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Les animaux ont-ils des droits ?

Extrait du document

« Termes du sujet: ANIMAL (n.

m.) 1.

— Être vivant capable de se mouvoir : l'homme est un animal).

2.

— (Auj.) SYN.

bête.

3.

— Théorie de l'animal-machine : théorie réduisant l'être animé à un mécanisme matériel ; pour DESCARTES, le corps humain, comme celui des bêtes, est une machine, mais l'homme possède en outre une âme au sens 5.

Pour LA METTRIE, tous les animaux ne sont que des machines.

4.

—Animisme : toute doctrine ou religion qui attribue aux choses une âme au sens 1. Le vingtième siècle a connu une véritable inflation des droits.

Aux droits de l'homme vient s'ajouter une charte spécifique sur les droits des enfants.

On revendique également des droits propres aux femmes.

De là, certains ont voulu étendre la notion de droit jusqu'au règne animal.

La question est alors de savoir si cela a un sens de parler de droits des animaux. Cette interrogation est motivée par la considération du sort qui leur est fait.

L'attitude la plus extrême consisterait à reconnaître aux animaux un droit de vivre.

Auquel cas l'homme se verrait dans l'interdiction d'ôter la vie à quelque animal que ce soit.

Ce qui conduirait inévitablement à devenir végétarien ! Pour qui estime au contraire qu'il y a, sinon une nécessité, du moins une utilité pour l'homme de sacrifier la vie des animaux, on exige toutefois que toute souffrance leur soit épargnée.

Bref, ce qui est remis principalement en cause, c'est que les hommes puissent maltraiter impunément les animaux, et leur causer des douleurs injustifiées, par exemple à l'occasion de leur abattage ou d'expériences scientifiques.

La vivisection, à ce titre, est une pratique largement condamnée.

Ce qui est donc revendiqué, au nom des animaux, c'est essentiellement le droit de ne pas être maltraités. Il va de soi que le spectacle d'un animal qui témoigne des signes de la souffrance revêt un caractère détestable à nos yeux.

Nous en sommes émus.

Pour autant, condamner le mauvais traitement infligé aux animaux correspond-il à un droit qu'ils posséderaient? Le devoir pour l'homme d'éviter des peines inutiles répond-il à un droit effectif chez les animaux ? Il reste enfin que tous les animaux ne sont pas mis sur un même plan, et que la souffrance d'une mouche nous intéresse moins que celle d'un chien ou d'un chat.

S'agit-il donc bien encore d'exiger une reconnaissance des droits de tous les animaux ? Au nom de quoi certains animaux bénéficieraient-ils de droits, et d'autres pas? 1.

Une machine n'a pas de droits 1.

Savoir si l'animal est un sujet de droit dépend de la conception que l'on a de ce qui constitue sa nature.

On peut d'abord envisager l'animal selon une logique cartésienne.

Ainsi on lui dénie tout droit, au motif qu'il n'est qu'une chose et que l'homme seul est un sujet. Il est inadmissible d'accorder la pensée aux animaux.

Ceux-ci sont considérés par Descartes comme des machines. C'est dire que tous les mouvements des bêtes peuvent s'expliquer mécaniquement par la seule disposition de leurs organes.

Si l'on admet qu'en dehors de la pensée, il n'existe que de l'étendue, les animaux se voient réduits à de simples corps matériels.

Ils se comportent comme des automates.

L'automate, au sens littéral du terme, «est une machine qui se remue soi-même ». C'est la ressemblance extérieure de leurs membres aux nôtres qui nous abuse.

Nous croyons pour cette raison qu'ils doivent, tout comme nous, être doués de pensée.

Or l'originalité de Descartes consiste à établir la ressemblance là où elle est paradoxalement le moins visible : entre l'animal et la machine, le fonctionnement mécanique suffit à rendre compte de leur commune nature.

La machine animale a cette seule supériorité d'être mieux ordonnée que la machine fabriquée par l'homme.

Il reste qu'une machine, quelle qu'elle soit, n'a pas de droit, car ce n'est pas une personne. 2.

Qu'est-ce qui donc caractérise la personne humaine? Nous disposons selon Descartes de «deux moyens très certains» pour distinguer spécifiquement l'homme des bêtes. D'abord l'homme est doté d'un langage par lequel il témoigne de pensée et de réflexion.

«On peut bien concevoir, écrit Descartes, qu'une machine soit tellement faite qu'elle profère des paroles...

mais non pas qu'elle les arrange diversement pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence » (Discours de la méthode, cinquième partie). Ensuite l'homme possède la capacité de s'adapter aux différentes situations.

Il peut modeler son action en fonction des circonstances.

Ce qui prouve que son comportement est guidé par la raison.

L'animal réussit parfois mieux que l'homme en certaines de ses actions.

Mais cela résulte de l'instinct.

Le comportement animal est celui d'une machine programmée.

Il faut de l'esprit pour pouvoir s'écarter de gestes stéréotypés.

Et l'animal en est dépourvu. 3.

Il s'ensuit que les hommes n'ont aucun devoir vis-à-vis des animaux. Ceux-ci possèdent la vie, c'est-à-dire, selon Descartes, la chaleur du coeur et le mouvement.

Mais les cris qu'ils peuvent pousser ne sont pas de souffrance, puisqu'ils ne sentent rien.

Ce ne sont que des effets mécaniques liés à la conformation des organes.

C'est donc encore une fois par une fausse analogie avec l'homme, que nous croyons percevoir, chez la bête, des signes correspondant à des sentiments.

Alors qu'il n'y a que des effets consécutifs à des causes mécaniques.

Les cris d'un enfant que l'on bat expriment la souffrance.

Ce qui sort de la bouche d'un animal lorsqu'on le frappe d'un bâton, sonne comme le bruit d'une cloche que l'on agite.. »

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