Aide en Philo

Le réel se réduit-il à ce que l'on perçoit ?

Extrait du document

« Introduction : L'expérience du rêve peut susciter en nous un étonnement à propos de ce qui est réel : il semble bien relativiser ce que l'on perçoit comme réel.

Pourtant, la définition traditionnelle du réel est contenue dans les objets que nous percevons.

Mais n'est-ce pas trop réducteur puisque notre conscience peut faire advenir des représentations oniriques, réelles en elles-mêmes ? Il est difficile de fonder ce qui outrepasse la perception sensible.

Mais est-ce à dire pour autant que ce que nous percevons pas n'existe pas ? La perception du réel semble alors s'enraciner dans le sujet percevant, de sa capacité et sa motivation à percevoir.

N'est-ce pas lui qui construit le réel ? La perception ne devient-elle pas alors qu'une possibilité pour lui d'appréhender le réel ? Développement : [ I) OUI ] Exister, c'est avant tout être perçu. [ A) parce que ] Les objets sont des combinaisons de perceptions sensibles. De quelles choses disons-nous qu'elles existent ? Nous disons que ce crayon existe, que cette main existe...Or que sont ces objets, sinon des combinaisons de perceptions corporelles ? Øex) une main, c'est une certaine forme et une certaine composition de couleurs qui sont perçues par la vue, et certaines sensations du toucher. Øcf) Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception : on prétend connaître la composition d'un appartement qu'à partir de la situation du corps percevant.

Quand on parle d'un appartement, ce sont les différentes parois et les différents angles perçus tour à tour par ma vue conditionnée par la situation corporelle de ma tête. Merleau-Ponty dira: « Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment le monde […] il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons » Merleau-Ponty reprend ici une interrogation centrale au problème de la perception, celle du rapport entre la perception du monde et sa réalité.

En d'autres termes, le monde est-il tel que nous le percevons ou notre perception est-elle une reconstruction, voire une déformation du monde ? En effet, nous pouvons nous demander ce qui nous assure que le monde est bien tel que nous le percevons.

Si percevoir implique une activité de l'esprit, il se pourrait bien que notre perception comme construction modifie le monde. Face à cette question qui parcourt l'histoire de la philosophie, Merleau-Ponty va opérer un renversement : se demander si nous percevons vraiment le monde, c'est poser l'existence d'un monde en soi, indépendant de nous et face à ce dernier un sujet qui perçoit.

Or, c'est ce postulat que MerleauPonty va renverser : le monde est en fait « cela que nous percevons ».

C'est donc à partir d'une redéfinition du monde que Merleau-Ponty va penser la perception.

En faisant de la perception un jugement, on oublie une dimension essentielle de nous-mêmes à savoir notre corps.

Notre exploration du monde se fait d'abord par notre corps qui n'est pas dans le monde comme les choses mais qui est « au monde », qui l'habite ; l'homme n'est pas un sujet face à un objet qu'il juge, mais il est d'emblée plongé dans le monde.

Exister, pour nous ne consiste pas à être un simple sujet pensant mais à pouvoir sortir de nous-mêmes.

Tel est le sens premier de la notion d'existence : « être hors de soi ».

En tant que tel, nous habitons un monde dans lequel nous nous savons finis (nous sommes mortels).

Percevoir, c'est d'abord faire l'épreuve de notre finitude, de notre « être-au-monde ». Mais le monde ne prend sens, n'existe que parce que nous l'habitons avec notre corps.

C'est par lui que l'espace existe, puisqu'il est ce que mon corps me donne comme toujours déjà-là dans l'expérience du monde.

Notre perception nous donne ainsi la dimension de notre « être-au-monde ».

La dimension sensible et les sensations se coordonnent entre elles pour nous donner le monde.

C'est pourquoi c'est une erreur de se demander si nous percevons vraiment le monde puisqu'il n'y a de monde que par la perception qui est le jaillissement d'un sens immanent aux choses et dans lequel s'oriente le vécu.

La perception est notre savoir primordial du réel. [ B) parce que ] La connaissance de ce qui existe ne peut se faire au-delà du champ expérimental. Quel autre critère avons-nous de l'existence des choses ? Une chose qui ne serait ni vue, ni entendue, ni sentie, ni touchée, ni goûtée ne serait absolument rien pour nous :le fait qu'elle existe ou qu'elle n'existe pas ne ferait aucune différence pour nous. Øcf) Kant dans Critique de la raison pure : la connaissance, la prise de conscience des choses extérieures. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles