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Le responsable d'un crime contre l'humanité devrait-il être tué ?

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« Le responsable d'un crime contre l'humanité devrait-il être tué ? Analyse du sujet : Notre sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre, en conclusion, au terme d'un raisonnement argumenté et documenté, par « oui » ou « non » avec toutes les nuances qui se seront imposées au cours de la réflexion. Les notions de responsabilité et de crime contre l'humanité y sont mises en jeu, ce qui soulève plusieurs difficultés.

En effet : la notion de crime contre l'humanité a d'abord été définie juridiquement et non philosophiquement. Il y a donc deux possibilités : ou bien nous nous tenons à la définition juridique, ou bien nous reconstruisons une définition philosophique en réfléchissant sur les notions de crime et d'humanité. La seconde difficulté apparaît si nous choisissons la définition juridique : il n'y a en réalité pas une mais plusieurs définitions juridiques.

Faut-il alors préférer la première définition, apportée par le tribunal de Nüremberg ou bien prendre en compte les inflexions qu'elle a subit depuis ? La troisième difficulté est la suivante : chacune des définitions juridiques est attachée à un contexte particulier (jugement des Nazis après la seconde guerre mondiale, affaire Klaus Barbie, affaire Papon, etc.) Comment choisir ? Plusieurs éléments nous invitent à préférer reconstruire une définition philosophique. D'abord, une dissertation de philosophie n'est pas une dissertation de droit.

Ensuite, les critères qui nous feraient préférer une définition juridique plutôt qu'une autre ne sont pas non plus philosophiques.

Enfin, et ce point permet de trancher définitivement, il semble impossible de répondre à la question du sujet qui parle de tout crime contre l'humanité sans s'extraire des particularités historiques que chaque définition juridique manifeste. Un crime est une infraction grave à la morale ou à la loi.

A nouveau se croisent les problèmes juridiques et philosophiques lorsqu'il s'agit d'évaluer le degré de gravité du crime L'humanité peut se comprendre dans deux sens : premièrement, c'est l'essence de l'homme, ce qui fait qu'un homme est homme.

Deuxièmement, c'est la communauté de tous les humains particuliers.

Cette distinction nous permet d'envisager la nuance entre le crime contre l'humanité et le génocide (étymologiquement, l'extermination d'un peuple).

Le génocide est bien extermination d'un peuple mais pas de tous les humains ! En revanche, en tant qu'extermination, il nie bien l'humanité des hommes qu'il extermine.

Il est donc un crime contre l'humanité, mais au premier sens de la distinction que nous avons opérée. La responsabilité est intimement liée à l'idée de liberté : en effet, pour qu'un sujet soit responsable de ses actes (au sens large ou devant la loi), il faut pouvoir penser qu'il les a commis librement et non sous la contrainte (le malade mental par exemple n'est pas nécessairement libre de ses actes). Problématisation : Notre question soulève d'abord le problème de la proportion de la peine au crime : I - La peine doit-elle être proportionnée au crime ? Il pose également la question de la responsabilité : II – le sujet est peut-il être dit responsable de ses actes ? I - La peine doit-elle être proportionnée au crime ? La difficulté de notre question réside dans le verbe « devoir » qui indique une proportion inconditionnée de la peine au droit. Partons de la situation que Rousseau ou Locke nomment « état de nature » : les hommes n'y ont pour intérêt que leur propre subsistance.

Mais la subsistance de chacun est menacée par celle des autres : nous sommes deux par exemple à nous disputer une même ressource qui assure notre subsistance.

La conséquence immédiate est le conflit. Toujours dans cet état de nature, supposons qu'un meurtre soit commis suite à un conflit.

Puisque chacun est livré à lui-même, il est impossible d'affirmer que le meurtre doit être dans cette situation puni par une peine de même niveau.

En réalité, le meurtre n'y est même pas encore un crime, puisqu'il ne porte atteinte à aucune loi, plus précisément parce qu'aucune loi n'existe.

Tuer le meurtrier en retour ne peut alors être qu'un acte de vengeance et non de justice. Par conséquent, affirmer que la peine doit être proportionnée au crime suppose de se trouver dans un état de droit, c'est-à-dire, un état dans lequel il y a des lois.

Ce n'est qu'au regard de la loi que le meurtre devient crime.

Dans un second temps seulement, il est possible de déterminer, au sein de cet état de droit (c'est-à-dire un fois que le meurtre est crime), si la peine doit ou non être proportionnée au crime. A ce stade de notre réflexion, nous ne pouvons affirmer que ceci : la peine ne doit pas forcément être proportionnée au droit mais elle ne peut l'être que dans un état de droit.

Le problème est alors le suivant : le passage d'un état de nature à un état de droit équivaut au passage d'un état sans loi, donc sans contrainte, à un état dans lequel l'homme est responsable devant la loi.

Le passage lui-même suppose une soumission librement consentie à la loi en vus de bénéfices plus grands.

Une fois dans l'état de droit, la responsabilité suppose également la liberté d'agir du sujet, comme notre analyse l'a indiqué.

D'où la question suivante :. »

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