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Le souci de soi recommande-t-il seulement d'être heureux ?

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« Définition des termes du sujet L'expression « souci de soi » renvoie à la tradition philosophique antique.

Elle correspond à l'idée d'une recherche, par l'individu, de la sagesse, par différentes techniques et différents exercices qui vont lui permettre de prendre soin de son âme. C'est la référence à cette tradition du souci de soi comme ensemble de conseils pour la conduite de la vie – tradition qui a notamment été étudiée à l'époque contemporaine par Michel Foucault – qui permet d'expliquer l'étrangeté apparente de la formulation du sujet : qu'un souci puisse « recommander ».

En fait, la question concerne toute méthode possible du souci de soi, c'est-à-dire toutes les philosophies qui entendent proposer à l'individu, en pratique, une sagesse. L'interrogation porte sur l'objet et le but de ces recommandations visant à cette sagesse : est-ce le fait d'être heureux, est-ce le bonheur ? Le bonheur a été l'objet de définitions très diverses en philosophie, mais toutes s'accordent pour y voir une satisfaction profonde et durable, qui doit être à l'abri des accidents, des fluctuations de la vie. Si l'on rend la formulation du sujet un peu plus conventionnelle, il s'agit ici de définir ce que toutes les pratiques visant à la sagesse conseillent de chercher à atteindre ; et, notamment, de décider si elles considèrent que cette chose à atteindre est uniquement le bonheur, ou s'il y a autre chose que le bonheur dans cette chose, puisque c'est le sens à donner à la présence ici du mot « seulement ». Pourquoi avoir un « souci de soi », pourquoi s'appliquer soi-même à mener une vie meilleure, plus sage ? Il est vrai que la réponse qui vient à l'esprit le plus facilement est : pour être heureux.

Mais qu'appelle-t-on « être heureux » ? Est-ce être, par exemple, riche, et pouvoir avoir tout ce que l'on désire en termes de biens matériels (une belle maison, une belle voiture...) ? Cela mérite-t-il d'être appelé bonheur, sachant que toute cette satisfaction peut être troublée à tout moment par la mort, la maladie, ou même simplement la ruine matérielle ? Il faut savoir donc de quel bonheur on parle.

Or les traditions philosophiques, notamment antiques, c'est-à-dire les tradition du « souci de soi », conçoivent un bonheur qui est celui du sage, un bonheur fait d'indifférence aux accidents du monde et d'accord avec la nature, même si les modalités de ce bonheur peuvent être différentes (le bonheur des stoïciens n'est pas exactement celui des épicuriens).

Y entrent des composantes que les non sages pourraient considérer comme étrangères au bonheur – par exemple, l'indifférence aux malheurs de la vie comme aux plaisirs vains (plaisirs physiques, honneurs...), la préparation à l'expérience de la mort, l'ascèse, etc.

Pourtant, ces écoles philosophiques du souci de soi considèrent que le vrai bonheur est au prix de l'intériorisation et de la mise en pratique de ces composantes. Il faudra évaluer à quel point ces composantes relèvent du bonheur, afin de définir ce que recommande effectivement le souci de soi : uniquement le bonheur, ou le bonheur avec des ajouts qui n'ont rien de commun avec le bonheur, ou un bonheur différent du bonheur commun, ou quelque chose qui n'a rien à voir avec le bonheur ? Références utiles Foucault, Herméneutique du sujet Marc Aurèle, Pensées Platon, Apologie de Socrate Textes à utiliser Montaigne, Essais A quoi nous sert cette curiosité de préoccuper [ = prévoir] tous les inconvénients de l'humaine nature, et nous préparer avec tant de peine à l'encontre de ceux même qui n'ont à l'aventure point à nous toucher ? [.

..] Non seulement le coup, mais le vent et le pet nous frappent.

Ou comme les plus fiévreux, car certes c'est fièvre, aller dès à cette heure vous faire donner le fouet, parce qu'il peut advenir que fortune vous le fera souffrir un jour, et prendre votre robe fourrée dès la Saint-Jean parce que vous en aurez besoin à Noël ? « Jetez-vous en l'expérience des maux qui vous peuvent arriver, nommément des plus extrêmes : éprouvez-vous là, disent-ils, assurez-vous là. Au rebours, le plus facile et plus naturel serait en décharger même sa pensée.

Ils ne viendront pas assez tôt, leur. »

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