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Le temps peut-il se conjurer ?

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on peut noter le rôle de la science quant à sa conception différente du temps. La science par définition est prévision (prévision de tremblements de terre par exemple). Mais si dans le temps il y a quelque chose de nouveau, alors je ne peux plus prévoir, la science est mise en difficulté. La science veut ignorer le temps comme créateur de nouveau, de réels changements. L'idéal de la science est de toujours chercher à enfermer l'avenir dans le passé, faire que le futur soit défini par des éléments déjà en germe dans le passé.

« « O temps, suspends ton vol ! » Telle est la plainte du poète Lamartine.

Mais « pour combien de temps le temps suspend-il son vol ? ».

Nous ne pouvons sortir du cadre du temps, c'est une des lois du sujet humain.

A priori, le temps est une réalité contre laquelle nous ne pouvons rien.

Les secondes, heures, années s'écoulent sans aucun retour en arrière possible.

Cependant, le temps est-il réellement indépassable ? N'y a t-il aucun moyen de suspendre son cours ? Comment les hommes peuvent-ils essayer de le braver ? En bref, peut-on conjurer le temps ? Au premier abord, le temps apparaît comme totalement indépassable.

Il s'écoule, inéluctablement, sans que personne n'y puisse rien changer. Premièrement, le temps est ce qu'on qualifie d'irréversible.

L'irréversibilité est le caractère de ce qui ne peut exister, se produire que dans un seul sens.

Au contraire de l'espace, réversible (je peux le parcourir dans des directions opposées et revenir à mon point de départ), le temps est irréversible.

V.Jankélévitch nous donne l'exemple de l'exilé qui revient dans son pays natal après tant d'années.

Lui-même a changé, son pays a également changé : il ne peut retrouver sa jeunesse.

Ulysse a du rencontrer ce problème, en revenant à Ithaque.

Par ailleurs, du fait de son irréversibilité, le temps crée une angoisse note L.Lavelle.

L'avenir est indéterminé, l'homme ne sait pas ce qui l'attend.

Il ne peut que sentir le temps défiler, impuissant, inquiet… Deuxièmement, le temps est ce qui est irrévocable, c'est à dire ce que quoi on ne peut revenir.

De nombreux artistes l'ont chanté : « Avec le temps va, tout s'en va » ou « Tout le temps perdu… ne se rattrape plus ». Héraclite, philosophe du devenir et du changement perpétuel de toute chose, témoigne de cette irrévocabilité du temps en prenant un exemple qui restera célèbre : « On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve ». Les eaux dans lesquelles je me baignais hier se sont peut-être déjà jetées dans la mer, sans compter que moi-même j'ai changé.

Jankélévitch veut nous apprendre le consentement à l'irréversible temporalité, avec ses irréparables et ses irrévocables, contre toute nostalgie décevante et démissionnaire, pour une réorientation quotidienne vers un avenir à faire advenir. Dernièrement, le temps est synonyme de dégradation.

Ce serait la dimension de la dissolution : « Le temps exerce sur les êtres et les choses une action dégradante » nous dit Jankélévitch.

L'enfant a une forme propre, neutre car le temps ne lui a encore rien infligé : ni victoire ni échec.

Mais le temps va s'approprier cette forme pour la défigurer en la compliquant.

« Dans et par le temps, l'impalpable je-ne-sais-quoi de la temporalité se rend visible par un processus concret et matérialisé ».

Cela témoigne de l'irrévocable pression du temps sur l'être humain, aujourd'hui appelé à naître, demain à mourir… L'homme est aussi impuissant face au temps que la pomme dans laquelle on a croqué, qui se décompose à l'air libre. Dans un premier temps, nous avons vu que « Selon que le passé n'est pas assez présent ou qu'il est au contraire trop présent, l'homme souffre de l'irréversible ou de l'irrévocable ».

Le temps ne se déroule que dans un seul sens, et on ne peut pas revenir dessus.

Il exerce une action dégradante sur les êtres et les choses.

Mais le temps est-il si indépassable que cela ? L'homme, en tant qu'être doué de conscience, ne dispose-t-il pas déjà ainsi d'un moyen de le conjurer ? La spécificité de l'homme est d'être doué de conscience.

Cette conscience est un premier élément qui peut lui permettre de conjurer le temps. Tout d'abord, Bergson assure que l'homme est différent de l'animal en cela qu'il n'est absolument pas enfermé dans un présent… L'homme est doué de conscience.

Lorsque j'analyse mes pensées, je réalise qu'elles se tournent très souvent vers le futur, vers ce qui doit arriver.

La conscience est donc anticipation.

Mais la conscience permet. »

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