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Le réel est-il à la fois un et multiple ?

Extrait du document

« [Le réel admet tous les contraires.

Il a des aspects divers et changeants.

On peut l'énoncer de diverses manières.

Il est donc multiple et on peut tout en dire, mais il reste fondamentalement Un.] Les choses particulières peuvent se dire de façons multiples Socrate peut être plus petit qu'un tel et plus grand qu'un autre.

On peut donc dire de lui qu'il est, à la fois, grand et petit: il est multiple, mais c'est toujours le même Socrate.

Dans un autre sens, Socrate est multiple car son côté droit est différent de son côté gauche, car il n'est pas le même vu de face et vu de dos, etc., mais il est UN puisqu'il est un des hommes qui sont là. Le réel est, à la fois, multiple et un Si certaines choses sont autres que unes, c'est qu'elles ont des parties.

Mais des parties de quoi, sinon d'une totalité, d'un ensemble, d'une unité ? L'existence même de la multiplicité implique celle de l'unité sans laquelle je ne pourrais pas prendre conscience du multiple. Dans le livre VII de la République, Platon expose les rapports entre l'être et la connaissance à l'aide de l'allégorie de la caverne, représentation "illustrée" d'un exposé mathématique présenté au livre VI.

Au monde sensible, composé de choses perçues et de leurs formes dégradées, ombres ou mirages, correspond la connaissance sensible, qui relève du domaine de l'opinion.

Celle-ci s e répartit en deux domaines : la croyance ou la perception pour les choses sensibles, l'illusion ou la conjecture pour les formes inférieures.

Au monde intelligible, finalisé par l'Idée du Bien, qui éclaire toutes les autres Idées ou formes, correspond une connaissance intellectuelle par Idées.

Les objets mathématiques appartiennent au monde intelligible et sont l'objet d'une connaissance discursive.

La totalité du domaine intelligible est finalisée par l'Idée suprême de l'Un-Bien qui fonde la cohérence et l'harmonie du tout.

Plus on s'éloigne de cette Idée, plus la connaissance s'obscurcit.

De cette corrélation stricte entre l'ordre de l'être et l'ordre du connaître s'ensuit toute une série de rapports : les Idées sont aux objets mathématiques ce que les choses sensibles sont à leurs apparences fugitives et imparfaites.

La connaissance par Idées est à la connaissance par concepts ce que la perception sensible est à l'illusion, ou ce que la croyance est à la supposition.

Enfin, plus nous approchons le domaine des Idées, plus nous approchons l'être et la vérité, connaissance, être et vérité se fondant en une seule et même réalité dans la lumière de l'Idée suprême du Bien.

Dans l'allégorie d e la caverne, les ombres projetées sur la paroi sont les apparences dégradées des figurines : celles-ci sont les objets perçus, tandis que celles-là sont les illusions.

L'intérieur de la caverne symbolise le monde sensible avec ses deux degrés de connaissance : la perception et la conjecture.

Le monde intelligible, accessible à celui qui fait l'effort de se détourner du sensible, est symbolisé par l'extérieur de la caverne : les Idées sont les choses réelles, et le soleil est l'Idée unique du Bien, qui donne consistance et réalité à toutes les autres. Le multiple n'existe que par participation à l'Un Il est impossible de dire que l'Un n'est pas car, pour le dire, il faut savoir de quoi on parle et, par conséquent, avoir quelque science de l'Un.

«Si l'Un n'est pas, rien n'est.» (Parménide 166 c) En effet, on ne pourra même pas dire des choses qu'elles sont multiples parce que toute multiplicité suppose l'unité.

Le réel est donc bien, à la fois, Un et multiple. [L'idée d'unité exclut celle de pluralité.

Or, je constate, dans le monde, une débauche de diversités que l'on ne peut pas recenser.

Je ne peux donc pas dire du réel qu'il est Un: il n'est que multiple.] Un exclut fout multiple S'il y a l'Un, cet Un exclut tout morcellement, tout changement, toute idée de temps qui serait contraire à son unité.

Cet Un reste donc inconnaissable.

Nous sommes alors condamnés à ne dire que: l'Un est, et rien d'autre.

Or, nous constatons bien l'existence empirique de la multiplicité sur laquelle nous voulons pouvoir dire quelque chose.

On pourra développer cette thèse avec Protagoras: « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses.

» Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nous Protagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).

L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon les moments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectives d'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de vérités objectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes.. »

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