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Le problème du mal

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« Pour tout homme, la présence du mal dans le monde et en lui-même représente une douloureuse énigme.

Pour l'homme qui réfléchit sur cette présence, elle constitue un véritable scandale.

Et parce qu'aucun homme n'a jamais pu échapper à une telle rencontre avec le mal, c'est la tâche du philosophe que de se pencher sur cet élément inéluctable de l'existence humaine, d'en préciser la portée, d'en sonder la signification et de délimiter l'attitude que nous devons prendre à son égard. I.

— L'EXPÉRIENCE DU MAL. Le mal se présente à nous sous les formes les plus variées.

C'est donc à un inventaire que nous devons nous attacher tout d'abord.

D'une façon générale et pour le sens commun, le mal se présente comme le contraire du bien] Si le bien est ce qui nous satisfait et nous promeut, le mal est ce qui nous diminue et nous laisse dans l'insatisfaction.

Notre expérience nous découvre un double aspect de notre situation par rapport au mal : nous pouvons le subir comme quelque chose d'imposé, qui nous vient de l'extérieur; nous pouvons y participer, y consentir par le plus profond de nous-même. A.

Le mal éprouvé.

— C'est l'épreuve de la douleur physique qui constitue notre première rencontre avec le mal; car toute souffrance dans notre chair revêt ce caractère d'hostilité qu'il faut subir et qui heurte notre désir légitime d'épanouissement.

Mais le mal physique ne constitue qu'un premier obstacle où vient buter notre sensibilité.

Avec l'âge de raison, nous prenons conscience du fonctionnement de notre intelligence et de sa fragilité; un double mal intellectuel se présente alors à nous : l'ignorance de tout ce qui demeure hors de la portée de cette intelligence; l'erreur dans laquelle, souvent sans le vouloir, elle est exposée à tomber. Enfin, à mi-chemin du mal physique et du mal intellectuel parce qu'il heurte à la fois notre sensibilité et notre intelligence, le laid constitue pour certaines natures plus affinées une sorte de mal non moins redoutable : le mal esthétique.

Ces formes diverses que nous venons d'énumérer trouvent à l'intérieur de nous des résonances profondes, mais si nous en sommes vivement affectés, nous ne nous en sentons point responsables. B.

Le mal consenti.

— Il en va autrement de la faute ou du péché.

C'est à l'âge de raison également que nous prenons conscience d'un impératif moral qui nous fait distinguer entre « ce qui est mal » et « ce qui est bien ».

Nous ne sommes plus seulement victimes, mais acteurs.

Notre fidélité à cet impératif ou notre trahison à son égard nous apparaît comme le critère de notre valeur morale; notre conscience, en effet, se découvre dans la causalité du mal et affirme sa responsabilité, car ce mal est l'effet de l'exercice de notre liberté.

Sans doute, il n'est pas toujours facile de juger notre degré de consentement; nous pouvons avoir l'impression d'être le jouet de forces mauvaises entraînant irrésistiblement notre volonté : « Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas.

» Mais il ne saurait y avoir de mal moral sans une complicité personnelle à ces forces mauvaises.

Ce décalage entre notre volonté de bien et notre activité parfois mauvaise constitue l'un des aspects tragiques de notre condition humaine et l'on doit, pour tenter de l'expliquer, dépasser le plan de la psychologie et de la simple morale.

Le mal semble s'enraciner en nous : sommes-nous la proie d'un « mal radical » ou simplement victimes des apparences ? II.

— ORIGINE, SIGNIFICATION ET VALEUR DU MAL. A cette question, les réponses ont varié au cours de l'histoire ne la pensée.

Mais on peut les répartir en trois groupes qui expriment chacun une tendance bien déterminée. A.

Pour les uns, le mal n'est qu'une illusion.

Ce que nous appelons de ce nom n'est qu'un élément de l'ordre universel qui règne dans, la nature : nous nous abusons sur son caractère parce que notre intelligence humaine n'est pas apte à saisir l'ensemble.

Ainsi, pour les Stoïciens, le Cosmos est une oeuvre d'art où seule notre faiblesse imagine des imperfections.

Ainsi, pour SPINOZA, seuls nos préjugés anthropocentriques nous font considérer comme mal ce qui ne concours pas à nos fins personnelles, alors que l'abandon de ces fins personnelles et de ces préjugés nous. »

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