolution créatrice.

Selon lui, les animaux sont spécialisés, autrement dit, ils sont faits pour accomplir parfaitement une tâche, et à la manière de la machine, ils ne la ratent jamais.

Il prend l'exemple du poisson scie ou du sphex ammophile qui ne ratent jamais leur cible.

Ainsi, le sphex (sorte de guêpe) attaque les chenilles et les mange vivante ; pour y parvenir, il doit piquer la chenille à un endroit précis pour la paralyser sans la tuer, et la manger.

Le sphex ne rate jamais sa piqûre (c'est ce que Bergson appelle la sympathie), mais c'est la seule chose qu'il est capable de faire. ● Dans ce cas explique Bergson, les animaux sont réellement meilleurs que les hommes.

Ils possèdent certains outils très spécialisés qui leur permettent d'accomplir leur tâche sans jamais faillir, mais cette spécialisation est en même temps une limitation.

En effet, le sphex ne peut que piquer la chenille ; à l'inverse, l'homme possède la main, elle accomplit certes beaucoup moins parfaitement la tâche du sphex, mais elle n'y est pas limitée.

Les animaux sont donc meilleurs que les hommes car ils sont capables d'accomplir avec plus de perfection la tâche à laquelle ils sont destinés, mais c'est la seule chose qu'ils peuvent faire. à Cette perfection et supériorité viennent de l'instinct.

Selon Bergson, c'est le déficit de l'instinct, l'écart entre l'acte et l'idée qui devient conscience. Le déficit est l'état normal de l'intelligence, et c'est pour cela que l'animal est meilleur que l'homme.

(L'inné est parfait mais limité, l'acquis est illimité mais imparfait) III/ L'impossible catégorisation : Pourtant, certains animaux semblent avoir des comportements que nous qualifions, lorsque nous les produisons nous-mêmes, de moraux.

On peut citer l'exemple de l'altruisme chez les grands signes, ou du partage chez les rats (cf.

le hors série sciences et avenir : Les animaux ont-ils un sens moral, juin / juillet 2004), ou encore des sauvetages de dauphins. ● Selon certains auteurs comme Nietzsche ou Marx, la morale n'est qu'une invention de la classe dominante destinée à asservir le peuple, ou à affaiblir les plus forts.

Si l'on admet cette hypothèse, alors la question du meilleur ne se pose plus, puisque la morale n'existe pas chez les animaux, et qu'elle n'est qu'une perversion humaine.

Mais dans ce cas, il n'est plus possible de justifier ou d'avoir un jugement moral.

Or, l'altruisme animal, explique Pascal Engel est un problème pour le sens commun, et pour la biologie évolutionniste.

Se pose en effet le problème de savoir comment il est possible de l'expliquer si on considère que la nature est le règne de la loi du plus fort. ● Il existe plusieurs hypothèses à l'existence de la morale, ou du sentiment moral chez les hommes et les animaux : cf.

le dilemme des prisonniers de Skyrms dans Evolution of the social contract, ou la théorie de Mandeville (c.

La fable des abeilles).

Cet auteur reprend la thèse de Hume et Adam Smith, selon laquelle chacun aurait un intérêt particulier à être moral.

En effet, nous serions en quelque sorte obligés de devenir vertueux par la coopération. L'altruisme ne serait que le produit d'une collection d'égoïsme, ou moins radicalement, le meilleur moyen de survie (cf.

ensuite la sélection naturelle).

La moralité ne serait donc pas l'apanage de l'homme, et il ne pourrait donc pas affirmer sa supériorité en ce domaine. Conclusion : à Il ne serait donc pas possible d'établir une hiérarchie entre les hommes et les animaux pour savoir lequel est le meilleur, chacun serait en réalité à un stade d'évolution différent.

Ce qui différencie cependant l'homme, c'est sa capacité à avoir un point de vue sur ce qu'il fait, à avoir une image de soi.

Ce qui fait dire à Tacite que l'homme est le seul animal capable de haïr ceux à qui il fait du mal.. »

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