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Le philosophe, le savant, l'artiste ?

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« Termes du sujet: SAVOIR / SAVANT: * Savoir: a) Comme nom, ensemble de connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience.

b) Comme verbe, avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter. * Savoir-faire: ensemble de procédés de gestes habituels permettant la réalisation régulière de certains buts. * Savant: a) Celui qui possède un maximum de connaissances.

b) Celui qui exerce une activité scientifique (un physicien, un biologiste). PHILOSOPHIE La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.

Seul le fanatique ou l'ignorance se veut propriétaire d'une certitude.

Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.

Aujourd'hui, où la science constitue tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.

A partir du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.

A partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les conditions de ce pouvoir. Poètes et savants, a dit Bertrand Russell, sont les uns et les autres des amants de la nature; mais tandis que les premiers chantent la beauté de l'objet aimé, les seconds en veulent pénétrer le secret.

De fait, il est certain que l'homme se situe dans la nature, que celle-ci offre à son enthousiasme et à son investigation un objet indéfiniment varié et pratiquement inépuisable.

Il suffit de la mettre en cause pour appeler les diverses orientations de l'activité humaine, en particulier les démarches de la connaissance et les formes de la création.

C'est elle, notait Pascal, qui fournit, toujours au-delà de l'imagination, qu'elle ne cesse d'ailleurs de susciter.

Si la nature, en effet, est le lieu et le point d'application de nos tentatives, l'occasion toujours de nos étonnements, les rencontres qu'elle nous ménage révèlent, par les réactions qu'elles provoquent, des types d'humanité apparemment caractérisés de façon bien différente. On peut, en face de la nature, contempler, transfigurer, démonter pour refaire : ainsi semblent, tout d'abord, se définir les attitudes respectives du philosophe, de l'artiste et du savant.

Pourtant, si l'on s'efforce d'approcher non seulement l'origine, mais encore les buts et les moyens qui fondent et développent ces attitudes, les choses ne sont pas aussi simples.

Le philosophe, l'artiste et le savant ne sont pas seulement, comme on dit, des tempéraments, retenus, l'un par la méditation à fleur d'objet, le second par l'activité imageante, le troisième enfin appliqué à quelque manipulation avisée.

Malgré ce qu'il peut y avoir de vrai dans ces indications, on ne saurait admettre aussi vite qu'une certaine inclination suffise à déterminer un type humain et, surtout, rende compte de l'énorme quantité d'ouvrages que les hommes conservent, dans lesquels ils se reconnaissent parce qu'ils y forment leur propre image et qui sont dûs justement à la fois aux philosophes, aux artistes et aux savants.

Or ces ouvrages, à eux tous, portent la même marque, contribuent au même savoir, à la conscience du même pouvoir, à l'élaboration d'une même conception de cette humanité où l'on trouve encore — personne n'en doute — d'autres types d'activité, finissant toutes par concourir à une même affirmation de l'espèce. L'histoire nous apprend que la philosophie a donné naissance aux diverses sciences, pour autant qu'elle se proposait de se réaliser comme science de l'univers.

Les physiologues de l'ancienne Grèce sont les ancêtres des savants actuels.

Mais la philosophie n'est pas seule à revendiquer cette parenté.

Elle-même fut longtemps mêlée à la religion, contribuant à scruter la poésie des mythes primitifs.

Et l'artiste, qui ne se connaissait peut-être pas encore comme tel, produisait alors au-dehors les témoignages de « cet autre monde qui est l'homme » (pour parler comme Rabelais) en inventant les formes diverses d'un langage efficace, que le philosophe devait, comme le savant, prendre un jour pour objet d'étude.

Pourtant c'est encore simultanément que philosophes, artistes et savants existent, c'est-à-dire coexistent, définissant leur domaine par l'originalité de leurs démarches, offrant à notre perspicacité des types d'humanité que l'on peut essayer de décrire et de comparer. A) Un philosophe, au sens populaire du terme, c'est celui qui n'accorde pas de valeur excessive aux occupations et aux passions qui agitent ou mènent les hommes.

On sera surpris parfois de le voir imperturbable, sinon indifférent, aux événements et aux objets qui provoquent l'animation des autres, qui les attachent, semble-t-il, de façon définitive, tandis que tous ces accidents seraient à peu près sans pouvoir réel sinon sur le comportement du moins sur l'équilibre de celui que son nom désigne comme l'ami de la sagesse.

Cette vue, encore qu'extérieure et sommaire, peut prendre une incontestable signification, bien qu'elle ne nous révèle pas la source de l'attitude en cause.

Elle correspond en tout cas, à la limite, à l'idéal contemplatif de ces gymnosophistes dont la rencontre avait si fortement frappé Pyrrhon, lorsqu'il accompagnait Alexandre dans son expédition asiatique.

Il en avait tiré son scepticisme, affirmant que tout n'est qu'opinion et que nos malheurs viennent de notre incapacité à nous détacher de ces connaissances illusoires.

D'où cette prudente recherche de la vérité qui semble, en effet, déprendre le philosophe d'une hiérarchie hâtivement admise par la majorité des hommes, exclusivement liés aux usages d'un temps et d'un lieu, aux objets que les impulsions communes présentent comme désirables.

Il reste certes toujours de ce détachement chez le véritable philosophe, quels que soient la direction de sa quête et le sens de son orientation.

En effet, même dans la constitution ou l'exposé d'un système, la philosophie se distingue du dogmatisme politique ou religieux par un effort critique qui fait du doute, érigé en méthode, le produit essentiel et l'élément capital de l'activité philosophique.

Aussi le philosophe est-il inquiet : ni le repos ni la certitude ne lui donnent une assise, encore qu'il trouve dans l'inquiétude même une sorte d'équilibre, sans que l'oreiller du doute soit aussi mol pour lui que l'affirmait Montaigne.

Le philosophe, comme un grand enfant aux yeux des autres, continue à poser les « pourquoi » qui sont justement le propre des enfants, et refuse de passer outre.

Il voit partout matière à questionner et n'espère, le plus souvent, que de mettre en forme ses questions par un progrès simultané de la conscience et du. »

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