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LE SILENCE NE DIT-IL RIEN ?

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« Le silence, c'est l'absence de parole, donc en apparence l'absence de communication.

Mais, celle-ci n'est pas seulement verbale.

Les mots ne valent que par le sens que leur donne une conscience humaine, qui peut alors se passer du langage pour deviner l'autre.

La communication est plus que l'échange verbal. Le silence, c'est d'abord l'absence de bruit, en particulier (même si ce n'est pas seulement cela) l'absence de parole.

Or, la parole est un véhicule essentiel du sens.

Il est assez paradoxal d'admettre qu'un sens puisse se trouver dans une absence de parole., donc de sens. Penser le silence comme ayant un sens, c'est penser cette contradiction.

Ce qui exige au moins une définition du silence qui ne soit pas seulement négative (absence de...), ainsi qu'une approche différenciée de la notion de sens. Introduction : Il y a des silences pesants ou « lourds de sens ».

Le silence semble parfois en dire plus qu'un long discours.

Mais, ce surplus de sens est il une propriété intrinsèque au silence ? Si le silence en dit plus long, n'est ce pas simplement qu'il n'est au fond qu'un discours silencieux, un « sous-entendu ».

Sous le silence il y aurait toujours un discours contracté qui fait sens. Le sens est une propriété des signes entre eux et plus particulièrement de leur association dans la langue selon des lois sémantiques et syntaxiques.

Il semble donc que silence n'ait aucune place dans l'élaboration du sens. Pourtant, le silence peut lui même être pris comme signe, il devient alors signifiant, mais que signifie-t-il ? Est ce qu'il ne renvoie à rien ou au contraire à une réalité au delà de toutes celles que dénotent les signes de la langue ? Problématique : Le sens est une propriété des énoncés, le silence semble donc en dehors du sens, pourtant, lorsque les mots manquent, le silence paraît signifiant.

Le sens s'arrête-t-il avec la langue ou s'étend il dans le silence ? I : Pas de sens sans énoncés. 1) Le sens est une propriété des concepts et énoncés linguistiques.

Le sens est contenu dans un concept ou il est le résultat de l'union de deux concepts, d'un sujet et d'un prédicat.

Le sens ne peut donc pas se passer de la langue.

Le silence impliquant l'absence de langue, il ne peut pas avoir de sens. 2) L'absence de parole n'implique pas l'absence de langage : des gestes faits en silence peuvent être signifiants, mais ce n'est pas le silence qui est signifiant en eux, c'est leur rapport à un certain code de signification.

Par exemple, si je tends le doigt pour désigner à quelqu'un la chose qui se tient devant moi plutôt que de la nommer « ordinateur », nous sommes dans le sens, mais c'est grâce à mon geste de désignation et non au silence qui nous entoure 3) Le silence ne peut avoir de sens qu'en tant qu'énoncé silencieux ou sous entendu.

Si le silence communique quelque chose, c'est un message sous entendu, ce n'est jamais en tant que silence comme néant de langue.

En lui même, le silence n'est donc pas porteur de sens. II : Dépasser les limites de la langue. 1) Le silence comme accès à l'absolu, ou le principe de la théologie négative.

En effet pour la théologie négative, exprimer l'absolu par des concepts c'est le réduire à ce qu'il n'est pas, l'enfermer dans un moule trop petit pour lui.

Le seul sens capable d'exprimer un rapport à l'absolu, c'est donc de se taire.

Le silence est alors le signe de l'absolu. 2) Le silence permet de retrouver l'unité du réel contre la langue qui le fragmente en concepts.

Platon disait que l'Un-Bien (qui était pour lui la réalité suprême) est « au delà des essences », parler de l'Un n'a pas de sens car parler ou juger, c'est toujours unir un sujet et un prédicat et c'est toujours diviser l'un en plusieurs.

Toute réalité gagne donc à être contemplée en silence, elle dévoile une richesse infinie. 3) Le silence est une alternative au principe logique du tiers exclu ( tiers exclu : A ou non-A est vrai pour toute proposition A).

Le stoïcien Chrysippe a proposé le silence comme alternative au tiers exclu, ainsi lorsqu'on lui demandait si une chose était ou n'était pas et qu'il ne répondait pas, son silence avait un sens. III : Le rythme de la parole. 1) La parole et le silence.

Il faut distinguer la parole de la langue, la langue est un système de signes, la parole est un acte.

La parole utilise la langue, mais elle n'est pas de la même nature que celle ci, or si le silence n'a pas de sens du point de vue de la langue, il a sa place dans la parole.

Il s'ajoute aux intonations pour rythmer les phrases et participe à l'expression. 2) Exprimer l'indicible.

Souvent, ne rien dire est le signe qu'on comprend la complexité d'une situation et qu'on ne veut pas la gâcher avec des paroles vaines.

Le silence exprime alors soit notre incapacité à nous exprimer (« ne pas avoir de mots ») soit l'inutilité de commenter une situation., dans ces deux cas, il est le signe d'une réalité indicible. 3) Sans silence, la parole aurait elle un sens ? Imaginons un flux ininterrompu de discours, il serait insupportable du fait de nos limites anthropologiques.

Il nous faut du silence pour ensuite nous concentrer sur le sens. Conclusion : Le silence est porteur de sens, moins en tant qu'énoncé sous entendu que comme néant de langage ou comme silence dans la parole.. »

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