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Le sentiment religieux implique-t-il la croyance en un être divin ?

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« PROBLEMATIQUE DE L'ELEVE: On assimile communément à la religion à la divinité, qu'elle soit une ou multiples.

Ainsi, on parle de religions monothéistes ou de religions polythéistes et inversement, on définira comme athée celui qui ne croit en aucun Dieu, celui qui semble étranger à tout sentiment religieux.

Notre conception traditionnelle de la religion semble donc impliquer la croyance en un être divin même si cet être peut prendre des formes différentes.

Pourtant, il semblerait bien qu'on fasse appel à la notion de religion sans pour autant être parfois renvoyé à un Dieu.

Vous pouvez ici penser à la notion de religion civile, par exemple, telle qu'elle est évoquée par Rousseau dans le dernier livre du Contrat social.

La religion civile apparaît alors comme une religion de la patrie passant avant la croyance en un Dieu.

Elle est ce qui constitue le ciment, le lien, l'unité d'un peuple derrière des lois et des principes communs.

Dès lors, ne faut-il pas en conclure que la notion de religion n'implique pas nécessairement la croyance en un être divin ? Toutefois, cette religion civile qui relie les hommes entre eux, ne suppose-t-elle pas une conception de la patrie comme être divin ? Que faut-il entendre par être divin ici ? Une fois le problème posé, vous pouvez revenir donc à notre conception commune de la religion qui nous réfère à un être divin.

Vous pouvez alors montrer que lorsqu'on parle de différentes religions, on montre comment la divinité peut prendre différentes formes.

Il peut s'agir d'un être absolu comme dans les religions monothéistes, d'êtres multiples comme dans les religions polythéistes, d'âmes ou d'esprits, analogues à la volonté humaine : les pierres, le vent, les animaux, comme dans les religions animistes…Dès lors, vous pouvez montrer en quoi les religions semblent reposer essentiellement sur la distinction entre le sacré et le profane.

Mais cette distinction entre le sacré et le profane implique-t-elle nécessairement la croyance en un être divin ? C'est ici que vous pouvez distinguer le sacré du divin.

Le sacré est avant tout ce à l'égard de quoi on garde une certaine distance, ce qu'on ne peut toucher, ce dont on est séparé.

C'est en ce sens qu'on peut considérée qu'une loi est sacrée, que des principes sont sacrés sans pour autant dire qu'ils sont divins.

Vous pouvez alors lire attentivement le chapitre du Contrat social consacré à la question de la religion civile, chez Rousseau.

On peut alors parler de religion sans faire appel à une divinité.

Analysez alors ce qui conduit Rousseau à parler de religion ici.

En dernière instance, vous pouvez vous demander si on n'est pas conduit à faire de la patrie une divinité.

Que faut-il entendre par divinité alors ? Ce sujet se propose d'étudier (philosophiquement) la religion comme sentiment, en s'interrogeant sur sa liaison nécessaire ou non avec la croyance en l'existence d'un Dieu.

Peut-on être religieux sans croire en Dieu ? Etre athée implique-t-il l'impossibilité de tout sentiment d'appartenance à une communauté morale basée sur une transcendance ? 1) La religion est le rapport à un être suprême « C'est par l'effet de la volonté éternelle et primitive de Dieu [...] que l'homme a le pouvoir de faire tout ce qu'il veut, ou tout ce qu'il préfère d'entre les actions dont il est capable.

» Maimonide, Le Guide des égarés, XIIe s. Historiquement, la religion a eu pour objectif principal l'explication des mystères du monde, et la constitution d'un ordre social viable. Pourquoi le monde est-il ainsi ? Comment dois-je me comporter ? La religion donne du sens à notre vie en apportant des réponses. Selon Heidegger, penser le monde qui nous entoure en cherchant une explication nous oblige à nous référer en dernier lieu à un être qui aurait tout contenu à l'origine.

La morale, pour Kant, requiert pour être crédible la punition des vicieux et la récompense des vertueux, et donc l'existence d'un juge ayant tout pouvoir, dans ce monde comme dans celui après la mort.

Le sentiment religieux semble donc, pour ces philosophes comme pour beaucoup d'autres, être un sentiment qui transcende notre rapport à autrui et au monde visible, pour toucher à un mode de signification absolu, porté par un être éternel, infini et omnipotent. 2) Le sentiment religieux est avant tout un rapport moral à autrui Lévinas : "La parole est prière, le lien à autrui est religion". On dit souvent que "religion" vient de "religare", relier.

A notre époque, nous ne pouvons plus croire en Dieu avec la même naïveté qu'avant les Lumières, qu'avant Nietzsche et son "Dieu est mort".

Les progrès de la science nous persuadent que Dieu n'est pas une personne qui vit dans le ciel et tire les ficelles, mais plutôt une abstraction, une image pour symboliser un lien sacré entre les êtres humains.

De fait, de nombreuses personnes doutent de l'existence de Dieu, mais pourtant ne remettent pas du tout en cause leurs principes moraux de générosité, de respect, leur sentiment d'appartenir à un même lot et d'être investies d'un devoir éthique envers le reste de l'humanité.

Pour Lévinas, "Dieu est l'absolument absent", mais ça n'empêche pas le philosophe de considérer le rapport à autrui comme sacré, comme la trace d'une véritable transcendance, et donc de voir possible une "religion sans croyance en l'existence de Dieu". 3) La transcendance suppose l'existence d'une réalité séparée et supérieure Platon, phédon : L'âme est de nature divine parce qu'elle est de la nature éternelles. des idées qui elles sont Cependant, on peut considérer qu'une religion sans croyance en un Dieu est impossible, ou bien parce qu'elle n'est pas à proprement parler une religion, ou bien parce qu'elle suppose tout de même l'existence d'un être divin.

Le sentiment de fraternité entre les humains, le sentiment moral, ne nécessite en rien une référence à un texte sacré, une foi ni l'observation de rites.

On peut relier les êtres et faire le bien, avec l'aide de la seule raison et de nos sentiments envers autrui, sans que cela soit pour autant un sentiment religieux.

Au contraire, si ce sentiment comporte l'acceptation d'une transcendance vers une vérité éternelle, s'il suppose la foi en quelque chose qui dépasse notre monde, alors il s'agit bien de religion.

Mais encore faut-il se rendre compte que ce quelque chose d'éternel, cette vérité révélée, réclame un statut ontologique propre : il faut postuler l'existence d'une idée séparée du monde sensible, comme les êtres intelligibles de Platon.

La religion, comme transcendance, accès à un être d'un au-delà supérieur à notre monde, suppose donc bien la croyance en l'existence de cet être divin.. »

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