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Le progrès technique est-il une fuite en avant ?

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« Ce qu'il faut entendre par fuite en avant , c'est que le progrès technique est devenu un but en soi, qu'il est recherché pour lui-même sans que soit interroger l'intérêt de ce progrès technique pour le bonheur et le bien-être humain, sans que soit interroger le but même de ce progrès , sa place dans la société.

La recherche du progrès pour lui-même cacherait un vide politique, idéologique, religieux, moral et social catastrophique pour l'humanité dans son ensemble ou bien est-il une nécessité de l'histoire humaine, quelque chose qu'on ne peut contre- carré au risque de régresser. 1) Le progrès de la technique. La prédominance de la technique dans les sociétés modernes est si essentielle que faire l'histoire de l'industrialisation, c'est faire celle des progrès de la technique des deux derniers siècles.

Après les innovations techniques attachées à la première révolution industrielle née en Angleterre, de nouvelles « ruptures technologiques », appelées aussi deuxième et troisième révolutions industrielles, peuvent être repérées.

La fin du XIX e siècle se caractérise ainsi par le développement de l'électricité et du moteur à explosion.

Les années 1950 voient les débuts de l'énergie nucléaire et l'entrée dans l'ère de l'électronique.

Aussi, le véritable progrès technique se caractérise par l'exploitation de nouvelles énergies, de nouveaux matériaux qui ouvre la porte à de nouvelles technologies.

Aussi, dans le système capitaliste, le progrès technique est devenu une obligation, c'est le système capitaliste lui-même qui est devenu la principale raison des innovations techniques, qui sont parfois inutiles pour l'homme.

Le capitalisme, qui suppose historiquement un état donné du développement des forces productives, détermine la transformation incessante, le développement nécessaire des forces productives comme moyen de produire une survaleur, comment il détermine une révolution industrielle ininterrompue (alors que l'idéologie bourgeoise représente volontiers la révolution industrielle comme une évolution naturelle dont le contenu ne dépend en rien des rapports de production capitalistes).

Elle montre que le développement des forces productives est la réalisation matérielle des rapports de production capitalistes.

Elle montre que, dans ce développement, c'est toujours la transformation des moyens de production qui précède et impose les transformations dans la qualité de la force de travail.

Le système capitaliste dans lequel on se trouve oblige en permanence à créer des progrès techniques pour se maintenir en place.

Le progrès technique n'a rien de naturel, en rien inhérent à la technique, mais bien plutôt consubstantiel au système économique. 2) Le progrès technique comme but en soi ? Il existe une aliénation moderne encore plus insidieuse que l'aliénation plus ancienne dans le produit du travail.

Cette aliénation touche aux nouveaux instruments modernes de communication que l'on juge rapidement comme des moyens de nous faciliter la vie.

Aussi, l'homme est asservi à ses outils de communication : Internet, téléphonie mobile.

Il doit reformater son discours pour l'adapter à l'objet de communication, et il ne peut plus procéder autrement.

Aussi, il s'intéresse pour elles-mêmes aux innovations techniques, et cherche à avoir toujours le dernier modèle des appareils technologiques.

Mais par la technique de communication, l'homme est provoqué à découvrir et créer plus radicalement son existence sociale.

De plus, la valeur de l'espace et du temps ont changé quand la commande à distance annule l'éloignement et quand l'origine et l'ultime sont l'un dans l'autre.

Cela ne va pas évidemment sans que l'homme soit modifié.

La technique informationnelle qui implique communications, échanges et langage, manifeste encore plus clairement que tout autre technique combien ce phénomène est lié à l'existence sociale et à la pensée.

Mais la pensée n'est « humaine » que si elle est créatrice et non pas asservie ou répétitive, que si elle est poétique 3) La fin du progrès technique. 1) Le progrès technique à l'heure post- moderne. Il faut comprendre que le progrès est un phénomène d'ensemble susceptible de bouger des masses et de changer profondément les habitudes humaines.

L'apparition de nouveaux matériaux, l'énergie électrique, les nouveaux moyens de transports, les progrès de l'industrie, des sciences, de la médecine au siècle dernier et dès le 19 e, ont modifié profondément la vie humaine.

Si bien qu'on peut considérer que le Moyen Age s'est terminée dans les tranchées de la Grande Guerre.

L'époque post- moderne est précisément l'époque où ces changements ont eu lieu, que les changements qui vont suivre seront de changements de surface par rapport à ceux qu'a connu le siècle dernier.

Aussi, il ne faut pas confondre les changements d'habitude de consommation avec un quelconque progrès, la sortie d'un nouvel objet n'est pas un progrès tout comme la sortie d'un nouvel album d'artiste.

L'effervescence de surface de nos sociétés n'est qu'une apparence générée par une dialectique mercatique savamment distillée pour donner le sentiment d'une véritable libération alors que seules les habitudes de consommation ont changé.

Aussi, la forme de progrès que l'on peut encore expérimenter est un progrès moral, une véritable libération intellectuelle car nous n'avons rien à attendre de l'industrie de consommation. 2) Arrêter la fuite en avant. Il est bien entendu que nos civilisations peuvent encore connaître des progrès, on peut encore découvrir de nouveaux remèdes à certaines maladies, créer des véhicules moins polluants, trouver d'autres manières de produire de l'énergie, de se déplacer.

Mais l'impression générale est que les progrès que nous avons encore à accomplir ne seront là que pour rectifier, corriger les erreurs du passé, pour empêcher les catastrophes sanitaires et écologiques qui adviendront si justement, on ne change pas nos habitudes et nos techniques.

Il y aura un progrès dans la mesure où on se décidera à repenser entièrement nos modes de vie.

Aussi, à cette origine il y aura une véritable révolution intellectuelle à construire avant toute révolution technique.

C'est certainement par la remise en cause de la sur- consommation, de l'irresponsabilité morale qui existe dans les mentalités pour que d'autres progrès soient possibles.

Le véritable progrès aura pour source ce changement moral ou il n'aura pas lieu. Conclusion. Le progrès technique est une fuite en avant dans la mesure où il est pris comme but en soi et non plus comme l'occasion d'un progrès politique et moral, Aussi, il peut cacher l'absence de projet d'une société enfermée dans la consommation, du « toujours plus, du toujours mieux » , et qui ne refuserait à une analyse des véritables aspirations de la société.

Mais ce n'est pas une raison pour repousser tout progrès technique, ou devenir réactionnaire vis-à-vis de toute nouveauté technique.

On doit considérer à sa juste place le progrès technique au sein de nos sociétés.. »

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