Aide en Philo

Le mythe du Bon Sauvage (analyse et critique)

Extrait du document

En fait, l'image du « bon sauvage » est liée au concept de primitif. Pour les Grecs anciens, la nature est haïssable ; pour les Romains, déjà - cf. Tacite -, le passé est placé sous le signe de la valeur : la Rome primitive est préférable à la ville décadente. Ainsi s'amorce la constitution du mythe du « bon sauvage » en relation avec le temps, le paradis perdu. A la fin du XVIe siècle, les Européens ont cru voir se matérialiser cet âge d'or en Amérique : la découverte de terres nouvelles semblait donner confirmation de l'idéal antique d'une terre où l'humanité aurait vécu plus heureuse selon les règles de la justice. Lévi-Strauss évoque le mythe du bon sauvage et montre qu'il participe d'une vision culturelle de l'autre. Il recherche précisément les facteurs qui ont cristallisé et développé l'imaginaire de l'autre. Qui est, d'ailleurs, lié au sien propre puisque Lévi-Strauss ambitionne de rejoindre ses grands modèles culturels.

« Le mythe du Bon Sauvage (analyse et critique) Avec le mythe du bon sauvage, l'Européen s'invente un double imaginaire qui trahit, semble-t-il, son propre malaise face à une civilisation difficile à assumer.

L'intitulé nous engage à nous demander quel rapport entretient l'autre avec l'imaginaire du même. I.

L'autre imaginaire 1.

L'autre, un « barbare» Dans l'Antiquité, les Grecs, très fiers de leur culture, qualifiaient de « barbares » ceux qui n'étaient pas Grecs, autrement dit ceux qui ne se différenciaient pas de la nature en se référant aux mêmes valeurs culturelles qu'eux — cf.

Ulysse dans l'Odyssée, placé en position d'étranger.

Les Romains s'attachèrent, eux, à célébrer les qualités morales des peuples qualifiés de « barbares » par les Hellènes — ce terme n'était pas péjoratif en soi : il désignait celui qui n'était pas grec.

Ainsi s'opposent deux conceptions du monde l'une, élitiste, celle des Grecs, et l'autre, colonialiste et impérialiste, celle des Romains. 2.

L'autre, ce « bon sauvage» En fait, l'image du « bon sauvage » est liée au concept de primitif.

Pour les Grecs anciens, la nature est haïssable ; pour les Romains, déjà — cf.

Tacite —, le passé est placé sous le signe de la valeur : la Rome primitive est préférable à la ville décadente.

Ainsi s'amorce la constitution du mythe du « bon sauvage » en relation avec le temps, le paradis perdu. A la fin du XVIe siècle, les Européens ont cru voir se matérialiser cet âge d'or en Amérique : la découverte de terres nouvelles semblait donner confirmation de l'idéal antique d'une terre où l'humanité aurait vécu plus heureuse selon les règles de la justice.

Lévi-Strauss évoque le mythe du bon sauvage et montre qu'il participe d'une vision culturelle de l'autre.

Il recherche précisément les facteurs qui ont cristallisé et développé l'imaginaire de l'autre.

Qui est, d'ailleurs, lié au sien propre puisque Lévi-Strauss ambitionne de rejoindre ses grands modèles culturels.

« Pénétrer, le premier peut-être, dans un village tupi encore intact, c'était rejoindre, par-delà quatre cents ans, Léty, Staden, Soares de Souza, Thevet, Montaigne même, qui médita dans les Essais, au chapitre des Cannibales, sur une conversation avec des Indiens Tupi rencontrés à Rouen.

Quelle tentation ! » Ainsi, le bon sauvage apparaît-il comme un mythe qui permet à l'Occident de projeter ses propres fantasmes et ses propres angoisses — fantasmes d'un monde meilleur quand l'ici-bas paraît insatisfaisant, angoisses du devenir... 3.

La liquidation du mythe Rousseau met fin à l'imagerie du bon sauvage en la donnant comme un modèle théorique et en soulignant, dans son Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, le fait que l'état de nature n'existe plus ; le mode de vie néolithique en serait une représentation approchante.

Mais nul ne saurait remonter le cours de l'histoire.

Il faut que l'homme sache réaliser sa vraie nature en réformant la société — car la dénaturation de l'homme par l'homme n'est pas irréversible.

On ne peut plus, après Rousseau, parler de bon sauvage.

En effet, il utilise le mythe comme un modèle théorique de la société humaine afin de distinguer le culturel et le naturel... Transition Lévi-Strauss reconnaît sa dette vis-à-vis de Rousseau, qui ne distingue pas de manière radicale ses propres contemporains des Tahitiens, qui, eux aussi, possèdent une organisation sociale.

Pour l'ethnologue, la rencontre de l'autre permet de mettre en relief ce qui appartient en propre à la nature de l'homme et ce qui est proprement culturel.

L'anthropologie souligne la permanence de comportements hérités de l'homme naturel par l'homme de la société.

L'Européen est un produit de la nature mais il ne sait pas toujours comment concilier sa propre dualité. L'ethnologue relativise donc les points de vue et engage une réflexion sur la nécessité de concilier harmonieusement les deux caractéristiques, naturelle et sociale, d'un homme qui ne saurait retourner à l'état de nature sans renier sa nature propre. II.

Du mythique au scientifique Dès que le mythe disparaît, c'est la science qui tend à établir ses lois.

Dès le XIXe siècle, l'ethnologie commence à se constituer.

Cependant, en tant qu'homme, l'ethnologue peut aussi céder au mirage nostalgique d'une humanité utopique. 1.

L'objectivité de l'ethnologue ? (réduction de l'autre au même en relation à l'imaginaire collectif et donc à la culture européenne) Ce qui apparaît, c'est la propension de l'homme à imaginer l'autre, à le considérer en fonction de sa propre culture. L'ethnologue n'échappe pas à cette loi commune car, somme toute, son analyse conceptuelle dégage des. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles