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Les animaux savent-ils ?

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« Introduction L'idée de l'homme s'est toujours exprimée par sa distinction de l'animal.

Le manque de raison chez l'animal sert à démontrer la dignité de l'homme.

L'animalité est ainsi définie comme privation d'une âme, d'une raison, d'une histoire, d'un langage, d'une conscience, d'un monde etc.

Et même si l'homme, pour s'attribuer une qualité, passe forcément par le regard de cette absence de qualité chez l'animal, il n'empêche que le règne animal recèle un « savoir-faire » inné considérable.

D'autre part, l'animal a une faculté d'adaptation lui permettant de conserver son être, ou d'agir selon des causes qui l'y poussent.

La domestication de l'animal par l'homme n'est pas qu'un simple rapport de domination, puisqu'on voit l'animal s'habituer à réagir de telle ou telle manière devant des situations qu'il ne maîtrisait pas au départ.

S'il manque la réflexion, le langage, chez l'animal, peut-on lui attribuer cependant une forme d'intelligence qui lui serait spécifique et qui ne le disqualifierait pas devant l'homme ? I.

L'animal, ou l'être sans raison a.

Aristote affirmera que « l'homme est un animal rationnel ».

Il montre ainsi que ce n'est qu'à partir de l'homme qu'on commence à trouver la raison.

En effet, l'animal quant à lui est doué d'une âme sensible, âme qui se meut à travers les sensations et les mouvements locaux.

L'âme est « l'entéléchie » (c'est-à-dire que l'âme est le principe déterminant du corps) première d'un corps naturel possédant la vie en puissance ; et tel est le cas de tout corps organisé.

L'animal ne peut savoir puisqu'il n'est pas doué du « logos » (raison), et qu'il n'a pas cette faculté de discourir sur les choses.

De plus, seule la raison, qui n'est pas liée au corps, est la partie immortelle de l'âme, partie importante puisqu'elle a la possibilité de connaître les principes.

L'animal, dépourvu d'une telle qualité, en reste à la perception des corps. C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de son maître Platon. Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».

Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère « économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village.

» Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui dépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité.

» Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital. Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité naturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la main n'existe réellement sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité, son développement, son statut moral. « Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin, parce qu'il se suffit à luimême, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ou un dieu » Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain. L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbare pour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaître personnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales, disposant de loisirs) et unis par la « philia ».. »

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