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Le vivant a-t-il des doits?

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« Introduction C'est la biologie qui caractérise en propre la science du vivant.

Le terme « biologie » contient la racine grecque « bio » qui désigne la vie.

Ce terme a été crée au début du XIXe siècle par Lamarck.

Un être vivant est un organisme (système existant par soi, dont tous les éléments ou organes sont interdépendants) apte à l'auto-construction, à l'auto-conservation, à l'auto-régulation, et à l'auto-réparation. Telles sont les principales fonctions qui, lorsqu'elles sont remplies, font qu'un être est vivant ; d'où la célèbre formule de Bichat, qui, en 1800, définissait la vie comme « l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort ».

Si l'expérimentation, malgré le risque de tuer son objet vivant, fait avancer la biologie, c'est au prix d'un paradoxe, d'un renoncement, et de l'affrontement à des problèmes éthiques de plus en plus complexe.

Paradoxe du « vivant séparé de la vie par la science et s'essayant à rejoindre la vie à travers la science » (Canguilhem) ; renoncement à expliquer la vie elle-même, sous peine d'en perdre les caractères propres ; problèmes éthiques liés non seulement aux conditions de l'étude (on n'a pas le droit de faire subir n'importe quel traitement à un être vivant), mais aussi aux conclusions non scientifiques qu'il est toujours possible d'en tirer. I.

l'appréhension du vivant a.

Descartes aime à le répéter : la nature n'est pas une déesse.

Il n'y a en elle ni secrets ni forces cachées.

Elle est faite d'un espace homogène, partout semblable à soi, qui ne doit pas nous étonner. Expliquer n'est pas approfondir ce qui, en réalité, n'a pas de fond.

C'est étaler dans l'espace, et permettre de voir.

L'objet offert à l'immédiate vision de l'esprit, l'objet spatialement et, par là, techniquement défini, devient le modèle unique sur lequel est conçue la nature.

De celle-ci, quand nous aurons découvert tous ses ressorts, nous pourrons donc, sans difficulté, nous rendre maîtres.

Né dans la première moitié du XVIIe siècle, le mécanisme a non seulement entraîné de grands développements ultérieurs de la science, mais encore il a produit une réforme totale de la conscience que l'homme a du monde.

La science mathématique et mécanique de la nature est née à cette époque.

On en vit encore aujourd'hui les conséquences.

La nature n'est plus sacrée, elle est le simple lieu de l'expérience scientifique (cf., sur le mécanisme cartésien, Les passions de l'âme, art.

4 et 6). b.

Pour Lamarck, l'influence du milieu et la nécessité de s'y adapter sont les principaux moteurs de l'évolution des espèces.

Pour Darwin, c'est la lutte pour la survie qui explique l'évolution et la sélection naturelle des plus aptes.

Il y a ainsi chez Darwin un « droit du plus fort » biologique constitutif de l'évolution des espèces.

Et c'est l'individu qui remporte la lutte qui octroie aux générations suivantes les déterminations leur permettant de survivre aux conditions de la nature. Darwin pose ainsi le principe de « sélection naturelle », où seuls les plus forts durent. II.

La technique et le vivant a.

Selon Hans Jonas dans le Principe responsabilité, La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain.

La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain.

La portée causale déborde tout ce que l'on a connu autrefois.

La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pas d'équivalence par le passé.

Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs.

L'éthique antique est inopérante à l'heure de la technique.

Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années.

L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de la disparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains.

Le principe responsabilité voudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.

Le mal est toujours certain. Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.

» Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encore actuelle.

Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit.

L'homme s'est vu remettre une essence, il en est responsable.

Il n' y a donc pas d'échappatoire à notre responsabilité face au développement technique.

Il faut donc une préscience, une anticipation.

Il faut une métaphysique que n'a pas encore la science.

Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter.

Il doit aller au devant des abus.

Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite.

Il faut que les conséquences des actions soient voulues.

Il faut pour cela que des principes soient voulus pour que les conséquences soient voulues.

Il faut donner à l'agir humain une dimension de volonté et qu'elle soit au principe de ses réalisations.

Car la réalité humaine correspond à quelque chose de non- voulu.

L'agir a pris des dimensions cosmologique.

La menace des civilisations technologiques repose sur l'idée que la technologie domine aussi l'homme comme elle domine la nature.

C'est l'étant dans sa totalité qui est menacé.

Le respect qu'on doit à la nature tient à cela, à la responsabilité qui nous incombe de la protéger. b.

Des progrès de la recherche en biologie, il est impossible de savoir encore s'ils conduiront au meilleur ou au pire.

C'est de la vie qu'il est question, d'où la gravité des enjeux de la recherche.

Ainsi par exemple, les généticiens pourraient bientôt être capables de modifier le patrimoine génétique d'un individu, au point de donner à l'humanité la maîtrise de certains choix décisifs : la question est donc de savoir qui aurait le pouvoir de choisir, qui, par exemple devrait assumer la responsabilité de favoriser la naissance de tel type d'enfants, d'éviter le développement de telle catégorie d'individus. c.

Un autre débat contemporain semble refléter la dimension profondément éthique des choix majeurs qui peuvent s'imposer aux biologistes : c'est celui qui est né du désir de savoir quelles sont les parts respectives, chez un être humain, de l'inné et de l'acquis (cf.

A. Jacquard, Au péril de la science ?).

Dans l'impossibilité d'isoler tous les effets du déterminisme génétique (puisque tous les hommes sont, dès le départ et par nécessité vitale, pris dans un processus éducatif), la biologie ne peut prétendre en mesurer précisément l'impact.

Il se trouve pourtant des savants pour nier cette impossibilité, affirmer la toute puissance du déterminisme génétique, et fournir une caution scientifique à ceux qui auraient les moyens de mettre en place une organisation sociale calquée sur une soi-disant inégalité biologique des individus. Conclusion La nature ne doit pas être considérée comme une simple machine sur laquelle on peut tester de nouvelles techniques indéfiniment.

Le vivant a des droits, et ils s'imposent au regard de l'homme moderne qui s'octroie des devoirs vis-à-vis de lui.

En effet, sans vouloir forcément réhabiliter la vision d'une nature sacrée, il importe pour le bien du système planétaire de prendre part à l'évolution du vivant, et de lui restituer ses droits fondamentaux, ceux qui favorisent la perpétuation de la vie.

Par exemple, une forêt est vivante ; la raser pour construire un complexe hôtelier n'est pas favorable à la vie ; c'est comme si vous preniez un homme, et que vous lui retrancher un poumon…. »

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