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Le libéralisme économique a-t-il une morale ?

Extrait du document

« [La liberté de chacun de servir ses propres intérêts conduit à la satisfaction des besoins de tous.

En servant les intérêts particuliers, le libéralisme contribue à respecter et à honorer les besoins de chacun.

Puisqu'il fonctionne dans l'intérêt de tous, il est conforme à la moralité.] Le libéralisme est un fait de nature P our A dam Smith (1723-1790), premier grand théoricien de l'économie moderne, la réalisation des intérêts privés de chaque acteur d e l a v i e économique reflète un fait de nature, c'est-à-dire une réalité qui ne dépend pas de la libre décision des hommes.

En ce sens, le libéralisme n'est pas plus moral ou immoral que l'instinct qui pousse l'animal à tuer pour vivre. Le libéralisme suppose la concurrence Dès lors qu'il y a concurrence, l'acteur économique, s'il veut être compétitifs doit vendre au client le meilleur produit possible.

Il doit satisfaire ses besoins, ses désirs.

C 'est à cette seule condition qu'il peut résister à la concurrence que lui livrent d'autres acteurs économiques visant le même but. La concurrence aboutit à la moralisation des échanges A dam Smith, dans La Richesse des nations, prend l'exemple du boucher.

A lors qu'aucune loi morale ne l'oblige à vendre de la bonne viande, il se voit contraint de le faire, parce qu'il ne peut pas mentir sur la qualité du produit qu'il propose s'il veut attirer des clients.

Son négoce se fonde donc sur la nécessité de répondre aux souhaits de celui qui le fait vivre: c'est-à-dire l'acheteur.

C 'est en quoi l'économie aboutit nécessairement à la moralité, c'est-à-dire au respect des besoins et des désirs d'autrui. [Le libéralisme économique outrepasse les règles morales les plus élémentaires.

C'est la recherche continuelle du profit qui est le fondement même du libéralisme.

Au nom de ce profit, les acteurs économiques justifient des actions qui vont à l'encontre de toute moralité et du respect que l'on doit à autrui.] Le libéralisme est le pouvoir de tout faire En philosophie, la liberté ne se définit pas comme le pouvoir de tout faire, mais comme la possibilité d'agir en suivant ce que nous dicte notre raison.

Il n'y a pas de liberté sans règles morales.

Le libéralisme, quant à lui, n'obéit qu'à lui-même.

Il repose sur un principe élémentaire: le «laisser-faire». L'Etat, par exemple, ne doit pas intervenir dans la sphère privée de l'économie.

C hacun est libre d'agir de telle sorte que son action lui apporte le plus de profit possible.

Et de tout faire pour parvenir à ses fins. Il ne suffit pas d'obéir à des lois pour être moral Il existe sans doute des lois qui régissent les marchés boursiers, les entreprises, le monde du travail.

M ais ce n'est pas en respectant ces lois que la moralité est sauve.

En effet, la libre quête du profit, même si elle s'inscrit dans le cadre de la légalité, échappe aux principes fondamentaux de la morale: la reconnaissance réciproque des droits, des libertés de chacun, le respect de la personne. A insi le libéralisme économique devrait respecter l'impératif catégorique morale de Kant qui veut que: «A gis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité en toi et chez les autres comme une fin et jamais comme un moyen» (à partir de cette maxime on condamnera aisément l'esclavage et plus généralement toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme). Le libéralisme est la négation des libertés Le libéralisme économique suppose malgré tout un grand nombre de contraintes: contrainte liée à la concurrence, contrainte imposée par les monopoles dominant les marchés, contrainte imposée par les marchés eux-mêmes.

A u nom de celles-ci, les producteurs peuvent exploiter les salariés, les licencier quand bon leur semble.

Le libéralisme trahit donc le droit qu'a tout individu de travailler. M arx montre que la société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes.

Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celle d'autrefois. M arx examine, dans Le capital notamment, le fonctionnement du capitalisme.

Il montre que : · la production capitaliste consiste essentiellement en la production de marchandises destinée à être vendue sur le marché (tout devient marchandise: les biens, le temps, les loisirs, le corps humain...); · la production est effectuée dans des conditions de propriété privée des moyens de production Þ le pouvoir de disposer des forces productives (instruments de travail : machines, outils, etc., les travailleurs) n'appartiennent pas à la collectivité mais à des firmes séparées (sociétés anonymes, groupes financiers, familles, etc.); · la production est régie par les impératifs de la concurrence; · le but de la production est de réaliser le maximum de profit; · l'ouvrier vend sa force de travail au capitaliste pour le prix d'un salaire.

M ais le capitaliste n'achète pas tout le travail effectué par l'ouvrier, il lui paye uniquement ce qu'il lui faut pour vivre (nourriture, logement, habillement, etc.); · l'ouvrier peut produire plus de richesses qu'il n'en nécessite pour vivre.

Dans sa journée (ex: 8 heures), l'ouvrier travaille d'abord pour son entretien (temps de travail nécessaire : 4 heures, par exemple), puis il continue à travailler gratuitement pour le capitaliste : ce travail supplémentaire (sur-travail : 4 heures qui restent sur s a journée de travail) est appelé plus-value; · la source unique du profit est la plus-value, c'est-à-dire le surtravail de l'ouvrier.

Le travailleur ne reçoit pas les fruits de la richesse qu'il produit, le profit est confisqué entre les mains du capitaliste, propriétaire des moyens de production; · le développement du machinisme, sous l'impératif de la recherche du maximum de profit, implique une subordination de plus en plus brutale du travailleur à la machine, aux lois du marché : aliénation Þ le travail humain est réduit à une marchandise; l'homme est réduit au rang de simple chose; le travail de l'ouvrier est un travail forcé; l'objet qu'il produit semble lui échapper Þ au lieu que le travail soit approprié à l'homme, afin de satisfaire ses besoins, c'est l'homme qui est approprié à la machine, selon les fins, purement économiques, du profit.. »

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