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Le temps est-il essentiellement destructeur ?

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« Termes du sujet: ESSENCE : Ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est, sa nature.

L'essence est pensée comme éternelle ou au contraire comme en devenir. Du latin esse, « être ».

L'essence d'une chose, c'est sa nature, ce qui définit son être.

Une qualité essentielle s'oppose alors à une qualité accidentelle, c'est-à-dire non constitutive de l'être de la chose. TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements. Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé. Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée). Que voyons-nous du temps sinon les traces de son passage ? Derrière lui, il laisse des ruines.

Il mène toutes choses à son terme, à sa destruction ; pourtant, ce que les ruines disent, c'est que le temps est justement le lieu de toutes les créations humaines : il n'y a de traces que de ce qui a été progressivement bâti.

Il y aurait alors un temps humain qui contredit le mouvement naturel du temps ? 1.

TEMPS CHRONOLOGIQUE, TEMPS TRAGIQUE A - Kronos Dans la mythologie grecque, Kronos est l'un des Titans ; il s'unit avec sa soeur Rhéa, avec qui il a de nombreux fils qu'il dévore aussitôt : l'un d'eux, Zeus, échappe à son père et libère ses frères, pour former la première génération des dieux de l'Olympe.

Celui qui engendre est donc aussi celui qui dévore sa propre progéniture : le temps, Chronos, détruit tout ce à quoi il donne le jour. Ce paradoxe fait l'essence du temps, sa nature : non seulement ce dans quoi tout se produit et s'évanouit, mais cette dévoration elle-même ; chaque instant, chaque « maintenant » disparaît à peine éclos.

Pire encore, il n'a presque aucune existence réelle, il est nié par le maintenant suivant qui prend sa place : le temps est production et anéantissement simultanés. B - Temps des dieux, temps humain Les hommes (contrairement à Zeus) sont soumis à cette loi sans partage.

Pourtant, un autre mythe (raconté par Platon) dit comment ce temps tragique que nous vivons fut précédé par un temps de plénitude : le mouvement du monde était dirigé par le dieu, toutes choses étaient à disposition des hommes ; nul travail n'était nécessaire, tout leur était donné.

Mais quand le monde fut livré à lui-même, régna alors véritablement la pénurie, le manque.

Cette période-là est celle du véritable krônos, non plus le dieu, mais le devenir et la disparition des ressources. Ce temps est le temps humain, où les hommes sont responsables de leur survie, et doivent alors inventer leurs ressources : sans le secours du « pasteur divin » qui règle tout, le vrai temps qui commence est celui de la production humaine ; ce n'est pas le temps « en personne » qui détruit : le temps est au contraire ce que les hommes doivent prendre en charge. 2.

LE TEMPS HISTORIQUE : LE SENS DES ACTIONS HUMAINES A - De la chronologie à l'histoire. Le mythe raconte le passage de l'animalité à l'humanité : après un état de dépendance (et de facilité) sous le règne du dieu Kronos, les animaux deviennent des hommes parce qu'ils vont devoir inventer l'art politique pour mener eux-mêmes les affaires du monde.

Ce n'est donc pas le temps qui exerce en lui-même une loi tyrannique, la tyrannie est au contraire ce qui risque toujours d'advenir si les hommes choisissent mal leur guide : la destruction n'est pas l'oeuvre du temps, mais le temps est la forme que prend la responsabilité humaine. La chronologie, le défilé des moments qui disparaissent et s'effacent, n'est donc rien sans une histoire, sans la forme que les actions humaines lui donnent : quand l'avenir est projet, anticipation, cet horizon donne un sens au passé.

En fonction de la direction que les hommes choisissent de donner à leur existence, leur passé acquerra un sens : cette décision permet qu'un événement tragique devienne, avec le temps, source de progrès. B - L'action humaine : le récit et le sens le temps humain a essentiellement la forme d'une « intrigue », au sens que le roman policier donne à ce terme : ce qui fait une existence, ce n'est pas un temps rectiligne, ou dans lequel nous serions plongés, mais le déroulement de mes actions en fonction des obstacles, et de mes intentions.

Une existence est ce qui peut prendre la forme d'un récit, d'une narration, avec un début et une fin, et dont un sens peut se dégager. Même si les actions représentées dans une tragédie sont terribles, ce n'est jamais malgré eux que les hommes ont un destin, ils le construisent, avec le temps qui en est l'écriture.. »

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